L’absence des maris, principal traumatisme des réfugiées syriennes
Les combats quotidiens en Syrie poussent les civils à quitter leur maison et leur
pays. Ils seraient ainsi entre 40 000 et 50 000 à avoir traversé la frontière qui
les sépare du Liban. Or, le gouvernement libanais, pris entre les partisans du régime
de Bachar al Assad comme le Hezbollah, et ses opposants, ne vient que très peu en
aide à ces familles qui se retrouvent le plus souvent sans rien. Aucun camp de réfugiés
n’existe et les Syriens doivent trouver un toit : certains ont la chance de connaître
un parent qui habite au Liban, d’autres sont contraints de louer une maison ou un
appartement. Avant cette phase, pour soulager celles et ceux qui viennent de traverser
la frontière, la Caritas intervient. Le Centre des migrants de Caritas Liban, très
actif, reçoit le soutien de Caritas Suisse. Leur action est nécessaire pour des Syriens
qui ont tout perdu. Xavier Sartre
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L’ancien
supérieur du monastère Mar Moussa, en Syrie, le jésuite italien Paolo Dall’Oglio,
contraint de quitter le pays en juin dernier, s’est dit favorable à une intervention
de l’ONU. Selon lui, la guerre civile risque de se poursuivre après la chute du régime
de Bachar Al-Assad. Il est urgent de garantir la protection des populations civiles
contre d’éventuels massacres et de favoriser l’ouverture de négociations politiques,
sans le régime. Sans citer explicitement les Etats-Unis, le père Dall’Oglio a
sévèrement critiqué ceux qui utilisent la Syrie à des fins géostratégiques complexes,
pour se venger de l’Iran ou pour donner une leçon à la Russie. Il aurait fallu au
contraire créer une Syrie neutre et démocratique, un peu comme pour l’Autriche après
la Seconde Guerre mondiale. L’Onu devrait intervenir en Syrie pour protéger la population
et sauver l’unité du pays.
De son côté le nonce apostolique à Damas a reconnu
que la situation était délicate, mais il n’y pas encore d’hostilité antichrétienne.
Interrogé par l’agence de presse italienne Adnkronos, après la mort de douze personnes
à Homs, chrétiens et alaouites tuées par des rebelles, Mgr Mario Zenari reconnaît
qu’il faut être vigilant. Mais à l’heure actuelle, la souffrance des chrétiens est
la même que celle des autres syriens. Il n’y a pas eu d’assassinats de chrétiens pour
des motifs religieux, pas d’attaques non plus contre les églises. Le nonce invite
les chrétiens à construire des ponts, des ponts de paix : c’est leur mission. Mgr
Zenari indique que les églises sont ouvertes, qu’on y célèbre la messe, que les activités
pastorales n’ont pas été réduites. Cependant, les gens ont peur de sortir de chez
eux. Interrogé à propos de l’attaque contre le monastère de Mar Moussa, il a précisé
que les auteurs étaient un groupe de bandits venus piller. Malheureusement, les armes
circulent et il n’y a pas que les rebelles qui s’en servent. Certaines tombent entre
les mains de simples criminels et sont parfois utilisées par ailleurs pour des vengeances
personnelles.