Commentaire de l'Évangile du 3° dimanche de Pâques
Le Père Jean-Côme About commente en ce 3° dimanche de Pâques l'Évangile selon saint
Luc (24, 35 - 48)
« Les disciples qui rentraient d'Emmaüs racontaient
aux onze Apôtres et à leurs compagnons ce qui s'était passé sur la route, et
comment ils avaient reconnu le Seigneur quand il avait rompu le pain.... »
Le texte
du commentaire de l'Évangile :
En ce troisième dimanche de Pâques, les apôtres
reçoivent le témoignage des disciples d’Emmaüs qui, tout joyeux, décrivent comment
ils ont reconnu Jésus à la fraction du pain. Et voici que Jésus se trouve au
milieu d’eux. Bien évidemment, les disciples sont frappés de stupeur et de crainte
car l’inconcevable s’accompli : Jésus est vivant. Mais est-ce bien lui ? Il lui
est nécessaire de les rassurer et de les convaincre pour qu’ils puissent enfin comprendre
le dessein du Père que lui-même accompli pour sauver l’humanité. Jésus leur enlève
la peur qu’il soit un fantôme en leur faisant reconnaître sa réalité corporelle d’une
manière aussi tangible et effective que possible : Ils doivent voir, les plaies
aux mains et aux pieds « c’est bien moi ! » ; ils doivent toucher, pour se convaincre
de de la réalité de son corps « touchez-moi, regardez » ; ils doivent enfin le voir
manger une nourriture terrestre et c’est le poisson grillé. Tout cela pour pouvoir
les introduire à son enseignement sur le salut et à sa compréhension totale. Ils
doivent comprendre que les déclarations qu’il a faites pendant sa vie mortelle sur
l’accomplissement de toute l’Alliance Ancienne, c’est-à-dire, la Loi, les Prophètes
et les psaumes, se sont accomplies dans sa mort et sa résurrection. Cet événement
est la substance de toute l’Écriture et la substance a son centre dans « la rémission
de péchés » et doit être annoncée par les témoins, par l’Église, à tous. « C’est
bien ce qui était annoncé par l’Écriture : Les souffrances du Messie, sa résurrection
d’entre les morts le troisième jour, et la conversion proclamée en son nom pour le
pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. C’est vous qui
en êtes témoins ». Cela veut signifier, pour lui, que si les lecteurs de l’Ancien
Testament s’en tiennent à des passages isolés, ils découvriront difficilement cette
substance. Car toute l’histoire dramatique d’Israël avec son Dieu n’a d’autre but
et d’autre sens que de mener à lui, Le Christ. La descente constante, purement
terrestre, d’Israël « aux enfers » et sa délivrance « de la grande Perdition » par
Dieu, comme le rappelle le livre de Samuel, le Deutéronome et la Sagesse, est en fait
l’initiation à la compréhension de la mort et de la résurrection de Jésus, définitives
pour le monde entier. Mais pour cela il lui faut d’abord « ouvrir les yeux » de ses
disciples, d’où la nécessité de se faire reconnaître comme vivant après ces événements.
Tel est notre chemin de foi : non pas simplement vivre l’événement de la résurrection
comme un acte extraordinaire isolé, ni concevoir la Parole comme une succession de
récits juxtaposés mais par sa pratique quotidienne, laisser susciter en nous par l’intelligence
des écritures le plan du salut projeté par l’amour du Père et qui s’est réellement
accompli dans cet acte d’amour inimitable du pardon et de la vie du Christ. Seigneur,
tu es ressuscité pour me sauver, pour nous sauver. Suscite en nos cœurs ce désir de
comprendre les Écritures pour, comme pour tes disciples, nous saisissions la joie
de ta résurrection que tu fais nôtre. Alléluia !