L'Eglise doit se renouveler et adopter un nouveau langage pour annoncer l'Evangile
L’Instrumentum Laboris, le document de travail du prochain Synode des évêques a été
présenté à la presse, ce mardi 19 juin. Consacrée à “la nouvelle évangélisation pour
la transmission de la foi” la XIII° assemblée générale ordinaire du Synode se déroulera
du 7 au 28 octobre au Vatican. Le document est le résultat des réponses aux Lineamenta,
un questionnaire détaillé envoyé à toutes les Eglises locales, aux Dicastères de la
Curie, à l’Union des Supérieurs généraux, et à d’autres institutions et communautés.
Il se compose d’une introduction, de quatre chapitres et d’une conclusion. Eclairage
Romilda Ferrauto
50 ans après
l’ouverture du Concile Vatican II, on constate chez les chrétiens une crise de confiance
à l’égard des valeurs qui leur ont été transmises ; ils ne sont pas prêts à adhérer
totalement et sans conditions à la vérité de la Révélation. La foi, vécue de manière
individuelle et intime s’affaiblit. Il est impératif de réagir à cette situation.
L’Eglise doit donc trouver de nouveaux outils, un nouveau langage, mais aussi se renouveler
de l’intérieur pour faire passer son message dans les nouveaux déserts du monde. Le
document invite à se débarrasser d'un certain nombre de fausses certitudes aujourd'hui
répandues parmi les chrétiens : comme, par exemple, de considérer que l'évangélisation
est une atteinte à la liberté des hommes ; ou qu'il est suffisant d'agir en faveur
de la justice, de la liberté, de la paix, de la solidarité, sans rien faire pour favoriser
les conversions au Christ. Autre mise en garde : pour évangéliser, l'Eglise doit être
crédible ; elle doit se présenter comme une vraie communauté fraternelle et pas comme
une entreprise ; elle n'a pas à mettre en place des stratégies de communication efficaces,
mais plutôt se renouveler en se mesurant avec les péchés de certains de ses membres.
Le deuxième chapitre analyse en détail les mutations sociales de ces dernières
années avec leurs ombres et leurs lumières : la sécularisation, la perte du sens du
sacré, la remise en questions des valeurs....et propose une série de pistes d'actions
: charité et témoignage de vie ; dialogue œcuménique et interreligieux ; redynamisation
des paroisses avec le concours des laïcs baptisés, des communautés et des mouvements
; pastorale des vocations et formation adéquate des séminaristes et des novices. Le
document souligne l’importance des catéchistes et évoque la possibilité de créer pour
eux un ministère stable au sein de l’Eglise. Il propose des priorités pour raviver
l'action pastorale : les missions populaires, la préparation au mariage, l'éducation
des jeunes.....L’intégration des différents charismes est encouragée. Le texte
appelle les chrétiens à faire leur auto-critique et à dénoncer leur apostasie silencieuse
; il pointe sévèrement du doigt l'Eglise elle-même, ses infidélités et ses scandales,
son manque de sensibilité à l'égard des problèmes des hommes d'aujourd'hui, la bureaucratisation
excessive des structures ecclésiastiques.... Si les fidèles s'éloignent de la pratique
chrétienne, c'est aussi parce que l'accompagnement spirituel est défaillant. Le
défi à relever est bien de ramener la question de Dieu dans la société contemporaine
mais pour transmettre la foi, il y croire et la vivre. La tâche s’annonce difficile.
Les chrétiens sont appelés à être des témoins intrépides de l’Evangile et à vivre
avec une force tranquille leur identité de fils de Dieu. L’Eglise est appelée à se
purifier et à réparer les erreurs commises. Enfin l'Evangile est présenté comme
un remède qui fortifie la joie et la vie et combat la peur. D'où ce rappel du célèbre
"N'ayez pas peur" lancé par Jean-Paul II.
Le secrétaire général du
Synode des évêques est satisfait : les réponses au questionnaire envoyé à tous les
épiscopats reflètent la réalité des églises locales. Mgr Nikola Eterović reconnaît
cependant qu’il y aura des défis à relever, des difficultés à partager dans un dialogue
fraternel, des pistes à trouver pour les surmonter et pouvoir annoncer l’Evangile
aux hommes d’aujourd’hui et aux nouvelles générations. Jean-Paul II – rappelle-t-il
- affirmait que l’évangélisation devait se renouveler dans l’ardeur, l’expression
et les méthodes. L’Eglise est appelée à redynamiser sa pastorale ordinaire, elle doit
atteindre, en priorité, les baptisés qui n’ont pas été suffisamment évangélisés ou
qui se sont éloignés de l’Eglise et leur montrer l’actualité de l’Evangile. Et puisque
la nouvelle évangélisation passe par la conversion, Mgr Eterović est convaincu que
le prochain synode aidera l’Eglise à surmonter ses difficultés actuelles et qu’il
suscitera une nouvelle Pentecôte dans l’Eglise et dans la société. Le Secrétaire général
du Synode compte aussi sur les nouvelles technologies pour transmettre la richesse
du christianisme. Isabella Piro l’a interrogé pour nous