2012-01-28 16:15:03

« Nouveaux défis pour le témoignage des Églises en Europe »


« Nouveaux défis pour le témoignage des Églises en Europe » : c’est sur ce thème qu’étaient réunis à Genève pendant 3 jours (du 26 au 28 janvier), le Comité conjoint de la Conférence des Églises d’Europe (KEK) et du Conseil des Conférences Épiscopales d’Europe (CCEE). La réflexion portait sur les défis démographiques, politiques, économiques et culturels qui se présentent aujourd’hui aux Églises et à la société. Il a notamment été question de la présence des tziganes, du dialogue avec les musulmans et de la situation politique et économique en Europe. Ce vendredi, les participants ont été reçus par Mgr Silvano Tomasi, Nonce Apostolique et Observateur permanant du Saint-Siège auprès des Nations Unies et des autres Organisations internationales à Genève, à qui ils ont confié leurs principales préoccupations RealAudioMP3

Communiqué final
« Nouveaux défis pour le témoignage des Églises en Europe »
Rencontre du Comité conjoint CCEE et KEK à Genève
Le Comité conjoint de la Conférence des Églises d’Europe (KEK) et du Conseil des Conférences épiscopales d’Europe (CCEE) a mis l’accent sur la nécessité d’un témoignage commun des chrétiens face aux nouveaux défis spirituels, démographiques, politiques et économiques qui se présentent à ce continent.
Durant sa rencontre des 26-28 janvier à Genève, le Comité a insisté également sur la nécessité de soutenir les membres des paroisses et des Églises locales touchés par ces développements.
La rencontre de cette année marquait le 40e anniversaire de la création en 1972 du Comité conjoint, la plus haute instance de dialogue entre la KEK et le CCEE, qui se réunit tous les ans.
Dans son allocution d’ouverture, le Président de la KEK, le Métropolite Emmanuel de France, a dit que la crise économique actuelle représente un phénomène qui « suscite des questions quant à la capacité de l’Europe de mettre en œuvre une politique durable pour l’Union Européenne ». Une telle politique doit respecter à la fois la dignité humaine, l’environnement et la diversité culturelle.
Le Président du CCEE, Cardinal Péter Erdő, Primat de Hongrie, a observé que cette rencontre se situe au terme de la Semaine mondiale de prière pour l’unité des chrétiens (18-25 janvier 2012).
Pour lui, l’engagement oecuménique est une nécessité ; il concerne tous les chrétiens, et ne doit pas être laissé uniquement à un petit nombre de spécialistes. « L’Église catholique est engagée sur ce chemin de l’œcuménisme », a-t-il dit.
Œuvrer en faveur de l’oecuménisme n’est pas seulement un effort humain ; c’est aussi une tâche spirituelle qui requiert les prières de tous les chrétiens, conscients que l’unité visible est un don de Dieu, a déclaré le Cardinal Erdő. Il a parlé de la nouvelle évangélisation qui a guidé le travail des fidèles catholiques ces dernières années, ce qui n’aurait pas été possible sans une perspective œcuménique, a dit le Cardinal.
Dans sa présentation du thème principal de la rencontre, le Rev. Alister McGrath, professeur de théologie au King’s College de Londres, a mis en évidence la diffusion en Europe d’une attitude laïque ou « athée » qui tend à reléguer la religion dans le domaine privé, en s’opposant à ce qu’elle puisse influer sur le vie publique. Cette attitude laïque est considérée à tort comme une position neutre.
Les institutions religieuses font l’objet d’une certaine méfiance de la part d’institutions telles que les gouvernements, les banques et les grandes entreprises qui leur reprochent « leur pouvoir, leur manque de transparence, leurs intérêts déguisés et leur mauvaise gestion financière ». Mais d’autre part, il existe un regain d’intérêt pour la “spiritualité », considérée comme une affaire personnelle et individuelle qui ne doit pas être liée nécessairement à l’affiliation institutionnelle.
Qui plus est, les Églises doivent répondre à la critique qui leur est souvent adressée depuis les attentats du 9 septembre 2001, selon laquelle la religion favoriserait l’extrémisme. Elles doivent montrer qu’elles sont porteuses d’un message de modération, tant historique que contemporain, a dit le Rev. McGrath, tout en se montrant « capables de créer du capital social, de promouvoir la tolérance, et surtout d’encourager des modes de penser qui évitent le fanatisme ».
Dans certaines régions d’Europe, le « nouvel athéisme » s’est accompagné d’un nouvel intérêt pour la question de Dieu, a-t-il observé. Pour les Églises c’est une occasion pour participer au débat intellectuel et pour montrer que la foi chrétienne représente un bien pour la société.
Le professeur Gian Carlo Blangiardo, professeur de démographie à l’université de Milan Bicocca, s’est penché sur les défis démographiques auxquels sont confrontées les Églises et la société. Il a souligné la forte baisse de la natalité dans les pays européens, qui s’accompagne d’un vieillissement de la population. Ces tendances représentent un grand défi pour les systèmes de protection sociale européens. En même temps, les changements démographiques conduisent à de nouveaux modèles de vie familiale. Le taux de nuptialité a connu une baisse un peu partout au cours des 40 dernières années, a dit le professeur Blangiardo, et le nombre d’enfants qui naissent hors du mariage ne cesse de croître. Face à cette situation, il a demandé aux Églises de trouver des moyens pour renforcer la famille.
Après avoir réfléchi sur les grandes tendances en cours en Europe, le Comité conjoint a examiné les expériences locales et pastorales des Églises, ainsi que les réponses théologiques et pratiques apportées aux nouveaux défis.
La Rev. Cordelia Kopsch d’Allemagne, Vice-Présidente de la KEK, a constaté qu’en maints endroits les Églises se trouvent confrontées à une baisse du nombre de leurs fidèles et à une baisse de leurs ressources financières. En même temps, elles doivent faire face à une crise spirituelle, à la crise économique et financière, aux changements en cours dans la société, et notamment au nombre croissant d’immigrés, avec la nécessité de renforcer le dialogue interreligieux.
Elle a demandé aux Églises de « résister à la tentation de réduire leur présence dans la sphère publique, car c’est la crédibilité de leur témoignage public qui est en jeu ».
Mgr Matthias Heinrich, Évêque auxiliaire de Berlin, a expliqué que dans un milieu fortement laïcisé, son diocèse s’efforce de transmettre le message chrétien en paroles et en actes. Ce qui nécessite une « évangélisation intérieure » pour renforcer la foi des chrétiens au sein de l’Église et les préparer à l’« évangélisation extérieure » de la société.
Une Église qui évangélise doit être ouverte et ne pas craindre d’être présente dans le domaine public. Une telle présence ne peut se réaliser que « par le témoignage des chrétiens dans leur milieu de travail et de vie, et par la présence de l’Église dans la sphère publique ». L’Église doit profiter des occasions de collaboration avec les médias laïques, en étant présente dans les domaines de l’éducation et de la culture, et en s’efforçant de manifester la foi chrétienne à travers des activités de diaconat, a dit Mgr Heinrich.
Le très Rev. Rauno Pietarinen, de l’Église orthodoxe de Finlande, a décrit les défis pastoraux qui découlent de la crise économique actuelle au niveau local. Pour lui, l’Église doit être capable de faire naître l’espérance même dans les situations que les hommes jugent désespérées. Mgr Józef Michalik, archevêque de Przemyśl, a proposé de promouvoir des expériences de nouvelle évangélisation en Pologne. Il a insisté sur la nécessité d’une présence constante des chrétiens dans la vie publique, car dans nombre de domaines, le monde attend un témoignage du courage de la foi.
Au cours de cette rencontre de trois jours, le Comité conjoint a entendu les rapports sur la situation économique et politique en Europe, sur le travail des Églises auprès des tziganes, et sur les perspectives de coopération dans le dialogue avec les musulmans d’Europe.
Les participants ont visité le Centre oecuménique de Genève où ils ont rencontré les représentants du Conseil mondial des Églises, de la Fédération luthérienne mondiale et de l’Alliance ACT, un réseau d’organisations humanitaires d’inspiration chrétienne. Ils ont également rencontré les membres des Églises locales, et ont été reçus par Mgr Silvano Tomasi, Nonce apostolique et Observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies et des autres Organisations internationales basées à Genève
Le Comité conjoint a exprimé sa solidarité à l’égard des chrétiens qui se trouvent en situation difficile dans le monde, notamment au Moyen Orient et en particulier en Égypte et en Syrie, et ils se sont dits préoccupés par de la violence au Nigeria qui fait de nombreuses victimes.
Membres du Comité conjoint CCEE-KEK qui ont participés à la rencontre 2012
MEMBRES KEK
S.Em. le Métropolite Emmanuel de France, Patriarcat Œcuménique, Président KEK
Évêque Christopher Hill, Église d’Angleterre, Vice Président KEK
OKRin Cordelia Kopsch, EKD United, Allemagne, Vice Présidente KEK
S.Em. le Métropolite Arsenios d’Autriche, Patriarcat Œcuménique
Rev. Rauno Pietarinen, Église orthodoxe de Finlande
Dr. Joanna J. Matuszewska; Église évangélique réformée en Pologne
Pasteur Claire Sixt-Gateuille, Église réformée de France
Rev. Dr. Kaisamari Hintikka, Directeur intérim Églises en dialogue
MEMBRES CCEE
S.Em. Card. Péter Erdő, Archevêque d’Esztergom-Budapest, Président CCEE
S.Exc. Mgr Józef Michalik, Archevêque de Przemyśl, Vice Président CCEE
S.Exc. Mgr Vasile Bizau, Évêque de Maramures
S.Exc. Mgr Matthias Heinrich, Évêque auxiliaire de Berlin
Mgr Piotr Mazurkiewicz, Secrétaire général ComECE
Mgr Duarte da Cunha, Secrétaire Général








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