Mali : des chrétiens en fuite de Gao. Témoignage anonyme

La situation est grave au Mali, la peur s’est emparée de la population.
En prenant dimanche Tombouctou « la Perle du Désert », les rebelles Touaregs ont étendu leur mainmise sur la quasi-totalité du Nord du pays. Tombouctou, Kidal et Gao sont les trois capitales administratives du Nord. Le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest, une dissidence d'Aqmi dirigée par des Maliens et des Mauritaniens, a revendiqué sa participation à l'offensive.
Cette avancée foudroyante et violente a suscité une vive inquiétude. Dans l’Église catholique, les responsables que nous avons contactés par téléphone ont refusé, par mesure de prudence, de répondre à nos questions. L’un d’eux, sous couvert d’anonymat, a accepté de nous fournir des informations.
La ville de Gao, sur le fleuve Niger, prise par les rebelles dans la nuit de samedi à dimanche, a été, selon lui, le théâtre chaotique de scènes de violences et de pillages, dont a été spécifiquement victime la petite communauté chrétienne locale. Selon ce témoin, l’église paroissiale, - comme du reste nombre d’édifices et bâtiments publics-, a été saccagée ; les quelques chrétiens qui s’y trouvaient, physiquement menacés, ont été contraints à la fuite. Toujours selon ce témoin, ces violences n’ont pas été le fait de Maliens, mais bel et bien de “barbus”, de groupes islamistes. “Les personnes qui les ont vus, m’ont dit qu’ils parlaient arabe”, nous a-t-il dit au téléphone.
A Bamako, le calme semble encore prévaloir, mais pour combien de temps ? La junte, isolée sur la scène internationale, et véritablement dépassée par les évènements, se révèle impuissante. Les Chrétiens, -petite minorité de 2% dans ce pays à majorité musulmane-, sont, à l’image de la population entière, livrés à eux-mêmes, tenaillés par le “désarroi”, l’ “incertitude”, et la “frustration”.“Mais plus que jamais, assure notre témoin, la ferveur prédomine. Cette Semaine Sainte est la nôtre, et notre communion avec les souffrances du Christ est vécue d’une manière particulièrement intense”.