2012-01-13 16:22:07

Les évêques hongrois défendent la Constitution de Viktor Orbàn


Voulue par le premier ministre Viktor Orbàn, une nouvelle Constitution, remplaçant celle de 1949, est entrée en vigueur le 1er janvier en Hongrie. Or les polémiques, qui ont éclaté dès la présentation du texte, ne s’apaisent pas. La Constitution affirme, entre autres, les valeurs de nation, de famille, de religion, de propriété et opte résolument pour la réaffirmation de l’identité traditionnelle du pays. Autre symbole, le drapeau hongrois retrouve ses armoiries, ceintes de la couronne de saint Étienne. Or cela ne plait pas à tout le monde.
Pour ses nombreux détracteurs, ONG, société civile, Union européenne, Etats-Unis, la nouvelle Constitution est unipartite, nationaliste, discriminatoire et liberticide ; elle viole l’état de droit et sonne le glas de la démocratie. Un point de vue que ne partagent pas les évêques hongrois.

Interrogé sur notre antenne, Mgr János Székely, évêque auxiliaire de Budapest, souligne que le gouvernement actuel de Viktor Orbàn défend des valeurs que l’Eglise considère comme essentielles. La nouvelle Constitution fait ainsi référence à Dieu, au christianisme et à la famille traditionnelle. Le texte défend la protection de la vie humaine dès sa conception ainsi que le mariage, considéré comme l’union de base la plus naturelle entre un homme et une femme et fondement de la famille. Il est clair – commente-t-il – que cela ne peut pas plaire aux intellectuels européens. D’autre part, le monde de la finance n’apprécie pas l’impôt supplémentaire imposé aux banques. Tels sont, selon Mgr János Székely, les vrais motifs, inavoués, des attaques lancées contre Viktor Orbàn. Le prélat approuve également la décision de réduire le nombre d’églises bénéficiant de subventions publiques. Il fallait mettre fin à la prolifération d’églises fictives créées de toutes pièces pour profiter des nombreux avantages prévus par la loi hongroise.
L’évêque auxiliaire de la capitale reconnaît en revanche qu’il y avait dans le texte original des articles qu’il a fallu corriger ou supprimer, comme le contrôle de la presse par l’Etat. D’autre part le gouvernement actuel a commis des erreurs sur le plan financier. Il a notamment donné l’impression de vouloir réduire l’autonomie de la banque centrale. Cela dit, le texte entré en vigueur le 1er janvier est, selon lui, tout à fait compatible avec le droit européen. Si Viktor Orbàn est la cible de tant d’attaques, insiste-t-il, c’est surtout parce qu’il défend des valeurs humaines et chrétiennes.

La nouvelle Constitution a des défenseurs y compris en dehors des frontières hongroises. Ainsi Grégor Puppinck, directeur du Centre européen pour le Droit et la Justice à Strasbourg et expert auprès du Conseil de l’Europe, constate que « la Hongrie n’entend pas se plier au modèle recommandé par les puissances supranationales. Dans une période de crise culturelle et d’échec des idéologies, la Hongrie prouve que le modèle postmoderne occidental n’est pas irrésistible. Il faut arrêter de penser que la globalisation impose nécessairement la postmodernité. Il existe des constantes dans les peuples qu’un siècle ne suffit pas à effacer, n’en déplaise aux idéologues”.

La nouvelle Constitution hongroise qui réforme profondément la Banque centrale, la justice et la loi électorale, inquiète l’Union européenne et les Etats-Unis. L’appellation « république de Hongrie » disparait au profit de Hongrie. Le texte promet de sauvegarder l’unité spirituelle et intellectuelle de la nation. Il limite les prérogatives de la Cour constitutionnelle en matière de budget et de fiscalité. Il offre la citoyenneté aux minorités hongroises vivant sur les territoires perdus en 1920 et situées aujourd’hui principalement en Slovaquie et en Roumanie. Il allonge la durée des mandats des titulaires de postes importants de l'administration à neuf ou douze ans.
Même si le contenu d'une constitution nationale ne relève pas de la compétence des institutions européennes, des voix se sont élevées pour réclamer l’intervention de la Commission européenne. Ainsi Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères, estime que la Commission devrait s’assurer que les nouveaux textes constitutionnels, en Hongrie comme ailleurs, respectent ce qui fait le bien commun de tous les pays de l'Union européenne, c'est-à-dire l'État de droit et le respect des grandes valeurs démocratiques. L'affaire pourrait être portée devant la justice européenne.








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