Les chrétiens de Terre Sainte prient pour leurs frères Syriens
Passer la Semaine Sainte à Jérusalem est une expérience de foi unique pour les Chrétiens
et pèlerins venus suivre le Christ pas à pas, dans les lieux mêmes qui furent ceux
de sa Passion et de sa Résurrection. Les célébrations, qui se succèdent au Mont des
Oliviers, au Cénacle, ou au St Sépulcre, rassemblent dans la ferveur des milliers
de fidèles qui, certes déjà tendus vers la Joie de la Résurrection, sont également
inquiets des bouleversements géopolitiques survenus au Proche-Orient et des conséquences
qu’elles peuvent entraîner pour leurs frères de Syrie, ou d’Egypte. Le frère David
de la Custodie de Terre Sainte nous en parle. Il est interrogé par Manuella Affejee
Interrogé
par l'organisation Aide à l'Église en détresse sur le dossier syrien, le responsable
de la Custodie de Terre Sainte, le père Pierbattista Pizzaballa, estime que la prise
de position de certains leaders de l'Église syrienne, notamment celle du Patriarche
grec-melkite d'Antioche, Grégoire III Laham qui plaide pour un maintien du status
quo en continuant à soutenir Bachar Al Assad, est « une politique compréhensible,
mais sans aucune possibilité de réussite. Car, que cela plaise ou non, en Syrie le
régime n'a pas de futur ». « Même si nous ne l'appelons pas par son nom, il y
a une guerre civile en Syrie, explique le père franciscain, et les chrétiens sont
pris en étau entre le gouvernement, qui les a toujours soutenus, et l'opposition.
». Les fidèles craignent fortement que le pays ne se transforme en un nouvel Irak
et cela est compréhensible, mais la mentalité syrienne est différente de la mentalité
irakienne, le fruit d'une plus grande variété ethnique et religieuse ». En attendant,
les chrétiens ont quitté Homs. Et c'est là l'unique certitude pour le ministre provincial
des Frères mineurs, étant donné qu'il est « pratiquement impossible de recevoir des
nouvelles sûrs et objectives du pays arabe. »
Par ailleurs, plus politique,
le responsable de la Custodie de Terre Sainte s’oppose à une intervention externe
dans le pays : « une éventuelle action militaire internationale en Syrie aurait des
conséquences négatives sur toute la région méridionale ». Il considère d’ailleurs
que la situation géographique de la Syrie au cœur du Moyen-Orient rend improbable
toute action militaire internationale. « Ce n'est pas comme en Libye. Cette-fois-ci
l'intervention aurait des conséquences sur toute la région méridionale », a expliqué
le père Pierbattista Pizzaballa. Pour lui, les pays occidentaux doivent intervenir,
mais par la seule pression politique et diplomatique, autrement, dit-il, « nous avons
vu ce qui est arrivé en Irak et en Afghanistan ».