Le Pape souligne l'importance de la fidélité dans l'Eglise et au Saint-Siège
Benoît XVI a reçu ce lundi matin les membres de l’Académie pontificale ecclésiastique
où est formé le personnel diplomatique du Saint-Siège. Dans son discours, le Pape
a brossé le portrait idéal d’un diplomate du Saint-Siège. Sa vertu première devra
être la fidélité. La fidélité qui se vit dans l’Église et au Saint-Siège – a-t-il
précisé - n’est pas une loyauté « aveugle », puisqu’elle est illuminée par la foi
de Celui qui a dit : « Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Église ».
Benoît XVI a encouragé ses futurs représentants dans le monde à vivre le lien personnel
avec le Vicaire du Christ comme une part de leur spiritualité. Il s'agissait
d'une rencontre annuelle mais elle s’est déroulée avec en toile de fond la tempête
qui agite actuellement le Vatican. Le Pape en a d’ailleurs profité pour exprimer sa
gratitude et son estime aux nombreux collaborateurs de la Curie romaine et des représentations
pontificales dans le monde. Benoît XVI compte sur eux pour son ministère universel.
Il les exhorte à aider les Eglises locales à grandir dans la fidélité au Siège de
Pierre et en communion avec l’Eglise universelle. Dans la mesure où vous serez fidèles,
vous serez aussi dignes de foi – a-t-il lancé. « Vous aiderez le Successeur de
Pierre lui-même à être fidèle à la mission reçue du Christ – a-t-il ajouté - en lui
permettant de connaître au plus près le troupeau qui lui est confié et de le rejoindre
plus efficacement avec sa parole, sa proximité, son affection ».
**********
Traduction
intégrale du discours du Pape
Chers frères dans l’Épiscopat, Chers prêtres,
Je
remercie avant tout Monseigneur Beniamino Stella pour les paroles courtoises qu’il
m’a adressées au nom de vous tous qui êtes présents, comme aussi pour le précieux
service qu’il accomplit. Je salue avec grande affection la communauté tout entière
de l’Académie pontificale ecclésiastique. Je suis heureux de vous accueillir cette
année aussi, au moment où se terminent les cours et où, pour quelques-uns, approche
le jour du départ pour le service dans les Représentations pontificales présentes
dans le monde entier. Le Pape compte aussi sur vous, pour être assisté dans la réalisation
de son ministère universel. Je vous invite à ne pas avoir peur, vous préparant avec
application et engagement à la mission qui vous attend, confiant dans la fidélité
de Celui qui vous connaît depuis toujours et vous a appelés à la communion avec son
Fils, Jésus-Christ (cf. 1 Co 1, 9). La fidélité de Dieu est la clef et la source
de notre fidélité. Je voudrais aujourd’hui attirer votre attention sur cette vertu,
qui exprime bien le lien très particulier qui s’établit entre le Pape et ses collaborateurs
directs, aussi bien dans la Curie romaine que dans les Représentations pontificales
: un lien qui, pour beaucoup, s’enracine dans le caractère sacerdotal dont vous êtes
investis, et se spécifie ensuite dans la mission particulière confiée à chacun au
service du Successeur de Pierre. Dans le contexte biblique, la fidélité est surtout
un attribut divin : Dieu se fait connaître comme celui qui est fidèle pour toujours
à l’alliance qu’il a conclue avec son peuple, malgré l’infidélité de celui-ci. Étant
fidèle, Dieu garantit de conduire au terme son dessein d’amour, et pour cela Il est
aussi digne de foi et véridique. C’est cette attitude divine qui crée dans l’homme
la possibilité d’être, à son tour, fidèle. Appliquée à l’homme, la vertu de la fidélité
est profondément liée au don surnaturel de la foi, devenant l’expression de cette
solidité de celui qui a fondé en Dieu toute sa vie. Dans la foi, nous trouvons en
effet l’unique garantie de notre stabilité (cf. Is 7, 9b), et seulement à partir d’elle
nous pouvons à notre tour être vraiment fidèles : d’abord à Dieu, donc à sa famille,
l’Église qui est mère et éducatrice, et en elle à notre vocation, à l’histoire dans
laquelle le Seigneur nous a insérés. Chers amis, dans cette optique je vous encourage
à vivre le lien personnel avec le Vicaire du Christ comme une part de votre spiritualité.
Il s’agit assurément d’un élément propre à chaque catholique, encore plus à chaque
prêtre. Toutefois, pour ceux qui travaillent près le Saint-Siège, il assume un caractère
particulier, du moment qu’ils mettent au service du Successeur de Pierre une bonne
partie de leurs énergies, de leur temps et de leur ministère quotidien. Il s’agit
d’une grave responsabilité, mais aussi d’un don spécial, qui, avec le temps, développe
un lien affectif avec le Pape, de confiance intérieure, un sentir avec naturel, qui
est bien exprimé par la parole « fidélité ». Et de la fidélité à Pierre, qui vous
envoie, dérive aussi une fidélité particulière envers ceux auxquels vous êtes envoyés
: on demande en effet aux Représentants du Pontife romain, et à leurs collaborateurs,
de se faire les interprètes de sa sollicitude pour toutes les Églises, comme aussi
de la participation et de l’affection avec laquelle il suit le chemin de chaque peuple.
Par conséquent, vous devrez nourrir un rapport de profonde estime et de bienveillance,
je dirais d’amitié vraie, envers les Églises et les communautés auxquelles vous serez
envoyés. Par rapport à elles aussi, vous avez un devoir de fidélité, qui se concrétise
dans le dévouement assidu au travail quotidien, dans la présence parmi elles dans
les moments joyeux et tristes, parfois même dramatiques de leur histoire, dans l’acquisition
d’une connaissance approfondie de leur culture, du chemin ecclésial, dans le fait
de savoir apprécier combien la grâce divine est à l’œuvre dans chaque peuple et nation. Il
s’agit d’une aide précieuse pour le ministère pétrinien, au sujet duquel le Serviteur
de Dieu Paul VI disait : « En transmettant à son Vicaire les clefs du Royaume des
cieux et en l’instituant pierre et fondement de son Église (cf. Mt 16, 18), le Pasteur
éternel lui a donné mission de "affermir ses frères" (cf. Lc 22, 32), c’est-à-dire
de les gouverner et, en son nom, de les rassembler dans l’unité, mais aussi de leur
apporter aide et consolation, par sa parole et par sa présence même, d’une certaine
manière » (Lett. Apost. Sollicitudo omnium ecclesiarum, 24 juin 1969 : AAS 61 (1969)
473-474). De cette façon, vous encouragerez et vous stimulerez aussi les Églises
particulières à grandir dans la fidélité au Pontife romain, et à trouver dans le principe
de communion avec l’Église universelle une orientation sûre pour leur pèlerinage dans
l’histoire. Et enfin, vous aiderez le Successeur de Pierre lui-même à être fidèle
à la mission reçue du Christ, en lui permettant de connaître au plus près le troupeau
qui lui est confié et de le rejoindre plus efficacement avec sa parole, sa proximité,
son affection. Je pense en ce moment avec gratitude à l’aide que je reçois quotidiennement
des nombreux collaborateurs de la Curie romaine et des Représentants pontificaux,
comme aussi au soutien qui me vient de la prière des innombrables frères et sœurs
du monde entier. Chers amis, dans la mesure où vous serez fidèles, vous serez
aussi dignes de foi. Nous savons d’ailleurs, que la fidélité qui se vit dans l’Église
et au Saint-Siège n’est pas une loyauté « aveugle », puisqu’elle est illuminée par
la foi de Celui qui a dit : « Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Église
» (Mt 16, 18). Engageons-nous tous sur ce chemin pour qu’un jour, nous puissions nous
entendre appliquer les paroles de la parabole évangélique : « Serviteur bon et fidèle,
entre dans la joie de ton seigneur » (cf. Mt 25, 21). Avec ces sentiments, je renouvelle
à Monseigneur le Président, à ses collaborateurs, aux Sœur Franciscaines Missionnaires
de Gesù Bambino et à toute la communauté de l’Académie ecclésiastique pontificale
mon salut cordial, alors que je vous bénis de grand cœur.