« Nouveaux défis pour le témoignage des Églises en Europe »
« Nouveaux défis pour le témoignage des Églises en Europe » : c’est sur ce thème qu’étaient
réunis à Genève pendant 3 jours (du 26 au 28 janvier), le Comité conjoint de la Conférence
des Églises d’Europe (KEK) et du Conseil des Conférences Épiscopales d’Europe (CCEE).
La réflexion portait sur les défis démographiques, politiques, économiques et culturels
qui se présentent aujourd’hui aux Églises et à la société. Il a notamment été question
de la présence des tziganes, du dialogue avec les musulmans et de la situation politique
et économique en Europe. Ce vendredi, les participants ont été reçus par Mgr Silvano
Tomasi, Nonce Apostolique et Observateur permanant du Saint-Siège auprès des Nations
Unies et des autres Organisations internationales à Genève, à qui ils ont confié leurs
principales préoccupations
Communiqué
final « Nouveaux défis pour le témoignage des Églises en Europe » Rencontre
du Comité conjoint CCEE et KEK à Genève Le Comité conjoint de la Conférence des
Églises d’Europe (KEK) et du Conseil des Conférences épiscopales d’Europe (CCEE) a
mis l’accent sur la nécessité d’un témoignage commun des chrétiens face aux nouveaux
défis spirituels, démographiques, politiques et économiques qui se présentent à ce
continent. Durant sa rencontre des 26-28 janvier à Genève, le Comité a insisté
également sur la nécessité de soutenir les membres des paroisses et des Églises locales
touchés par ces développements. La rencontre de cette année marquait le 40e
anniversaire de la création en 1972 du Comité conjoint, la plus haute instance de
dialogue entre la KEK et le CCEE, qui se réunit tous les ans. Dans son allocution
d’ouverture, le Président de la KEK, le Métropolite Emmanuel de France, a dit que
la crise économique actuelle représente un phénomène qui « suscite des questions quant
à la capacité de l’Europe de mettre en œuvre une politique durable pour l’Union Européenne
». Une telle politique doit respecter à la fois la dignité humaine, l’environnement
et la diversité culturelle. Le Président du CCEE, Cardinal Péter Erdő, Primat de
Hongrie, a observé que cette rencontre se situe au terme de la Semaine mondiale de
prière pour l’unité des chrétiens (18-25 janvier 2012). Pour lui, l’engagement
oecuménique est une nécessité ; il concerne tous les chrétiens, et ne doit pas être
laissé uniquement à un petit nombre de spécialistes. « L’Église catholique est engagée
sur ce chemin de l’œcuménisme », a-t-il dit. Œuvrer en faveur de l’oecuménisme
n’est pas seulement un effort humain ; c’est aussi une tâche spirituelle qui requiert
les prières de tous les chrétiens, conscients que l’unité visible est un don de Dieu,
a déclaré le Cardinal Erdő. Il a parlé de la nouvelle évangélisation qui a guidé le
travail des fidèles catholiques ces dernières années, ce qui n’aurait pas été possible
sans une perspective œcuménique, a dit le Cardinal. Dans sa présentation du thème
principal de la rencontre, le Rev. Alister McGrath, professeur de théologie au King’s
College de Londres, a mis en évidence la diffusion en Europe d’une attitude laïque
ou « athée » qui tend à reléguer la religion dans le domaine privé, en s’opposant
à ce qu’elle puisse influer sur le vie publique. Cette attitude laïque est considérée
à tort comme une position neutre. Les institutions religieuses font l’objet d’une
certaine méfiance de la part d’institutions telles que les gouvernements, les banques
et les grandes entreprises qui leur reprochent « leur pouvoir, leur manque de transparence,
leurs intérêts déguisés et leur mauvaise gestion financière ». Mais d’autre part,
il existe un regain d’intérêt pour la “spiritualité », considérée comme une affaire
personnelle et individuelle qui ne doit pas être liée nécessairement à l’affiliation
institutionnelle. Qui plus est, les Églises doivent répondre à la critique qui
leur est souvent adressée depuis les attentats du 9 septembre 2001, selon laquelle
la religion favoriserait l’extrémisme. Elles doivent montrer qu’elles sont porteuses
d’un message de modération, tant historique que contemporain, a dit le Rev. McGrath,
tout en se montrant « capables de créer du capital social, de promouvoir la tolérance,
et surtout d’encourager des modes de penser qui évitent le fanatisme ». Dans certaines
régions d’Europe, le « nouvel athéisme » s’est accompagné d’un nouvel intérêt pour
la question de Dieu, a-t-il observé. Pour les Églises c’est une occasion pour participer
au débat intellectuel et pour montrer que la foi chrétienne représente un bien pour
la société. Le professeur Gian Carlo Blangiardo, professeur de démographie à l’université
de Milan Bicocca, s’est penché sur les défis démographiques auxquels sont confrontées
les Églises et la société. Il a souligné la forte baisse de la natalité dans les pays
européens, qui s’accompagne d’un vieillissement de la population. Ces tendances représentent
un grand défi pour les systèmes de protection sociale européens. En même temps, les
changements démographiques conduisent à de nouveaux modèles de vie familiale. Le taux
de nuptialité a connu une baisse un peu partout au cours des 40 dernières années,
a dit le professeur Blangiardo, et le nombre d’enfants qui naissent hors du mariage
ne cesse de croître. Face à cette situation, il a demandé aux Églises de trouver des
moyens pour renforcer la famille. Après avoir réfléchi sur les grandes tendances
en cours en Europe, le Comité conjoint a examiné les expériences locales et pastorales
des Églises, ainsi que les réponses théologiques et pratiques apportées aux nouveaux
défis. La Rev. Cordelia Kopsch d’Allemagne, Vice-Présidente de la KEK, a constaté
qu’en maints endroits les Églises se trouvent confrontées à une baisse du nombre de
leurs fidèles et à une baisse de leurs ressources financières. En même temps, elles
doivent faire face à une crise spirituelle, à la crise économique et financière, aux
changements en cours dans la société, et notamment au nombre croissant d’immigrés,
avec la nécessité de renforcer le dialogue interreligieux. Elle a demandé aux Églises
de « résister à la tentation de réduire leur présence dans la sphère publique, car
c’est la crédibilité de leur témoignage public qui est en jeu ». Mgr Matthias Heinrich,
Évêque auxiliaire de Berlin, a expliqué que dans un milieu fortement laïcisé, son
diocèse s’efforce de transmettre le message chrétien en paroles et en actes. Ce qui
nécessite une « évangélisation intérieure » pour renforcer la foi des chrétiens au
sein de l’Église et les préparer à l’« évangélisation extérieure » de la société. Une
Église qui évangélise doit être ouverte et ne pas craindre d’être présente dans le
domaine public. Une telle présence ne peut se réaliser que « par le témoignage des
chrétiens dans leur milieu de travail et de vie, et par la présence de l’Église dans
la sphère publique ». L’Église doit profiter des occasions de collaboration avec les
médias laïques, en étant présente dans les domaines de l’éducation et de la culture,
et en s’efforçant de manifester la foi chrétienne à travers des activités de diaconat,
a dit Mgr Heinrich. Le très Rev. Rauno Pietarinen, de l’Église orthodoxe de Finlande,
a décrit les défis pastoraux qui découlent de la crise économique actuelle au niveau
local. Pour lui, l’Église doit être capable de faire naître l’espérance même dans
les situations que les hommes jugent désespérées. Mgr Józef Michalik, archevêque de
Przemyśl, a proposé de promouvoir des expériences de nouvelle évangélisation en Pologne.
Il a insisté sur la nécessité d’une présence constante des chrétiens dans la vie publique,
car dans nombre de domaines, le monde attend un témoignage du courage de la foi. Au
cours de cette rencontre de trois jours, le Comité conjoint a entendu les rapports
sur la situation économique et politique en Europe, sur le travail des Églises auprès
des tziganes, et sur les perspectives de coopération dans le dialogue avec les musulmans
d’Europe. Les participants ont visité le Centre oecuménique de Genève où ils ont
rencontré les représentants du Conseil mondial des Églises, de la Fédération luthérienne
mondiale et de l’Alliance ACT, un réseau d’organisations humanitaires d’inspiration
chrétienne. Ils ont également rencontré les membres des Églises locales, et ont été
reçus par Mgr Silvano Tomasi, Nonce apostolique et Observateur permanent du Saint-Siège
auprès des Nations Unies et des autres Organisations internationales basées à Genève Le
Comité conjoint a exprimé sa solidarité à l’égard des chrétiens qui se trouvent en
situation difficile dans le monde, notamment au Moyen Orient et en particulier en
Égypte et en Syrie, et ils se sont dits préoccupés par de la violence au Nigeria qui
fait de nombreuses victimes. Membres du Comité conjoint CCEE-KEK qui ont participés
à la rencontre 2012 MEMBRES KEK S.Em. le Métropolite Emmanuel de France, Patriarcat
Œcuménique, Président KEK Évêque Christopher Hill, Église d’Angleterre, Vice Président
KEK OKRin Cordelia Kopsch, EKD United, Allemagne, Vice Présidente KEK S.Em.
le Métropolite Arsenios d’Autriche, Patriarcat Œcuménique Rev. Rauno Pietarinen,
Église orthodoxe de Finlande Dr. Joanna J. Matuszewska; Église évangélique réformée
en Pologne Pasteur Claire Sixt-Gateuille, Église réformée de France Rev. Dr.
Kaisamari Hintikka, Directeur intérim Églises en dialogue MEMBRES CCEE S.Em.
Card. Péter Erdő, Archevêque d’Esztergom-Budapest, Président CCEE S.Exc. Mgr Józef
Michalik, Archevêque de Przemyśl, Vice Président CCEE S.Exc. Mgr Vasile Bizau,
Évêque de Maramures S.Exc. Mgr Matthias Heinrich, Évêque auxiliaire de Berlin Mgr
Piotr Mazurkiewicz, Secrétaire général ComECE Mgr Duarte da Cunha, Secrétaire Général