Toulouse : "La violence ne résout aucun problème, elle les aggrave" selon le cardinal
Tauran
Moins de 48 heures après la fusillade de Toulouse, le tueur présumé a été localisé
dans une zone résidentielle non loin de l'école juive d’Ozar Hatorah. Une opération
de l’unité d’élite de la police est en cours pour l’interpeller. L’homme de 24 ans
est retranché dans un pavillon, il se revendique d’Al-Qaeda et dit avoir voulu venger
les enfants palestiniens. Interrogé par des journalistes de La Croix et de l'agence
i-média, au sujet des évènements de Toulouse, le cardinal Tauran, président du Conseil
pontifical pour le dialogue interreligieux a fait les déclarations suivantes :
"Il
est difficile de s’exprimer de manière adéquate sur les évènements de Toulouse avant
que la personne et le profil de l’agresseur soient bien déterminés. Toutefois, face
à une telle barbarie il est nécessaire de rappeler à tous, croyants, non-croyants,
que la violence ne résout aucun problème ; elle les aggrave. Malgré l’immense tristesse
qui habite tous ceux qui croient en la personne humaine et à sa dimension transcendantale,
les croyants savent qu’au cœur de tout homme brille une petite lumière qui s’appelle
l’amour. Et c’est par cette petite lumière que l’homme ressemble le plus à Dieu. Souhaitons
que personne ne l’éteigne et que jamais le nom de Dieu ne soit mêlé à des actions
que toute conscience humaine ne peut que condamner de la manière la plus absolue"
(pour La Croix)
"Dans l’attente que l’agresseur de Toulouse soit identifié,
on ne peut que rappeler que les croyants insistent sur la nature essentiellement transcendante
de la personne humaine, créée par Dieu, Maître de la vie et de la mort. C’est une
constante que l’on trouve au cœur du dialogue interreligieux. Au-delà de la légitime
indignation, souhaitons que les communautés de croyants redoublent leurs efforts dans
le domaine de l’éducation à la paix. Il faut que les croyants se rencontrent, non
seulement dans un dialogue oral, mais aussi dans un dialogue de charité qui permette
de relever le défi qui est devant nous : aider le monde à vivre en paix et en harmonie,
vivre la diversité dans la communion et respecter la dignité humaine de chaque personne.
Dans cet effort, le Dieu d’amour et de paix dans lequel nous croyons, nous guidera."
(pour l'agence I-media)
Ecoutez la réaction de Mgr Michel Dubost, président
du Conseil pour les relations interreligieuses à la Conférence des évêques de
France, et évêque du diocèse d’Evry Corbeil-Essonnes, recueillie par Charles Le Bourgeois
Les représentants
juifs et musulmans de France ont immédiatement mis en garde contre les amalgames entre
religion et violence. Le président du Conseil français du culte musulman, Mohammed
Moussaoui, a déclaré que les tueries de Toulouse et Montauban étaient "en contradiction
totale avec les fondements" de l'islam. "Les musulmans de France sont offensés
par cette revendication d'appartenance à cette religion" par le suspect, a déclaré
le responsable musulman avant d'être reçu par le président Nicolas Sarkozy en même
temps que le président du Conseil représentatif des institutions juives, Richard Prasquier.
A leur arrivée à l'Elysée avant cet entretien, les deux représentants musulman et
juif ont rejeté côte à côte tout "amalgame" entre l'islam de France et l'islamisme
dont se réclamerait le suspect. "Notre venue ensemble" montre "un chose capitale:
il est absolument exclu de faire l'amalgame entre ce personnage et la mouvance islamiste
jihadiste, al-qaïdiste qu'il représente et l'islam de France, qui est une religion
comme toutes les autres religions", a dit M. Prasquier. "Parmi les ennemis de cet
homme, il y a justement les musulmans de France", a-t-il ajouté. "Cela étant, il faut
éviter toute complaisance à l'égard de ces mouvances qui représentent vraiment un
danger pour notre République", a ajouté M. Prasquier (avec AFP)
Ecoutez
la réaction d'Ahmed Jaballah, le président de l’Union des organisations islamiques
de France (UOIF) recueillie par Lisa Beaujour
L'Autorité
palestinienne rejetait également ce matin toute justification de la tuerie de Toulouse
par le sort des enfants palestiniens. "Il est temps que ces criminels arrêtent de
revendiquer leurs actes terroristes au nom de la Palestine et de prétendre défendre
la cause de ses enfants, qui ne demandent qu'une vie décente, pour eux-mêmes et tous
les enfants du monde", a affirmé le Premier ministre palestinien Salam Fayyad, dans
un communiqué de ses services.
"L’horreur de cet acte, comme l’abjection des
assassinats des parachutistes à Montauban et à Toulouse ces derniers jours, incite
les chrétiens à s’unir aux familles et aux différentes communautés touchées par ces
événements, dans la prière". C'est le message du Conseil des Églises chrétiennes en
France qui affirme partager la douleur de la communauté juive après la fusillade meurtrière.
Le CECEF exprime toute sa solidarité aux familles des victimes, aux élèves et aux
enseignants de l’établissement scolaire. "Que la concorde ne soit pas ébranlée par
ces actes d’une extrême violence. Gardons-la fermement enracinée dans les valeurs
de respect et de fraternité, fondements de la société française" poursuit ce message
envoyé au soir de la tragédie.
Lundi soir, le Saint-Siège avait condamné fermement
cette attaque. Le père Lombardi, directeur de la salle de presse du Saint Siège avait
déclaré : "L'attentat de Toulouse qui est à l’origine de la mort d’un enseignant et
de trois enfants juifs est un acte horrible et ignominieux, qui s’ajoute à d’autres
actes récents de violence absurde qui ont touché la France. Cet acte suscite une profonde
indignation et la plus ferme condamnation et exécration notamment pour l’âge et l’innocence
des jeunes victimes et parce que cela s’est produit dans une institution éducative
juive pacifique. Comme l’a déjà affirmé l’archevêque de Toulouse, nous exprimons aux
familles des victimes et à la communauté juive notre plus vive participation, notre
préoccupation pour ce fait horrible et notre solidarité spirituelle la plus profonde."