Gros plan : Un évêque srilankais réclame une enquête indépendante sur les crimes commis
à l'encontre des tamouls
Un évêque et trente prêtres catholiques du Sri Lanka ont adressé, il y a quelques
jours, une lettre au Conseil des droits de l’homme de l’ONU et au président de ce
pays, Mahinda Rajapaska. Dans ce courrier ils réclament qu’un organisme international
indépendant fasse la lumière sur les crimes de guerre commis à l’encontre des tamouls
lors de la guerre civile, entre 1972 et 2009. Les trente-et-un signataires, dont Mgr
Joseph Rayappu, évêque de la région de Jaffna, dans le nord de l’île, citent en particulier
« les responsabilités des forces armées dans les crimes dans les zones septentrionales
». Jusqu’à présent, le gouvernement a rejeté l’ouverture de toute enquête indépendante,
et la commission d’enseignements et de réconciliation (LLRC), créée par le gouvernement
en 2010, a blanchi l’armée de crimes délibérées contre les civils. L’Église srilankaise
est elle-même divisée. Le cardinal Malcolm Ranjith, archevêque de Colombo, désapprouve
ouvertement l’initiative de Mgr Jospeh Rayappu, menacé d’arrestation par le parti
bouddhiste au pouvoir. Les Nations-Unies estiment qu’au moins 7.000 civils tamouls
ont été tués au cours des derniers mois du conflit, tandis que des associations de
défense des droits de l’homme évoquent un chiffre de 40.000 morts. Selon l’ONU, entre
80.000 et 100.000 Sri-lankais sont morts au cours de cette guerre civile. Marie-Sophie
Boulanger est journaliste à Églises d’Asie, l’agence d’information des Missions Étrangères
de Paris (MEP). Elle livre son analyse au micro de Charles Le Bourgeois