L'heure est grave. Pour le cardinal Barbarin l'Eglise doit parler
En France, les évêques ont invité les catholiques à réciter le 15 août, dans toutes
les paroisses, une prière commune pour la France, écrite par le cardinal André Vingt-Trois
: en particulier pour les personnes touchées par la crise, pour ceux qui gouvernent,
pour les familles, les enfants et les jeunes. Cette démarche a suscité de vives réactions
dans le contexte actuel. Le gouvernement français veut accorder aux homosexuels le
droit de se marier et d’adopter. Par ailleurs, en ce qui concerne la fin de vie, François
Hollande, sans jamais prononcer le nom d’euthanasie, a promis de dépasser la loi Leonetti.
Dans
une interview au Figaro, le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, réagit
aux polémiques. Le Primat des Gaules reconnait que la prière a une dimension politique
dans la mesure où elle ne fait jamais abstraction des questions de la vie sociale,
encore moins des souffrances des hommes. Mais il se demande si la laïcité voudrait
interdire la prière, si les catholiques devront soumettre leurs rites et leurs formulaires
au commandement de la pensée unique. Pour le cardinal Barbarin l’heure est grave.
C’est une rupture de civilisation de vouloir dénaturer le mariage – affirme-t-il.
L’Eglise doit parler quels que soient les courants qui traversent l’opinion publique.
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Le Primat des Gaules a des expressions fortes : il se demande
si nous sommes en tyrannie. Il note que l’Eglise a l’habitude d’être le paillasson
sur lequel on s’essuie les pieds, que ces réactions font penser que certains semblent
avoir peur de la prière.
Dans une des ses questions, le journaliste Jean-Marie
Guénois relève que le texte de la prière exprime l’opposition connue de l’Église au
mariage homosexuel et à l'adoption d'enfants par ces couples. "Est-ce là une étape,
«soft», oserait-on dire, d'une opposition morale qui pourrait se durcir, sous d'autres
formes, à la rentrée? " - demande-t-il.
Réponse du cardinal Barbarin : "Avez-vous
lu cette prière? Aucune des expressions que vous utilisez ne s'y trouve. On peut prier
pour l'engagement des époux, pour les enfants et les jeunes, afin qu'ils «bénéficient
pleinement de l'amour d'un père et d'une mère» sans être taxé d'homophobie, j'espère
! Ce sont les intentions qui montent spontanément au cœur des croyants. Il ne faudrait
pas se mettre à terroriser le bon sens… Et l’archevêque de Lyon ajoute plus loin
: la tentation pour les gouvernants dans une crise économique et sociale d’une telle
ampleur c’est de trouver des dérivatifs sur des sujets dits «sociétaux ». Faute de
pouvoir résorber le chômage, on changerait le mariage, la famille. J’espère – conclut
que cardinal Barbarin - que le pouvoir politique voit bien, comme chacun de nous,
ce qui dépend de lui et ce qui le dépasse.