Le Nigeria à feu et à sang : entretien avec l'archevêque d'Abuja
Une tragédie prévisible : le Nigeria a vécu un week-end de Pâques sanglant. Des attentats
à la bombe ont été perpétrés contre des églises à Kaduna et à Jos dans le nord du
pays faisant des morts et des blessés. Les experts américains l’avaient annoncé et
l’Église locale s’y attendait. Les membres de la secte islamiste Boko Haram multiplient,
depuis des mois, les opérations meurtrières principalement contre des lieux de culte
chrétiens et les symboles de l’autorité de l’État : commissariats de police et bâtiments
administratifs. L’archevêque de Jos ne cache pas son inquiétude. Selon lui les armes
circulent librement : la région est bourrée d’explosifs – a-t-il indiqué et les terroristes
sont désormais infiltrés au sein du gouvernement, de la police et de l’armée. Le
Nigeria compte plus de 160 millions d’habitants également répartis entre musulmans,
majoritaires dans le nord, et chrétiens, plus nombreux dans le sud. Les attentats
coordonnés qui auraient fait plus de mille morts depuis 2009 viseraient surtout à
déstabiliser le gouvernement du président Goodluck Jonathan. L’objectif des fondamentalistes
serait d’instaurer la Charia sur tout le territoire. Selon Mgr John Olorunfemi
Onaiyekan, archevêque d’Abuja, le danger serait d’opposer chrétiens et musulmans dans
le pays. Charles Le Bourgeois a recueilli son analyse de la situation