2012-03-25 21:46:49

Cuba : deuxième étape du voyage apostolique de Benoît XVI


Les Cubains attendent Benoît XVI

Vous arrivez à Cuba pour la première fois et vous découvrez un pays que vous semblez déjà connaître. Tellement d’images, tellement d’idées dans la tête. Bien des gens y sont allés avant vous, vous ont raconté, vous ont expliqué. Chacun y va de son analyse, Cuba est un sujet de discussion sans fin, et souvent passionné, où la propagande et les idées reçues ont la peau dure. Certes le pays ne laisse guère indifférent, il est l’un des derniers régimes communistes au monde. Plus d’un demi-siècle que les Castro le dirigent, soufflant le chaud et le froid d’une révolution «toujours en marche » depuis 1959. C’est du moins la rhétorique du pouvoir qui , contraint et forcé par une situation économique calamiteuse, tente depuis que Fidel a passé la main en 2006 à son frère Raul, de redresser la barre.

« Soit nous changeons de cap, soit nous coulons, déclarait en 2006 Raul Castro, qui n’a de cesse depuis d’ intensifier le train des réformes économiques : petit à petit, le gouvernement licencie les fonctionnaires et les pousse vers la libre entreprise. Vaste chantier qui devrait à terme alléger la lourde machine de la fonction étatique de 25% de ses effectifs. Parallèlement, on a ouvert au secteur privé quelques 178 petits métiers. Et les cubains peuvent donc désormais travailler « pour leur propre compte ».

Plus d’un million de cubains, un dixième de la population est concernée. Taxis, vendeurs ambulants, et surtout hôteliers sont les métiers les plus prisés. Car le tourisme étant devenu le moteur d’une économie moribonde, les cubains ont officiellement le droit d’ouvrir leurs maisons aux touristes. Et les Casas particulares fleurissent un peu partout, sans oublier que les cubains peuvent aussi désormais vendre ou acheter leurs appartements, et leurs voitures. Mythiques américaines branlantes et rafistolées de toutes parts qui continuent d’ébahir le touriste lambda.

La liste est longue des axes de réformes qui doivent sauver Cuba du naufrage, tout en conservant leurs acquis sociaux -éducation et santé gratuites notamment-, et les fondements égalitaires du système cubain. Plus facile à dire qu’à faire, défi schizophrène, dans un pays où règne la double monnaie, un peso fort, le CUC et une véritable monnaie de singe, le peso cubain. Et ou toute contestation frontale du régime est étouffée dans l’œuf.

Reste aussi cet embargo américain qui pèse depuis 50 ans, lourdement, sur le quotidien, condamné maintes fois par la communauté internationale, et par l’Eglise, un embargo qui a obligé la population à devoir sans cesse se débrouiller, une véritable culture de la survie où le maitre mot est : risolver. Résoudre.

Dans ce pays de la débrouille, on vous vend des langueurs de salsa, on vous tente dans des vapeurs de rhum et des volutes de cigares…Et sur les plages, le touriste est roi, prétendant à sa carte postale. Mais Benoît XVI, 14 ans après la visite historique de Jean-Paul II qui avait déjà à l’époque, favorisé une timide ouverture du pays, trouvera des cubains toujours aussi inquiets des lendemains qui déchantent. Ils l’attendent, ils savent que ce Pape lui aussi peut, à sa manière, donner un coup de pouce au processus en cours. Et il ne sera pas de trop.

De La Havane, Bernard Decottignies pour radio Vatican








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