Les évêques indiens veulent garantir la dignité des plus pauvres
Les évêques indiens sont réunis jusqu’au 8 février à Bangalore pour leur XXX° Assemblée
générale. La rencontre sur le thème « Le rôle de l’Église pour une Inde meilleure
» s’est ouverte le 1er février. Parmi les nombreux dossiers abordés : les
problèmes liés aux « conversions interdites », aux limitations de la liberté religieuse
et aux discriminations envers les chrétiens. Mais c’est surtout du rôle joué par l’Église
auprès des plus pauvres dont il est question. Le Cardinal Oswald Gracias, Président
de la Conférence épiscopale indienne, a appelé à éradiquer toutes les formes de déshumanisation
dans le pays : « le rôle spécifique de l’Église a-t-il déclaré est de garantir la
dignité des plus pauvres » Le Cardinal Peter Turkson, Président du Conseil pontifical
Justice et Paix est lui aussi intervenu devant les évêques indiens indiquant qu’il
fallait accorder une grande importance aux valeurs spirituelles afin de contribuer
au progrès et au développement équilibré et pleinement humain de l’Inde. Retour sur
ces déclarations et sur le contenu des discussions avec Mgr Yvon Ambroise, évêque
de Tuticorin, coordinateur de la Caritas Asie, interrogé par Hélène Destombes
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précédent ASIE/INDE - Bangalore (Agence Fides) - Dans le cadre de l'Assemblée
des Evêques indiens qui se tient actuellement à Bangalore (1er - 8 février), sont
examinés les problèmes liés aux «conversions interdites », aux limitations de la liberté
religieuse et aux discriminations envers les chrétiens, thèmes à propos desquels les
Evêques, indique une source de Fides, ont lancé un intense débat. La discussion
a été lancée par le rapport du Pr. T. K. Oommen, sociologue chrétien, professeur émérite
à la « Jawaharlal Nehru University » qui a insisté sur l'urgence de corriger l'image
déformée de l'Eglise « en tant qu'entité engagée dans une oeuvre de conversions religieuses
». Ceci, a-t-il noté, « constitue une perception courante » qu'il faut combattre afin
de communiquer «la juste image de l'Eglise ». Le Pr. Oommen a défendu le droit de
tous les citoyens indiens garanti par la Constitution, de professer leur religion
et de la propager ainsi que le droit inaliénable de la conscience individuelle à changer
de religion. Un certain nombre d'Evêques, au sein des groupes de travail, a rappelé
que l'Inde a approuvé une série de lois pour interdire la conversion, destinées essentiellement
aux missionnaires chrétiens. Le premier Etat à approuver une « loi sur la liberté
religieuse » (qui de facto est une loi qui interdit les conversions) a été l'Orissa
en 1967, suivi par le Madhya Pradesh en 1968 et par l'Arunachal Pradesh en 1978. Par
la suite, le gouvernement du parti nationaliste hindou « Bharatiya Janata Party »
l'a introduite au Gujarat en 2003 et au Chhattisgarh en 2006, année où elle est également
entrée en vigueur en Himachal Pradesh. Sur la base de telles dispositions, de nombreux
missionnaires, accusés de « faire des conversions », ont dû subir des procès et aujourd'hui
encore, les groupes extrémistes utilisent ces accusations pour frapper les responsables
et les fidèles chrétiens. La conversion à l'hindouisme n'est en revanche pas un délit
et les groupes hindous continuent à convertir o uvertement les populations tribales
à l'hindouisme. En outre, comme l'ont indiqué à Fides des sources au sein de la
société civile indienne, de nombreuses organisations des groupes religieux hindous
reçoivent des subventions du Ministère de la Justice sociale, du Ministère pour le
Développement des ressources humaines, du Ministère pour les Affaires tribales en
vue de la construction d'écoles et de centres sociaux en faveur de membres des plus
basses castes ou des populations tribales. Ces organisations hindoues adoptent les
mêmes méthodes que les missionnaires, offrant assistance sociale et instruction :
« Dans ce contexte, le rôle de l'Etat, quelque soit le parti au pouvoir, est visiblement
partisan » déclare à Fides Suhas Chakma, responsable de l'ONG « Asian Centre for Human
Rights » ayant son siège à New Delhi. Chakma indique à Fides : « La foi religieuse
est une question privée qui concerne la conscience individuelle et ne doit pas être
réglementée par l'Etat. On sait que de nombreux dalits, bien que chrétiens, s'identifi
ent légalement comme hindous afin d'obtenir les bénéfices sociaux qui leur sont réservés
et qui sont niés aux dalits chrétiens, de manière discriminatoire. De telles négations
de droits fondamentaux constituent des violations de la Constitution et font de l'Inde
une nation christianophobe ». (PA) (Agence Fides 03/02/2012)