L’administration américaine a eu Wikileaks, le Vatican a maintenant son Vatileaks,
des fuites de documents qui sèment la confusion et le trouble et jettent le discrédit
sur le Vatican, le gouvernement de l’Église et plus largement sur l’Église elle-même.
Le Père Lombardi, directeur du Bureau de Presse du Saint-Siège a choisi de s’exprimer
librement sur les fréquences de Radio Vatican dont il est le Directeur général pour
donner libre cours à son analyse et à son indignation à propos de la succession d’affaires
impliquant directement ou indirectement le Vatican qui ont défrayé la chronique ces
dernières semaines. Dans un texte qu’il présente comme une réflexion, le Père Lombardi
fustige aussi bien les mauvais journalistes que les responsables des fuites. Il pointe
du doigt l’incompétence des médias, qui ne savent pas distinguer l’importance des
différents dossiers, créant ainsi la confusion : ainsi le débat sur la gestion économique
d’une importante institution comme le Gouvernorat n’a pas le même poids que les élucubrations
délirantes sur un prétendu complot contre le Pape. Le Père Lombardi n’hésite pas non
plus à parler de malveillance de la part de ceux qui ont intérêt à jeter le trouble,
à l’intérieur comme à l’extérieur du Vatican. Il est triste de constater que des documents
sont divulgués de manière déloyale, et qu’ils sont utilisés sans scrupule avec des
objectifs qui n’ont rien à voir avec l’amour de la vérité. Mais, dans le même temps,
il souligne que ces attaques redoublées prouvent que les enjeux sont de taille : sur
des dossiers essentiels comme les abus sexuels dans l’Église et la transparence des
institutions du Vatican, un travail sérieux et profond est en cours. Ces scandales
ne peuvent qu’inciter le Vatican à continuer d’agir avec détermination et sans se
laisser impressionner. Et le directeur du Bureau de Presse du Saint-Siège avertit
" ceux qui croient pouvoir intimider le Pape et ses principaux collaborateurs se trompent
et se leurrent. Quant aux spéculations sur le prochain conclave, il est clair que
les cardinaux se sont toujours efforcés d’élire une autorité morale et spirituelle.
Ceux qui n’y voient que des luttes de pouvoir font preuve d’une grande grossièreté
morale.”
Nota bene : Dans cette note, le père Lombardi
fait référence aux affaires Vigano et IOR (voir nos articles précédents). Quant à
l’existence d’un « complot » visant le Pape, la rédaction française de Radio Vatican
n’a pas jugé nécessaire de s’attarder sur cette affaire.
Le
Saint-Siège rejette des accusations d'entrave à la justice de l'IOR et l'AIF (article
publié le 09/02/2012) Pour la seconde fois en moins de 24 heures,
le porte-parole du Saint-Siège le père Federico Lombardi, est intervenu pour dénoncer
les accusations lancées contre l’IOR et la transparence des opérations financières
effectuées par le Vatican. L’Institut des Œuvres de Religion est une fondation de
droit tant civil que canonique régie par un statut qui lui est propre. Elle ne dispose
pas de réserves et ne concède pas de prêts comme une banque. Elle est encore moins
une banque off-shore. Cette accusation ne sert qu’à jeter une ombre d’illégalité.
La précision émane du Bureau de Presse du Saint-Siège à travers une note en réponse
à l’émission Les Intouchables diffusée hier soir sur la 7, chaîne de télévision privée
italienne. Ce programme, dénonce le communiqué, délivrait de fausses informations
couplées d’affirmations sans fondement sur l’IOR. Le Bureau de presse tient également
à rappeler qu’il est absolument faux que les normes vaticanes ne permettraient ni
enquête, ni action en justice sur la période antérieure à l’adoption des normes anti-blanchiment.
Bien au contraire, l’IOR a toujours pleinement collaboré avec les autorités de contrôle
financier tant vaticanes, italiennes qu’internationales ainsi qu’avec les juges italiens.
Un démenti formel donc aux affirmations qui ont été faites au cours de l’émission.
Quelques heures plus tôt, le Bureau de presse du Saint-Siège critiquait le manque
de sérieux des affirmations publiées dans le journal l’Unità. Le quotidien italien
critiquait une nouvelle fois le manque de transparence supposé de l’IOR et de l’AIF
Autorité d’information financière vaticane. L’article en cause, précise la note du
Bureau de presse, s’appuie sur des informations recyclées et sans fondement. Il est
en outre diffamatoire envers le président de l’IOR et son directeur général, Paolo
Cipriani. Sa coopération a été définie comme rapide et complète dans les documents
des fonctionnaires italiens. L’effet, malheureusement diffamatoire, de l’article naît
de l’emploi du terme « inculpé », pour désigner le président de l’I.O.R, le Prof.
Ettore Gotti Tedeschi, et le Directeur Général, Paolo Cipriani. Ni l’un, ni l’autre
n’ont jamais été inculpés, mais plutôt interrogés dans le cadre d’une enquête.
*********
Voici
le texte intégral de la première déclaration du Père Federico Lombardi
Déclaration
du Bureau de presse du Saint-Siège au sujet d'affirmations infondées sur l' IOR et
l'AIF
L’article d’Angela Camuso publié sur l’Unité du 8 février 2012, à la
page 23 et intitulé « Recyclage, quatre prêtres mis en examen. Les silences du Vatican
sur les contrôles », représente un important manque de sérieux de l’enquête de son
auteur.
En premier lieu, deux remarques préalables doivent être faites. 1.
Le titre parle des silences du Vatican. Comme il sera précisé plus loin, ceci est
tout à fait infondé : le Saint-Siège et les autorités du Vatican ont rigoureusement
coopéré avec la magistrature et les autres autorités italiennes. 2. Les accusations
avancées dans l’article reprennent des critiques désormais dépassées. Une recherche
même rapide sur internet prouve que l’article d’aujourd’hui ne constitue en aucun
cas un « scoop ». Il s’agit, en effet, d’accusations « recyclées » que la journaliste
a déjà publiées à plusieurs reprises par le passé. Les évoquer de nouveau ne les rend
pas pour autant véridiques. On peut se demander si l’article ne constitue pas une
forme de publicité pour une émission de télévision du soir.
En ce qui concerne
le contenu de l’article il est précisé ce qui suit.
L’article présuppose que
quatre prêtres – Emilio Messina, Salvatore Palumbo, Orazio Bonaccorsi et Evaldo Biasini
– ont utilisé l’Institut pour les Oeuvres de Religion (I.O.R.) pour recycler de l’argent.
L’accusation principale est que l’I.O.R aurait été impliqué dans une activité illégale
et n’aurait pas secondé les autorités italiennes qui poursuivaient ces personnes.
Ceci est faux.
En premier lieu, l’article ne rapporte pas qu’à partir
des années 2006-2007 l’I.O.R s’est engagé avec détermination dans l’analyse des comptes
de ses clients pour s’assurer de l’existence éventuelle de transactions suspectes
et en référer. Cet engagement de l’I.O.R (que la presse semble étrangement ignorer),
visant à mettre à jour les transactions suspectes, anticipe de quelques années l’adoption
de la Loi N. CXXVII contre le recyclage, en date du 30 décembre 2010, et prise par
l’État de la Cité du Vatican.
En outre, comme les Autorités italiennes le savent,
et comme le met en évidence les documents accessibles au personnel officiel aussi
bien du Saint-Siège que de la République italienne, l’IOR s’est engagé a coopéré régulièrement
avec les autorités italiennes à tous les niveaux. Cela s’est produit, sur demande,
dans le cadre judiciaire entre les autorités spécifiquement compétentes et administratives
relevant de l’I.O.R et ses homologues italiennes. Il faut également souligner que
l’I.O.R a fourni des informations, même en dehors des canaux formels, au cours de
la période précédant la constitution de l’Autorité Vaticane d’Information Financière
(A.I.F.). La coopération du directeur général de l’I.O.R, Paolo Cipriani, a été définie
comme rapide et complète dans les documents des fonctionnaires italiens. En effet,
dans une des affaires, l’action rapide de Paolo Cipriani a permis la mise en examen
d’une des personnes citées.
Après avoir consulté l’A.I.F., on peut préciser
ce qui suit :
Il n’est pas vrai que l’I.O.R. n’a pas fourni d’information
à l’A.I.F. sur les matières en question. Il n’est pas vrai que l’A.I.F. n’a pas
transmis ces informations à l’U.I.F. (Union d’Information Financière Italienne). Pour
ce qui concerne une des personnes citées dans l’article, Mgr Messina, les autorités
italiennes n’ont jamais adressé de demande à l’A.I.F. Il aurait par conséquent été
impossible que l’A.I.F réponde à son homologue italienne.
Tous ces
points relatifs aux communications entre l’A.I.F. et son homologue italienne, apparaissent
dans les documents de l’A.I.F avec des numéros de protocole précis.
L’article,
en outre, ne fait pas mention que l’une des personnes mentionnées – le Révérend Bonaccorsi
– le 6 juin 2011 a été déclarée innocente, sentence confirmée en appel.
L’effet,
malheureusement diffamatoire, de l’article nait de l’emploi du terme « inculpé »,
pour désigner le président de l’I.O.R, le Prof. Ettore Gotti Tedeschi, et le Directeur
Général, Paolo Cipriani. Ni l’un, ni l’autre n’ont jamais été inculpés, mais plutôt
interrogé dans le cadre d’une enquête.
Affaire Viganò : le Gouvernorat
répond point par point (article publié le 04/09/2012)
Le Gouvernorat de
la Cité du Vatican est sorti de son silence dans l’affaire Viganò. Ancien numéro deux
des services administratifs du Vatican, ce dernier s'était plaint de la "corruption"
et des "malversations" dans la gestion du patrimoine du Saint-Siège avant d’être muté
à Washington, fin 2011, avec la charge prestigieuse de nonce apostolique aux États
Unis. Il y a quelques jours, les médias italiens ont publié deux courriers adressés
par Mgr Viganò à ses supérieurs dont le Pape. Dans un long texte publié ce samedi,
le Gouvernorat dément point par point les affirmations contenues dans ces lettres
et réaffirme sa confiance et son estime pour les personnes victimes d’accusations
qui se sont révélées infondées. Le Gouvernorat exprime son amertume et déplore en
passant un certain journalisme irresponsable.
**********
Déclaration
de la Présidence du Gouvernorat de l’État de la Cité du Vatican
1. La publication
abusive des deux lettres de Mgr Carlo Maria Viganò, la première adressée au Pape le
27 mars 2011, la deuxième au Cardinal Secrétaire d’Etat le 8 mai, est source de vive
amertume pour le Gouvernorat de l’Etat de la Cité du Vatican. 1 Les affirmations
que ces lettres contiennent ne peuvent pas ne pas donner l’impression que le Gouvernorat
de l’Etat de la Cité du Vatican, au lieu d’être un organe de gouvernement responsable,
est une entité dont on ne peut se fier, à la merci de forces obscures. Après un examen
attentif du contenu des deux missives, la Présidence du Gouvernorat estime qu’il est
de son devoir de déclarer publiquement que ces affirmations sont le fruit d’évaluations
erronées, ou qu’elles se basent sur des craintes qu’aucune preuve n’a pu étayer et
que, au contraire, les principales personnalités appelées à témoigner, ont ouvertement
démenties. Sans entrer dans le vif de chaque affirmation, la Présidence du
Gouvernorat veut attirer l’attention sur un certain nombre d’éléments certifiés.
2.
Le bilan et le budget du Gouvernorat sont d’abord approuvés par la Commission pontificale
pour l’Etat de la Cité du Vatican, puis soumis à la Préfecture des Affaires économiques
du Saint-Siège, qui les examine dans ses propres locaux et les soumet à son tour à
un collège d’auditeurs internationaux. La Préfecture a d’ailleurs la possibilité d’examiner
à tout moment, sans préavis, la documentation de tous les Services du Gouvernorat
dans le cheminement de sa production.
3. Comme on le sait, les investissements
financiers du Gouvernorat, confiés à des gestionnaires externes, ont essuyé des pertes
importantes lors de la grande crise internationale de 2008. Selon les critères comptables
établis par la Préfecture des Affaires économiques du Saint-Siège conformément aux
critères adoptés en Italie, ces pertes ont été distribuées sur l’exercice 2009 qui
a donc enregistré un déficit de 7 815 000 euros. Il faut par ailleurs relever que,
indépendamment des pertes financières, la gestion du Gouvernorat est restée positive.
On est ainsi passé d’un déficit de 7 815 00 euros en 2009 à un excédent de 21 043
000 euros en 2010 et cela grâce à deux facteurs principaux : à la gestion des investissements
financiers du Gouvernorat, confiée par le Cardinal Président à l’APSA (Administration
du Patrimoine du Siège apostolique) et surtout aux excellents résultats des Musées
du Vatican.
4. Les travaux d’une certaine entité – comme par exemple la restauration
actuellement en cours de la Colonnade de la Place Saint-Pierre ou la construction
de la fontaine de Saint-Joseph – sont donnés en adjudication à la suite d’un concours
et du contrôle effectué par une commission spéciale créée au cas par cas par le Cardinal
Président. Pour les travaux moins importants, la Direction des Services techniques
se sert de son propre personnel ou d’entreprises qualifiées, bien connues, sur la
base des tarifs en vigueur en Italie.
5. La Présidence du Gouvernorat de l’Etat
de la Cité du Vatican exprime sa confiance totale et son estime aux membres du Comité
de Finance et de Gestion et les remercie de la précieuse contribution qu’ils apportent,
avec un professionnalisme reconnu, en consacrant une part de leur temps, sans aucune
charge pour le Gouvernorat, et espère pouvoir continuer à l’avenir à faire appel à
leur compétence. La Présidence confirme par ailleurs sa totale confiance
dans les Directions et divers collaborateurs, puisque, après un examen approfondi,
les soupçons et les accusations se sont révélés infondés, tout comme la nouvelle,
tellement infondée qu’elle en devient ridicule, propagée par un certain journalisme
très peu sérieux, selon laquelle on aurait procédé à des écoutes téléphoniques et
ambiantes dans le cadre d’une procédure administrative et disciplinaire !
6.
La Présidence est bien con science du fait que la gestion du Gouvernorat, quoique
déjà bien organisée et profitable, peut être ultérieurement perfectionnée conformément
aux recommandations de la Société de Gestion McKinsey, consultée en 2009 par le cardinal
Président suite à une proposition faite par le Comité de Finance et de Gestion. La
réalisation des suggestions de la Société McKinsey a déjà commencé il y a un certain
temps ; elle se poursuivra dans le même esprit, tandis que la transparence et la rigueur,
adoptée par la Présidence précédente, seront poursuivies, avec le même engagement
et la même sérénité, par l’équipe actuelle.
7. Le Gouvernorat tout entier
– Présidence, Directeurs, Chefs de Service, employés et ouvriers – désire réaffirmer
sa ferme volonté de continuer à déployer ses efforts pour servir le Pape, avec fidélité
et intégrité, conscient du grand honneur et des responsabilités que ce service implique.
Le
texte porte la signature du cardinal Giovanni Lajolo, President émerite, de Mgr Giuseppe
Bertello, Président actuel, de Mgr Giuseppe Sciacca, secrétaire sénéral et de Mgr
Giorgio Corbellini, ancien sous-secrétaire général.
1 NB L'archevêque Carlo
Maria Viganò, secrétaire général du gouvernorat de la Cité du Vatican entre 2009 et
2011 est depuis octobre dernier nonce apostolique aux Etats-Unis. L'ancien numéro
deux des services administratifs du Vatican s'était plaint de la "corruption" et des
"malversations" dans la gestion du patrimoine du Saint-Siège. Les médias italiens
ont rendu publiques ces derniers jours des lettres de Mgr Viganò adressées à ses supérieurs,
notamment au pape Benoît XVI, dans lesquelles il dénonçait la situation "désastreuse"
découverte à sa prise de fonction, sur fond de de népotisme et de favoritisme. Il
se plaignait de voir les contrats toujours attribués aux mêmes entreprises à des prix
selon lui exagérés. Il se disait victime d'une campagne de dénigrement de la part
de responsables du Vatican hostiles à sa politique de rigueur et considérait sa mutation
à Washington comme "un verdict de condamnation" et une "punition". Une note du
Bureau de presse du Saint-Siège avait déjà déploré cette désinformation.