Sénégal : « le pouvoir pour servir et non pour se servir »
Au Sénégal, le Conseil Constitutionnel a validé les candidatures pour l’élection présidentielle
du 26 février prochain. La candidature d’Abdoulaye Wade, le président sortant, a été
confirmée À 85 ans, il se présente donc pour la troisième fois. Une décision qui a
suscité des vives critiques, notamment de la part de l’opposition. Les candidatures
des opposants Macky Sall, Idrissa Seck et Cheikh Tidiane Gadio, ont aussi été acceptées.
En revanche, celle du chanteur Youssou N’Dour a été rejetée. Dans leur message du
19 janvier 2012, les évêques avaient plaidé pour « le respect strict de l'esprit et
de la lettre de la Constitution, gage du consensus national. » Cette décision
porte-t-elle un coup dur à la démocratie ? L’abbé Marcel Mbaye Diouf, chancelier de
l’archidiocèse de Dakar et secrétaire du cardinal Théodore Adrien Sarr, nous a fait
part de sa réaction. Pour lui, il est essentiel de rappeler le sens de l'autorité
: « le pouvoir tel que nous le comprenons, c'est pour servir et non pour se servir
». Aujourd'hui, il faut « savoir respecter la volonté du peuple ». Écoutez Propos recueillis
par Marie-Leila Coussa
*********** Les "Equipes enseignantes du Sénégal
(EES)", une structure de l’Eglise catholique locale, s’inquiètent du climat politico-social
tendu dans le pays, qualifié même de "délétère". Les évêques du Sénégal s’étaient
déjà déclarés "préoccupés au plus haut point", il y a deux semaines, par la situation
préélectorale marquée par des violences physiques et verbales. Le climat politique
est marqué à la fois par les déclarations peu rassurantes des hommes politiques, les
perturbations dans le milieu éducatif et les violences verbales et physiques qui vont
en crescendo, soulignent les "EES". L’organisation regroupe des enseignants catholiques
du préscolaire, de l’élémentaire, du moyen secondaire général et technique, et de
l’université. Au moins trois personnes ont été tuées entre vendredi soir et lundi,
dans divers incidents politiques, montrant à quel point ce climat politico-social
est tendu dans le pays, à l’approche du début de la campagne, le 5 février, pour l’élection
présidentielle du 26 févier. Le Conseil constitutionnel, la plus haute instance
judiciaire du Sénégal, a publié dans la nuit de dimanche la liste définitive des 11
candidats, dont celle du président sortant, Abdoulaye Wade, 86 ans, et celles de deux
femmes, retenus pour ce scrutin. Elle a rejeté, en revanche les dossiers de trois
autres candidats, parmi lesquels, le célèbre musicien, Youssou N’dour. Certains
partis politiques de l’opposition et des organisations de la société civile s’opposent
à la participation du président Wade à la compétition électorale, arguant du fait
qu’il a épuisé ses deux mandats légaux et qu’il n’a pas droit à un troisième mandat.
Les partisans du chef de l’Etat, au pouvoir depuis avril 2000, après son élection
sur la base de la Constitution de 1963, réfutent cet argument, rappelant que la nouvelle
Constitution de 2001, limitant à deux le nombre de mandats présidentiels, ne concerne
pas son premier mandat de sept ans (2000-2007). Appel au calme des confréries musulmanes La
loi n’étant pas rétroactive, elle s’applique au mandat en cours d’expiration, soit
2007-2012. Les prises de positions sans nuances des deux camps exacerbe la tension
politique au Sénégal, amenant, ce week-end, les dignitaires des deux grandes familles
musulmanes - mouride et tidjane - à appeler au calme et au respect des du verdict
du Conseil Constitutionnel,. Elles estiment que le peuple souverain est seul habilité
à trancher, lors de l’élection présidentielle du 26 février. Lors d’une table ronde
organisée jeudi 27 janvier par la télévision privée sénégalaise Walf TV, les représentants
des confréries mourides et tidjanes, ainsi que de l’Eglise catholique, avaient déjà
appelé au respect de la décision Conseil constitutionnel quelle qu’elle soit. Dans
le même temps, le système éducatif du pays est paralysé depuis plusieurs mois, à la
suite de mouvements de grèves qui n’ont cessé depuis la rentrée scolaires 2011-2012,
en octobre dernier. Dans un communiqué, publié lundi 30 janvier à Dakar, les "EES"
invitent les Sénégalais à "un examen de conscience", afin d’apporter la paix dans
les cœurs et dans tout le pays, mais aussi d’avoir un espace scolaire et universitaire
pacifié. Le mouvement d’action catholique appelle les autorités gouvernementales et
les syndicats d’enseignants à renouer le fil du dialogue et à ouvrir des négociations
franches, justes et sincères, autour des différentes plateformes revendicatives, en
s’engageant au respect mutuel des protocoles d’accord. Les "EES" demandent aussi aux
les acteurs de la presse de livrer des informations justes et vraies. Dans ce contexte
de climat politique et social tendu, de plus en plus de personnes accusent certains
médias de publier de fausses informations. (apic/ibc/be)