Les évêques d'Asie se penchent sur la crise pédophile
Du 14 au 19 novembre prochains, l’Université de l’Assomption à Bangkok accueillera
en séminaire international les évêques et les formateurs des ministres du culte en
Asie afin d’évaluer l’impact de « la crise liée à la pédophilie » sur leurs
Eglises et de définir des directives sur le sujet. Le séminaire est organisé par le
Bureau pour le clergé de la FABC, la Fédération des Conférences épiscopales d’Asie.
Une vingtaine d'évêques et une cinquantaine de formateurs sont déjà inscrits. Parmi
les intervenants attendus figure Mgr Charles Scicluna, promoteur de justice de la
Congrégation pour la doctrine de la foi à Rome, en charge du dossier des abus sexuels
dans l’Eglise. Pour ce-dernier, il est essentiel que se développe en Asie une "culture
de la divulgation" et que l’Eglise apprenne à "détecter" les actes pédophiles. Selon
Mgr Vianney Fernando, évêque de Kandy (Sri Lanka) et président du Bureau pour le clergé
de la FABC, les responsables de l’Eglise en Asie ne peuvent en effet se contenter
d’estimer que les affaires qui ont secoué ces dernières années les Eglises des Etats-Unis,
d’Europe ou d’Australie ne les concernent pas et que la pédophilie dans l’Eglise est
un problème propre à l’Occident. La pédophilie existe aussi bien en Asie qu’ailleurs
dans le monde, écrit Mgr Fernando dans le document de présentation du séminaire, et
il appartient aux évêques asiatiques de se saisir du problème afin d’en prévenir la
répétition. Pour les participants au congrès, il s'agit de pointer aussi les difficultés
culturelles qui rendent difficile le traitement de ce fléau. Si, dans la culture
occidentale, il est loin d’être aisé pour une victime d’abus sexuels de se singulariser
en dénonçant auprès des responsables de l’Eglise ou auprès de la justice l’agression
dont il a été l’objet, une telle démarche est presque impensable dans la quasi-totalité
des cultures asiatiques où un individu n’est pas appelé à se singulariser par rapport
à sa communauté d’appartenance. Une victime ou ses proches ne chercheront jamais la
confrontation directe avec l’agresseur ou la hiérarchie de l’Eglise, mais choisiront
éventuellement la voie de la dénonciation par lettre anonyme, méthode qui rend difficile
la distinction entre dénonciation fondée et accusation calomnieuse. (Eglises d'Asie)