Texte intégral de l'allocution prononcé par le Pape Benoît XVI, le 18 novembre,
en la cathédrale Notre-Dame de la Miséricorde, à Cotonou, au Bénin
Messieurs
les Cardinaux, Monseigneur l’Archevêque et chers frères dans l’Épiscopat, Monsieur
le Recteur de la cathédrale, chers frères et sœurs, L’hymne antique, le Te
Deum, que nous venons de chanter exprime notre louange au Dieu trois fois saint qui
nous rassemble dans cette belle cathédrale Notre-Dame de la Miséricorde. Nous rendons
hommage avec reconnaissance aux anciens archevêques qui y reposent : Monseigneur Christophe
Adimou et Monseigneur Isidore de Sousa. Ils ont été de valeureux ouvriers dans la
Vigne du Seigneur, et leur mémoire reste encore vivante dans le cœur des catholiques
et de nombreux Béninois. Ces deux Prélats étaient, chacun à sa manière, des pasteurs
pleins de zèle et de charité. Ils se sont dépensés sans compter au service de l’Évangile
et du peuple de Dieu, surtout des personnes les plus vulnérables. Vous savez tous
que Monseigneur de Sousa a été un ami de la vérité et qu’il a joué un rôle déterminant
dans la transition démocratique de votre pays. Alors que nous louons Dieu pour
les merveilles dont il ne cesse de combler l’humanité, je vous invite à méditer un
instant sur sa miséricorde infinie. Cette cathédrale s’y prête providentiellement.
L’Histoire du Salut, qui culmine dans l’Incarnation de Jésus et trouve son accomplissement
plénier dans le Mystère pascal, est une révélation éclatante de la miséricorde de
Dieu. Dans le Fils est rendu visible le « Père des miséricordes » (2 Co 1, 3), qui,
toujours fidèle à sa paternité, « se penche sur chaque enfant prodigue, sur chaque
misère humaine, et surtout sur chaque misère morale, sur le péché » (Jean-Paul II,
Dives in misericordia, n. 6). La miséricorde divine ne consiste pas seulement en la
rémission de nos péchés ; elle consiste aussi dans le fait que Dieu, notre Père, nous
ramène, parfois non sans douleur ni affliction ni crainte de notre part, sur le chemin
de la vérité et de la lumière, car il ne veut pas que nous nous perdions (cf. Mt 18,
14 ; Jn 3, 16). Cette double expression de la miséricorde divine montre combien Dieu
est fidèle à l’alliance scellée avec chaque chrétien dans le baptême. En relisant
l’histoire personnelle de chacun et celle de l’évangélisation de nos pays, nous pouvons
dire à la suite du psalmiste : « Je chanterai sans fin les miséricordes du Seigneur
» (Ps 89 [88], 2). La Vierge Marie a expérimenté au plus haut point le mystère
de l’amour divin : « Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent
» (Lc 1, 50), s’exclame-t-elle dans son Magnificat. Par son OUI à l’appel de Dieu,
elle a contribué à la manifestation de l’amour divin parmi les hommes. En ce sens,
elle est Mère de Miséricorde par participation à la mission de son Fils ; elle a reçu
le privilège de pouvoir nous secourir toujours et partout. « Par son intercession
répétée, elle continue à nous obtenir les dons qui assurent notre salut éternel. Son
amour maternel la rend attentive aux frères de son Fils dont le pèlerinage n’est pas
achevé, ou qui se trouvent engagés dans les périls et les épreuves, jusqu’à ce qu’ils
parviennent à la patrie bienheureuse » (Lumen gentium 62). Sous l’abri de sa miséricorde,
les cœurs meurtris guérissent, les pièges du Malin sont déjoués et les ennemis se
réconcilient. En Marie, nous avons non seulement un modèle de perfection, mais aussi
une aide pour réaliser la communion avec Dieu et avec nos frères et nos sœurs. Mère
de miséricorde, elle est un guide sûr des disciples de son Fils qui veulent être au
service de la justice, de la réconciliation et de la paix. Elle nous indique, avec
simplicité et avec un cœur maternel, la seule Lumière et la seule Vérité : son Fils,
le Christ Jésus qui conduit l’humanité vers sa pleine réalisation dans son Père. N’ayons
pas peur d’invoquer avec confiance celle qui ne cesse de dispenser à ses enfants les
grâces divines : Ô Mère de Miséricorde, Nous te saluons, Mère du Rédempteur
; Nous te saluons, Vierge glorieuse ; Nous te saluons, notre Reine ! Ô Reine
de l’espérance, Montre-nous le visage de ton divin Fils ; Guide-nous sur les
chemins de la sainteté ; Donne-nous la joie de ceux qui savent dire Oui à Dieu
! Ô Reine de la paix, Comble les plus nobles aspirations des jeunes d’Afrique
; Comble les cœurs assoiffés de justice, de paix et de réconciliation ; Comble
les espoirs des enfants victimes de la faim et de la guerre ! Ô Reine de la justice, Obtiens-nous
l’amour filial et fraternel ; Obtiens-nous d’être amis des pauvres et des petits
; Obtiens pour les peuples de la terre l’esprit de fraternité ! Ô Notre Dame
d’Afrique, Obtiens de ton divin Fils la guérison pour les malades, la consolation
pour les affligés, le pardon pour les pécheurs ; Intercède pour l’Afrique auprès
de ton divin Fils ; et obtiens pour toute l’humanité le salut et la paix ! Amen.