2012-05-04 13:49:24

Crise économique : aider les personnes avant de penser à combler les déficits


Pour le Saint-Siège, les politiques économiques des États doivent d’abord aider les personnes, et leur redonner leur rôle d’acteur social, avant de se préoccuper du manque à combler, autrement dit des déficits budgétaires. Benoît XVI l’a laissé clairement entendre ce vendredi matin en recevant un groupe de cinq nouveaux ambassadeurs non résidents venus lui présenter leurs lettres de créances : Arménie, Éthiopie, Fidji, Irlande et Malaisie. Le discours du Pape était consacré pour l’essentiel à la crise économique.
Romilda Ferrauto RealAudioMP3

La crise économique mondiale conduit des familles de plus en plus nombreuses à une précarité croissante. Et quand la misère coexiste avec la très grande richesse, le sentiment d’injustice peut entraîner des révoltes. Benoît XVI avait choisi ce vendredi matin d’entrer sans détours dans le vif du débat qui agite la planète : le développement auquel toute nation aspire doit concerner chaque personne dans son intégralité, et non la seule croissance économique - a-t-il dit. Le Pape a mis les États devant leurs responsabilités : ils doivent veiller à ce que les lois sociales n’accroissent pas les inégalités et permettent à chacun de vivre de façon décente. La pauvreté revêt aujourd’hui de nouvelles formes ; les sentiments de frustration et la solitude due à l’exclusion augmentent. Benoît XVI a évoqué la misère matérielle et spirituelle dans le monde, les menaces contre l’homme, la société et son environnement. Il préconise un changement de cap car la qualité des relations humaines et le partage des ressources sont à la base de la société.

Des expériences telles que le microcrédit, et des initiatives pour créer des partenariats équitables, montrent qu’il est possible d’harmoniser des objectifs économiques avec le lien social, la gestion démocratique et le respect de la nature. Il est bon aussi, par exemple, et en leur redonnant des lettres de noblesse, de promouvoir le travail manuel et de favoriser une agriculture qui soit tout d’abord au service des habitants.

Benoît XVI n’a pas manqué de plaider également en faveur de la liberté religieuse, en rappelant que la religion permet de reconnaître en l’autre un frère en humanité.

Il faut être attentif à une autre sorte de misère : celle de la perte de référence à des valeurs spirituelles, à Dieu. Ce vide rend plus difficile le discernement du bien et du mal ainsi que le dépassement des intérêts personnels en vue du bien commun. Il rend aisée l’adhésion à des courants d’idées à la mode, en évitant l’effort nécessaire de réflexion et de critique. Et bien des jeunes en quête d’idéal, se tournent vers des paradis artificiels qui les détruisent.

Même dépourvu de grandes ressources matérielles, il est possible d’être heureux, de vivre simplement en harmonie avec ce à quoi l’on croit. Le Saint-Siège appelle de ses vœux une société où la sobriété et la fraternité vécues feront reculer la misère, et prendront le pas sur l’indifférence et l’égoïsme, sur le profit et sur le gaspillage, et surtout sur l’exclusion.

Parmi les ambassadeurs reçus par le Pape, se trouvait l’ambassadeur d’Irlande. Il y a quelques mois, ce pays, autrefois très catholique, a décider de fermer son ambassade auprès du Saint-Siège, officiellement pour des raisons économiques. David Cooney, qui représentera l’Irlande auprès du Saint-Siège, est le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères à Dublin. Il ne viendra à Rome qu’à de rares occasions, alors que le dossier des abus continue de compliquer les rapports bilatéraux. Jeudi, le vice premier ministre irlandais Eamon Gilmore, qui occupe également la charge de ministre des Affaires étrangères, a réclamé la démission du Primat d’Irlande, le cardinal Sean Brady, après la diffusion d’un documentaire de la BBC. (Voir notre article à ce sujet)








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