La révolution tunisienne scrutée à la loupe. Entretien avec Mgr Lahham
Tunis accueille, les 18 et 19 juin, la 9° réunion du comité International de la Fondation
Oasis autour du thème : «La religion dans une société en transition. Comment la Tunisie
interpelle l’Occident ». La Fondation Oasis est présidée par le cardinal Angelo Scola,
archevêque de Milan. Il y a un an, le comité réuni à Venise avait abordé les interrogations
sociales, religieuses et culturelles posées par les révoltes populaires dans les pays
du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Cette année, la réflexion se focalisera sur
le « cas tunisien », déclencheur du printemps arabe, pour essayer de comprendre de
l’intérieur, chrétiens et musulmans côte à côte, les événements et les facteurs qui
sont en train de transformer ces pays et dans quelle mesure ces événements concernent
aussi l’Occident. Parmi les participants au forum : Mgr Maroun Lahham, archevêque
sortant de Tunis, « un chrétien arabe aux prises avec ces mutations », et le politologue
français Olivier Roy, directeur de recherche au CNRS.
Mgr Lahham a regagné,
en tant que vicaire du Patriarche de Jérusalem, la Jordanie, son pays natal, où le
christianisme connaît un regain de vitalité. Il avait été parmi les premiers à soutenir
la rue tunisienne. Du Maroc à l’Irak, les jeunes – souligne-t-il aujourd'hui – ont
brisé la barrière du silence. Mais le cas syrien et le risque que ce pays puisse plonger
dans le chaos suscite une inquiétude légitime. On ne sait plus où est la vérité, alors
que la liste des victimes ne cesse de s’allonger. Mgr Lahham estime que le régime
de Bachar Al Assad a perdu toute légitimité mais il pointe du doigt aussi ceux qui
ont intérêt à déstabiliser la Syrie : Irak, Russie, France, Etats-Unis, Hezbollah
et Israël. En revanche, il estime que malgré la montée de l’islamisme, les chrétiens
du monde arabe sont moins menacés qu’on ne le croit. C'est toute la population qui
souffre.
Mgr Lahham a accepté de répondre aux questions de Manuella Affejee