Notre Dame de la Charité d'El Cobre, patronne de Cuba
L’histoire du sanctuaire de Notre Dame de la Charité où doit se rendre Benoît XVI
ce mardi est intimement lié à l’histoire politique et sociale de Cuba. Si l’origine
du lieu remonte au XVII ème siècle, plusieurs légendes sont rapportées pour en expliquer
les racines historiques.
Ainsi, selon une première tradition, Alonso de Ojeda,
un commandant espagnol était en danger dans la mer des Caraïbes. Il portait avec lui
une statue de la Vierge à l’enfant et fit le vœu de lui construire une chapelle s’il
échappait au naufrage. Il aborda à Cuba et accomplit ainsi son vœu à El Cobre.
Selon
une autre tradition remontant à 1606, ce sont trois pêcheurs, deux indiens et un esclave
noir, perdus sur la mer pendant une tempête, qui virent flotter sur l’eau une image
de bois à l’effigie de la Vierge avec cette inscription à sa base : « Je suis la Vierge
de la Charité. » L’image fût portée à la mine de cuivre d’El Cobre, et le premier
sanctuaire vit le jour en 1684.
Une troisième version des faits raconte que
la statue aurait été trouvée dans l’eau par des ouvriers des marais salans. Et le
manteau en étoffe de la Vierge n’était pas mouillé.
El Cobre fut le premier
lieu de Cuba où les esclaves conquirent leur liberté. En 1801, le « manifeste pour
la liberté des esclaves des mines de cuivre del Cobre » fût lut au sanctuaire, grâce
à son chapelain très engagé dans le combat pour la liberté.
Le premier acte
de Cuba libre eut lieu en 1898, lorsque les troupes du général espagnol Calixto García
se prosternèrent aux pieds de Notre Dame de la Charité lors d'une Messe solennelle
pour la «Déclaration d'indépendance du peuple cubain». Le 10 mai 1916, à la fin
de la guerre d’indépendance nationale, le Pape Benoît XV proclame officiellement Notre
Dame de la Charité patronne de Cuba.
Durant l’année 1952, la statue de la
Vierge fût portée de village en village, au chant de son cantique : « Salut, salut,
délice du Ciel, Vierge pure, suprême beauté ; Salut, excellente patronne de Cuba,
Mère rayonnante de charité. (...) Quand les larmes étaient le pain de tes fils, Et
quand leur existence était une terrible angoisse, Toi tu étais, o douce Mère, l'Etoile,
Qui annonçais l'aurore de Paix.»
La statue a finalement été couronnée
par le pape Jean Paul II, au cours de son voyage sur l’île. Voici un extrait de son
homélie du 24 janvier 1998 : "De son sanctuaire, non loin d'ici, la Reine et Mère
de tous les Cubains — sans distinction de race, d'opinion politique ou d'idéologie
— guide et soutient, comme par le passé, les pas de ses fils sur le chemin vers la
Patrie céleste et les encourage à vivre de façon à ce que dans la société règnent
toujours les valeurs morales authentiques, qui constituent le riche patrimoine spirituel
hérité de leurs ancêtres."