Discours prononcé par Benoît XVI à son arrivée au Bénin
Texte intégral du discours prononcé par le Pape Benoît XVI, le 18 novembre, à son
arrivée à l'aéroport de Cotonou, capitale économique du Bénin
Monsieur
le Président de la République, Messieurs les Cardinaux, Monsieur le Président
de la Conférence Épiscopale du Bénin, Autorités civiles, ecclésiales et religieuses
présentes, Chers amis, Je vous remercie, Monsieur le Président, pour vos chaleureuses
paroles d’accueil. Vous savez l’affection que je porte à votre continent et à votre
pays. Je désirais revenir en Afrique, et une triple motivation m’a été fournie pour
réaliser ce voyage apostolique. Il y a tout d’abord, Monsieur le Président, votre
aimable invitation à visiter votre pays. Votre initiative est allée de pair avec celle
de la Conférence épiscopale du Bénin. Elles sont heureuses, car elles se situent dans
l’année où le Bénin célèbre le 40ème anniversaire de l’établissement de
ses relations diplomatiques avec le Saint-Siège, ainsi que le 150ème anniversaire
de son évangélisation. Étant parmi vous, j’aurai l’occasion de faire d’innombrables
rencontres. Je m’en réjouis. Elles seront toutes différentes et elles culmineront
dans l’Eucharistie que je célébrerai avant mon départ. Se réalise également
mon désir de remettre sur le sol africain l’Exhortation apostolique post-synodale
Africae munus. Ses réflexions guideront l’action pastorale de nombreuses communautés
chrétiennes durant les prochaines années. Ce document pourra y germer, y grandir et
y porter du fruit « à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un », comme le dit
l'Évangile de Notre Seigneur Jésus-Christ (Mt 13, 23). Enfin, il existe une troisième
raison qui est plus personnelle ou plus sentimentale. J’ai toujours tenu en haute
estime un fils de ce pays, le Cardinal Bernardin Gantin. Durant d’innombrables années,
nous avons tous les deux œuvré, chacun selon ses compétences propres, au service de
la même Vigne. Nous avons aidé au mieux mon prédécesseur, le bienheureux Jean-Paul
II, à exercer son ministère pétrinien. Nous avons eu l’occasion de nous rencontrer
bien des fois, de discuter profondément et de prier ensemble. Le Cardinal Gantin s’était
gagné le respect et l’affection de beaucoup. Il m’a donc semblé juste de venir dans
son pays natal pour prier sur sa tombe et pour remercier le Bénin d’avoir donné à
l’Église ce fils éminent. Le Bénin est une terre d’anciennes et de nobles traditions.
Son histoire est prestigieuse. Je voudrais profiter de cette occasion pour saluer
les Chefs traditionnels. Leur contribution est importante pour construire le futur
de ce pays. Je désire les encourager à contribuer par leur sagesse et leur intelligence
des coutumes, au délicat passage qui s’opère actuellement entre la tradition et la
modernité. La modernité ne doit pas faire peur, mais elle ne peut se construire
sur l’oubli du passé. Elle doit être accompagnée avec prudence pour le bien de tous
en évitant les écueils qui existent sur le continent africain et ailleurs, par exemple
la soumission inconditionnelle aux lois du marché ou de la finance, le nationalisme
ou le tribalisme exacerbé et stérile qui peuvent devenir meurtriers, la politisation
extrême des tensions interreligieuses au détriment du bien commun, ou enfin l’effritement
des valeurs humaines, culturelles, éthiques et religieuses. Le passage à la modernité
doit être guidé par des critères sûrs qui se basent sur des vertus reconnues, celles
qu’énumère votre devise nationale, mais également celles qui s’ancrent dans la dignité
de la personne, la grandeur de la famille et le respect de la vie. Toutes ces valeurs
sont en vue du bien commun qui seul doit primer, et qui seul doit constituer la préoccupation
majeure de tout responsable. Dieu fait confiance à l’homme et il désire son bien.
C’est à nous de Lui répondre avec honnêteté et justice à la hauteur de sa confiance.
L’Église, pour sa part, apporte sa contribution spécifique. Par sa présence,
sa prière et ses différentes œuvres de miséricorde, spécialement dans le domaine éducatif
et sanitaire, elle souhaite donner ce qu’elle a de meilleur. Elle veut se montrer
proche de celui qui est dans le besoin, de celui qui cherche Dieu. Elle désire faire
comprendre que Dieu n’est pas inexistant ou inutile comme on cherche à le faire croire,
mais qu’Il est l’ami de l’homme. C’est dans cet esprit d’amitié et de fraternité que
je viens dans votre pays, Monsieur le Président. (en fon) ACƐ MAWU TƆN NI KƆN
DO BENIN TO Ɔ BI JI (Que Dieu bénisse le Bénin !)