Catholiques polonais et orthodoxes russes tentent la réconciliation
Un évènement marquant aura lieu cette semaine : la visite en Pologne d’une délégation
du Patriarcat orthodoxe de Moscou qui signera vendredi avec l’Episcopat polonais un
appel à la réconciliation destiné aux peuples russe et polonais et en particulier
aux fidèles catholiques et orthodoxes. Un acte commun de fraternité et d’obéissance
à la volonté du Christ, une nouvelle étape importante pour le rapprochement entre
les deux Eglises. Le texte sera souscrit par le Patriarche Kyrill 1er
et par le président de la Conférence épiscopale de Pologne, Mgr Józef Michalik. La
cérémonie se déroulera au palais royal de Varsovie. Mgr Michalik tient à préciser
que cet évènement ne doit pas être interprété sous un angle politique, mais comme
un pas sur le chemin du pardon. L’archevêque de Lublin, Mgr Budzik, qui travaille
depuis deux ans à l’élaboration du texte, souligne, pour sa part, que cette démarche
se situe dans le contexte du cinquantenaire de l’ouverture du Concile Vatican II qui
a donné une impulsion décisive au dialogue œcuménique. Il souhaite que cela permette
aux deux peuples de relire leur difficile histoire commune dans la plénitude de la
vérité. Côté orthodoxe, le métropolite Hilarion Alfeyev rappelle que les divergences
qui ont entravé la réconciliation entre polonais et russes ne sont pas seulement d’ordre
théologique. Il y a des blessures profondes héritées d’un passé marqué par l’inimitié
entre les deux voisins. Pour permettre une collaboration ecclésiale et missionnaire
entre les deux Eglises, il faut, selon lui, surmonter les barrières érigées au cours
d’une histoire jalonnée de chapitres dramatiques, et trouver un langage commun. En
signe de réconciliation, le Patriarche Kyrill s’était rendu le mois dernier à Katyń,
où près de 22.000 officiers et prisonniers polonais furent massacrés en 1943 par l’Armée
rouge. « Rien ne rapproche davantage que la souffrance si elle est partagée » – avait-il
commenté. Ce n’est pas encore un tournant, mais c’est sans nul doute un bon début.