Les politiques d’austérité qui ont le vent en poupe en Europe sont contre-productives.
C’est ce qu’affirme l’Organisation Internationale du Travail dans un rapport rendu
public ce lundi. Au niveau mondial, les chômeurs seront six millions de plus cette
année. Or cette dégradation de la situation de l’emploi se traduit par une augmentation
des risques de troubles sociaux. L’OIT encourage donc les gouvernements à mettre en
place des stratégies de relance de la demande intérieure, et souligne la nécessité
de revoir les objectifs des fonds structurels européens afin qu’ils soutiennent l’emploi
au lieu de développer les zones rurales comme ils l’ont fait jusqu’à présent. Enfin,
l’OIT est favorable à la mise sur pied d’une véritable politique d’emploi qui serait
financée par un nouvel instrument financier au niveau européen. Ce point de vue est
partagé par l’économiste français Jean-Paul Fitoussi, directeur de recherche à l’Observatoire
français des conjonctures économiques Propos recueillis
par Hélène Destombes
Les Eglises européennes mobilisées contre
l’austérité
Que les transactions financières soient taxées ! c’est
la proposition avancée par le cardinal Keith O’Brien, archevêque d’Edimbourg et président
de la conférence des évêques catholiques écossais, dans une interview accordée à la
BBC. Le prélat a vivement critiqué le Premier ministre britannique David Cameron,
l’accusant d’avoir un comportement immoral et de favoriser les riches financiers de
la City au détriment de ceux qui se débattent avec de faibles revenus. Le cardinal
O’Brien a appelé le chef du gouvernement britannique à instaurer une taxe sur les
transactions financières, une sorte de taxe Robin des Bois sur les échanges de la
City. Or, l’année dernière, l’exécutif britannique avait répondu aux propositions
allemande et française allant dans ce sens par une fin de non-recevoir.
Au
Portugal, pays durement touché par la crise financière qui s’est muée en véritable
crise économique et sociale, la commission épiscopale en charge de la pastorale du
travail s’est réunie dimanche 29 avril à Coimbra dans le centre du pays avec des délégués
et des représentants d’organisations de ce secteur. Ce fut l’occasion pour l’Eglise
portugaise de réaffirmer que sa plus grande préoccupation aujourd’hui était le chômage,
qui, avec la déréglementation du marché du travail, a des conséquences sociales extrêmement
graves : désintégration familiale, pauvreté, renforcement des sentiments xénophobes. Lors
de l’ouverture de l’assemblée plénière de la conférence des évêques du Portugal, à
la mi-avril, l’archevêque de Lisbonne, le cardinal Policarpo, a lancé un appel en
faveur de plus d’équité sociale. Le pays compte un taux de chômage de 14 % qui monte
à 35 % chez les jeunes en âge de travailler L’un des points de discorde avec le
gouvernement, est le projet de celui-ci de supprimer quatre jours fériés dont deux
fêtes catholiques : la fête Dieu et l’Assomption. Les évêques ont accepté de déplacer
la première mais refusent catégoriquement de toucher au 15 août.
L’Italie ne
fait pas exception. Dans un climat plombé par les mesures d’austérité prises par le
gouvernement de Mario Monti, des évêques ont pris la parole pour alerter sur le malaise
social qui se développe dans le pays. Dans un vaste mouvement de solidarité, des paroisses
italiennes s’efforcent de répondre à une situation qui devient de plus en plus critique.
Dans le seul diocèse de Rome, une soixantaine de communautés paroissiales distribuent
des repas gratuits les jours de fête et certains jours de la semaine. Seize paroisses
ont en outre accueilli les sans-abris cet hiver grâce au concours de milliers de bénévoles.