Crise économique : aider les personnes avant de penser à combler les déficits
Pour le Saint-Siège, les politiques économiques des États doivent d’abord aider les
personnes, et leur redonner leur rôle d’acteur social, avant de se préoccuper du
manque à combler, autrement dit des déficits budgétaires. Benoît XVI l’a laissé clairement
entendre ce vendredi matin en recevant un groupe de cinq nouveaux ambassadeurs non
résidents venus lui présenter leurs lettres de créances : Arménie, Éthiopie, Fidji,
Irlande et Malaisie. Le discours du Pape était consacré pour l’essentiel à la crise
économique. Romilda Ferrauto
La crise économique
mondiale conduit des familles de plus en plus nombreuses à une précarité croissante.
Et quand la misère coexiste avec la très grande richesse, le sentiment d’injustice
peut entraîner des révoltes. Benoît XVI avait choisi ce vendredi matin d’entrer sans
détours dans le vif du débat qui agite la planète : le développement auquel toute
nation aspire doit concerner chaque personne dans son intégralité, et non la seule
croissance économique - a-t-il dit. Le Pape a mis les États devant leurs responsabilités
: ils doivent veiller à ce que les lois sociales n’accroissent pas les inégalités
et permettent à chacun de vivre de façon décente. La pauvreté revêt aujourd’hui de
nouvelles formes ; les sentiments de frustration et la solitude due à l’exclusion
augmentent. Benoît XVI a évoqué la misère matérielle et spirituelle dans le monde,
les menaces contre l’homme, la société et son environnement. Il préconise un changement
de cap car la qualité des relations humaines et le partage des ressources sont à la
base de la société.
Des expériences telles que le microcrédit, et des initiatives
pour créer des partenariats équitables, montrent qu’il est possible d’harmoniser des
objectifs économiques avec le lien social, la gestion démocratique et le respect de
la nature. Il est bon aussi, par exemple, et en leur redonnant des lettres de noblesse,
de promouvoir le travail manuel et de favoriser une agriculture qui soit tout d’abord
au service des habitants.
Benoît XVI n’a pas manqué de plaider également
en faveur de la liberté religieuse, en rappelant que la religion permet de reconnaître
en l’autre un frère en humanité.
Il faut être attentif à une autre sorte
de misère : celle de la perte de référence à des valeurs spirituelles, à Dieu. Ce
vide rend plus difficile le discernement du bien et du mal ainsi que le dépassement
des intérêts personnels en vue du bien commun. Il rend aisée l’adhésion à des courants
d’idées à la mode, en évitant l’effort nécessaire de réflexion et de critique. Et
bien des jeunes en quête d’idéal, se tournent vers des paradis artificiels qui les
détruisent.
Même dépourvu de grandes ressources matérielles, il est possible
d’être heureux, de vivre simplement en harmonie avec ce à quoi l’on croit. Le Saint-Siège
appelle de ses vœux une société où la sobriété et la fraternité vécues feront reculer
la misère, et prendront le pas sur l’indifférence et l’égoïsme, sur le profit et sur
le gaspillage, et surtout sur l’exclusion.
Parmi les ambassadeurs reçus par
le Pape, se trouvait l’ambassadeur d’Irlande. Il y a quelques mois, ce pays, autrefois
très catholique, a décider de fermer son ambassade auprès du Saint-Siège, officiellement
pour des raisons économiques. David Cooney, qui représentera l’Irlande auprès du Saint-Siège,
est le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères à Dublin. Il ne viendra
à Rome qu’à de rares occasions, alors que le dossier des abus continue de compliquer
les rapports bilatéraux. Jeudi, le vice premier ministre irlandais Eamon Gilmore,
qui occupe également la charge de ministre des Affaires étrangères, a réclamé la démission
du Primat d’Irlande, le cardinal Sean Brady, après la diffusion d’un documentaire
de la BBC. (Voir notre article à ce sujet)