Le commentaire de l'Évangile du 3ème dimanche de Carême
En ce 3e dimanche de Carême, le Père Jean-Côme About commente l'Évangile selon saint
Jean (2, 13 - 25)
« Comme la Pâque des Juifs approchait, Jésus monta à Jérusalem. 14
Il trouva installés dans le Temple les marchands de boeufs, de brebis et de colombes,
et les changeurs.15 Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous
du Temple...»
Ce
troisième dimanche de carême nous relate l’épisode de Jésus qui chasse les marchands
du Temple et apostrophe les juifs qui lui demandent de se justifier. Nous voyons
peu Jésus se fâcher, dans l’évangile, et nous conservons de lui parfois une image
mièvre qui semble édulcorée de toutes réactions humaines vives. Mais Jésus nous
transmet sa passion du Royaume et n’hésite pas, quand l’essentiel est en jeu, à rectifier
vivement le tir. Un deuxième épisode relate que Jésus se met en colère c’est
lorsque ses disciples refuse la venue des enfants auprès de lui. Il signifiera que
personne à moins de leur ressembler ne peut entrer dans le Royaume car un enfant tient
sa vie de ses parents qui sont tout pour lui, comme le croyant doit se remettre entre
les mains de Dieu et tout attendre du Père, sans conditions, comme un enfant. Ici
Jésus s’enflamme pour le Temple. Comme l’on devait offrir des animaux en sacrifices,
bien vite, tout autour s’établit un commerce qui prit des proportions envahissantes.
De même, la monnaie romaine ne pouvait avoir cours dans le lieu saint donc des changeurs
effectuait la conversion avec une monnaie permettant les achats des sacrifices destinés
aux Temple. Mais voilà, comme dans de nombreux cas, l’argent, le profit s’invitent
là où leur présence est en contradiction flagrante avec leur utilité : ils ne sont
qu’un moyen et on les érige comme une fin en soi, éludant le vrai culte. « Jésus
fit un fouet avec des cordes et les chassa tous du Temple ainsi que leurs bœufs et
leurs brebis. Il jeta par terre la monnaie des changeurs et dit aux marchands de
colombes : « enlevez-cela d’ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison
de trafic ». Il faut imaginer les étals qui jalonnaient les colonnades presque
jusqu’à la proximité du Saint des Saints. Jésus ne fait que rétablir la destinée du
Temple : être le lieu où Dieu se rend présent pour tous les hommes. Il nous invite
en ce carême à réfléchir sur ce que sont un vrai culte et la vraie maison de Dieu.
Car en répondant à ses détracteurs qu’il peut rebâtir le Temple en trois jours,
il vient signifier que son corps est le vrai Temple où Dieu a choisi de se révéler.
C’est ce que se remémoreront ses disciples lors de la résurrection, mais tant que
la mort et la résurrection sont à venir, l’ancienne maison de Dieu ne doit servir
qu’à la prière. Le Dieu de l’Ancienne Alliance ne pouvait tolérer à côté de lui, des
dieux étrangers, surtout pas le dieu Mammon. Seigneur, tu nous as fait temple
de ta présence et demeure de ton Esprit Saint par le baptême, comment honorons-nous
cette présence en notre corps et en celui de nos frères ? Rends-nous forts contre
la tentation de défigurer l’image que tu as établie en nous et que ta sainteté, que
tu essayes de faire grandir chaque jour en nous, resitue notre corps comme le moyen
de Te rendre gloire.