Le Pape expose sa vision de l'éthique politique devant les autorités civiles de Milan
Benoît XVI poursuit ses rencontres à Milan.Un rendez-vous plus protocolaire cette
fois. En début de soirée, ce samedi, au siège de l’archevêché de Milan, le Pape s’est
adressé aux autorités civiles de Milan et de la Lombardie. Benoît XVI a offert à ses
interlocuteurs une leçon de bonne gouvernance à partir des principes appliqués par
le Saint-Patron de Milan, Ambroise, qui après avoir travaillé comme juriste au service
de l’État, occupa le siège épiscopal de Milan au IV° siècle, défendant les droits
de l’Église face aux empereurs. Le compte rendu d'Olivier Bonnel
Aucun homme
n’est le maître d’un autre homme. Le pouvoir vient de Dieu. La Justice pour tout gouvernant
est la vertu publique par excellence. Mais elle ne suffit pas : c’est l’amour de la
liberté qui distingue les bons des mauvais gouvernants. C’est à une véritable leçon
d’éthique politique que le Pape s’est livré, sous le signe de Saint Ambroise, éminent
juriste, philosophe, évêque et docteur de l’Église. Benoît XVI ne remet pas en cause
la laïcité de l’État, mais il en précise les conditions et les contours. Comme il
l’avait fait devant le Bundestag en septembre dernier, il critique le positivisme
juridique qui prétend bannir toute référence éthique. A partir du moment où l’on dépasse
la conception d’un Etat confessionnel, il faut - souligne le Pape - que la législation
soient fondée sur la loi naturelle. La liberté n’est pas un privilège mais un droit
que le pouvoir civil doit garantir. Dans un État laïc tous doivent pouvoir proposer
leur vision de la vie commune, toujours dans le respect de l’autre et dans le contexte
de loi qui visent au bien de tous. Une claire allusion aux lois adoptées dans plusieurs
pays occidentaux. Enfin s’il est essentiel de bien distinguer les rôles, il faut reconnaître
la contribution constructive que l’Église peut apporter à l’État, grâce à son expérience,
sa doctrine, ses traditions, ses institutions et ses activités au service de la population.
En ces temps de crise, les sociétés ont besoin non seulement de choix technico-politiques
courageux - a insisté Benoit XVI - mais aussi de gratuité. La famille est un immense
capital social que les lois doivent protéger et aider pour la cohésion des sociétés,
alors que de nouvelles lois sur le divorce, le mariage homosexuel, ou limitant les
droits à une éducation catholique sont adoptées ici ou là. Selon l'Eglise, l'Etat
est appelé à reconnaître l'identité propre de la famille, fondée sur le mariage et
ouverte à la vie, et le droit primordial des parents à la libre éducation des enfants,
selon le projet éducatif qu'ils jugent valide et pertinent.
Le père Federico
Lombardi, directeur de la salle de presse du Saint-Siège est sur place, il dresse
un premier bilan positif de cette visite pastorale du Pape Des propos receuillis
par notre envoyée spéciale sur place Mathilde Auvillain