Caritas Internationalis, une structure de l’Eglise, formellement institutionnalisé
en tant qu'organisme international depuis 1951, est présent dans la plupart des pays
et des diocèses, partout dans le monde. Toutefois, son essence n’est pas très connu
en profondeur ; beaucoup y voient, en fait, un organisme de distribution de nourriture
et de vêtements aux nécessiteux.
Se faire connaître en profondeur est donc
un des défis qu’elle doit relever et Caritas-Afrique a fait sien le projet d’atteindre
cet objectif dans les quatre prochaines années.
Réunie à Lomé, au Togo, du
27 au 30 septembre dernier, sa nouvelle direction, sous l’égide de l’éveque mozambicain
Mgr Francisco João Sílota veut, au-delà de ce défi de communication, rendre visible
la spécificité de Caritas Afrique au sein de la grande famille Caritas Internationalis.
En
dépit de ses énormes richesses, naturelles, humaines et spirituelles, le continent
africain souffre encore de la pauvreté et pour combattre cet état de choses, Caritas
Afrique est consciente que ses efforts ne pourront porter des fruits que s’ils sont
accompagnés d’un engagement de tous à la recherche de solutions tangibles aux problèmes
communs, à la protection de la chose commune et surtout à la bonne gouvernance.
On
entrevoit donc une Caritas-Afrique dynamique, engagée et désireuse d’une autonomie
qui puisse lui permettre de répondre au mieux aux besoins des filles et fils du continent.
Cette autonomie n’exclut pas le lien de fraternité au reste de membres de la grande
famille « Caritas Internationalis » au sein de l’Eglise, pour que "tous aient la vie
et qu’ils l'aient en abondance".
L'Eglise aspire, aujourd'hui, plus que jamais
aspirer à être un lieu de Justice, de paix et de réconciliation pour les Africains.
La deuxième Assemblée synodale pour des Évêques pour l'Afrique, qui s'est tenue
au Vatican en Octobre 2009, a cherché à rendre ce projet viable et le Pape Benoît
XVI remettra aux évêques africains l’exhortation post synodale, fruit de ces travaux,
lors de son voyage apostolique au Bénin du 18 à 20 de ce mois de Novembre.
Caritas
Afrique s’est donné pour mission, se mettre au service de la Justice, de la Paix et
de la Réconciliation sur le continent. Il est donc significatif que Caritas-Bénin
ait lancé un appel pressant à ne pas classer ce document dans le tiroir, mais d’en
faire une «boussole», une «inspiration» pour continuer à faire connaître l'identité
de Caritas, de ne pas s'habituer à la pauvreté mais, à y faire face, pour un monde
plus juste. En un mot, s'assurer que chaque membre de Caritas Afrique devienne un
sel de «bonne qualité» pour la terre et une lumière « intense» pour le monde.
Les
évêques du continent pourront ainsi, trouver en Caritas Afrique, un excellent soutien
opérationnel ; un terrain précieux pour la réflexion et l’action.
Caritas étant
une organisation qui fonctionne à plusieurs niveaux: international, national, diocésain
et paroissial, ce qui constitue d’une part une force de branchement capillaire, peut
devenir, d'autre part une faiblesse, si on instaure pas un système de coordination
qui puisse relier ses différentes composantes, sans oublier les urgences telles que
la récente crise alimentaire dans la corne de l’Afrique etc.
Caritas-Afrique
devra donc établir une cartographie d'éventuelles catastrophes, fournir des outils
aptes à répondre efficacement en collaboration avec d’autres organismes humanitaires.
Bien
que plusieurs Caritas Nationales aient encore un long chemin à parcourir pour atteindre
une autonomie financière, certains d'entre eux sont déjà bien engagés sur cette voie
et n’hésitent pas à partager leurs expériences avec les autres.
Un autre
grand défi que l’Eglise Africaine souhaite relever est d’œuvrer en faveur de l’unification
réelle du continent dans son intégralité, sa pacification et sa prospérité pour que
Caritas puisse embrasser tout le continent en une seule Caritas-Afrique, brisant
les différences entre Caritas pour l’Afrique au sud du Sahara, Caritas du Moyen Orient
ou encore Caritas de l’Afrique du Nord.
Cette structuration qui a été, à son
temps, conçue pour des raisons pratiques ne devrait pas devenir un motif de division
et, comme le disait Nkwame Nkrumah, un des illustres fils du continent : "L'Afrique
doit s'unir». Et l'Eglise veut être un modèle dans cette démarche.
(Edité
par Dulce Araujo du Programme portugais de Radio Vatican, synthèse
de Marie-José Muando Buabualo du programme Français pour l’Afrique).