Présidentielle en Egypte : retour à la case départ ?
Un parfum de retour en arrière flotte sur l’Egypte. Quelques heures avant le second
tour des élections présidentielles, la Haute Cour constitutionnelle du pays a jugé
illégale l’assemblée parlementaire égyptienne, fruit des législatives largement remportées
par les islamistes. Un véritable coup de force piloté par l’armée qui tient toujours
officiellement les rênes du pouvoir. Islamistes et révolutionnaires dénoncent un «
coup d’état juridique ». Comment analyser cette manœuvre des militaires ? L’éclairage
de Tewfik Aclimandos, spécialiste de la vie politique égyptienne au Collège de France.
Il est interrogé par Olivier Bonnel
Le père Rafic
Greiche, chargé de la communication au sein de l’épiscopat catholique égyptien, constate
pour sa part un sentiment de soulagement dans une partie de la population. Celle-ci
est aujourd’hui divisée en deux camps opposés : les libéraux soutiennent la décision
de la Cour constitutionnelle, tandis que les islamistes, au contraire, se sont dits
prêts à occuper la place Tahrir, si des fraudes sont constatées. Interrogé par l’agence
Fides, le père Greiche explique que de graves erreurs ont été commises depuis la chute
d’Hosni Moubarak. Aujourd’hui, on assiste à une confrontation entre militaires et
islamistes. Conformément à la loi électorale, les deux candidats du second tour
des 16 et 17 juin sont astreints au silence depuis ce vendredi midi. Pour inciter
les quelque 50 millions d'électeurs potentiels à se rendre aux urnes, les autorités
ont décrété samedi et dimanche jours fériés. Et le ministère de l'Intérieur a annoncé
un plan de sécurité draconien pour prévenir d'éventuels troubles.