Benoît XVI tend la main à l'Afrique, avec lucidité et confiance
Benoît XVI a signé ce samedi au Bénin l'exhortation apostolique post-synodale Africae
Munus, qui rassemble les conclusions du II° synode pour l’Afrique de 2009 sur le thème
de la réconciliation, de la justice et de la paix. Un texte qui devrait guider l’action
pastorale de l’Eglise dans un continent confronté à de nombreux défis. Au cours
d’une journée très chargée, le Pape a voulu délivrer un message d’espérance contre
l’image négative que l’on donne généralement de l’Afrique. Il n’a toutefois pas manqué
de déplorer la corruption et les injustices qui peuvent déclencher des réactions violentes
; il a mis en garde contre l’occultisme et les syncrétismes qui égarent ; il a appelé
les responsables politiques et économiques à ne pas priver leurs peuples de l'espérance
; il a averti que le dialogue interreligieux mal compris conduisait à la confusion.
Très à l’aise au milieu d’une population particulièrement chaleureuse et fervente
- des fidèles massés par milliers sous un soleil ardent pour l’accueillir le long
des artères empruntées par la papamobile, une foule qualifiée d’incroyable par son
entourage - Benoît XVI ne cache pas sa confiance pour l’avenir d’une Eglise jeune
et d’un continent dont la gaité, la fraicheur, la vitalité et la spiritualité contrastent
avec le relativisme et le désespoir individualiste constatés en Occident. Le directeur
du Bureau de presse du Saint-Siège a indiqué aux journalistes que le Pape était en
bonne forme, très satisfait, et touché par l’accueil extraordinaire qui lui a été
réservé. La participation fait penser aux voyages de Jean-Paul II en Pologne et au
Mexique. Toujours réservé mais visiblement heureux, le Pape s’exprime sur un ton
résolu, ferme malgré une chaleur écrasante et humide. Pour l’entendre, de nombreuses
personnes sont venues des pays voisins. Nos envoyés sur place ont recueilli les
sentiments d’un séminariste togolais Et d’un prêtre
du Congo RDC
Le discours
prononcé par Benoît XVI, samedi matin, au palais présidentiel de Cotonou restera dans
les annales. Devant tous les pouvoirs constitués, responsables politiques et économiques,
diplomates et représentants d’autres religions, le Pape a sévèrement dénoncé la corruption.
En ce moment, a-t-il dit, il y a trop de scandales et d'injustices, trop de corruption
et d'avidité. (voir notre article sur cette rencontre) Le Père Joseph Ballong a
recueilli sur place la réaction de Maitre Keke Aholou, présidente de la Commission
des Lois a l'Assemblée Nationale du Benin
Et celle de
Monsieur Badjibassa, représentant résidant de l'Union Economique et monétaire de l'Afrique
de l'Ouest
Benoît XVI,
qui mise sur la globalisation de la charité, entend valoriser le rôle du continent
africain, poumon spirituel d’un monde en crise, où l’Eglise peut s’enraciner positivement
dans le contexte sociopolitique, contre la corruption des classes dirigeantes, les
injustices et les discriminations. L'Eglise catholique respecte et aime l'Afrique
et c'est en qualité d'ami que le Pape a voulu s'y rendre pour la deuxième fois depuis
le début de son pontificat. Ecoutez à ce sujet Mgr Barthélémy Adokounou, Secrétaire
du Conseil pontifical pour la culture, béninois et ancien élève de Joseph Ratzinger.
Interrogé par Romilda Ferrauto avant son départ pour le Bénin où il accompagne le
Pape