Fermeture de l'ambassade d'Irlande au Vatican. Une décision lourde de sens
Un choix officiellement dicté par des motifs économiques, mais qui suscite une vive
inquiétude. L’Irlande a décidé de fermer son ambassade près le Saint-Siège. Les évêques
irlandais ne cachent pas leur mécontentement mais le Vatican affirme que Dublin est
libre de décider. Autrefois considérée comme un bastion du catholicisme en Europe,
l’Irlande a expliqué que sa décision, regrettable mais nécessaire, était liée à la
crise économique et non pas aux tensions qui ont surgi après les révélations concernant
les abus sur mineurs commis dans l’Église. Il y a trois mois, on s’en souvient, le
premier ministre et le parlement irlandais avaient accusé l’Église d’avoir saboté
les enquêtes sur les prêtres pédophiles, une attaque sévère et sans précédent. Le
25 juillet, le Saint-Siège avait rappelé pour consultations le nonce apostolique à
Dublin, Mgr Giuseppe Leanza. Entretemps, ce dernier a été nommé à Prague et n’a toujours
pas été remplacé. Au mois de septembre, le Saint-Siège a adressé au gouvernement irlandais
une lettre dans laquelle il reconnaît la gravité des abus commis sur des mineurs et
mais rejette fermement l’accusation d’avoir empêché l’épiscopat irlandais de dénoncer
les prêtres pédophiles aux autorités civiles. D’où l’écho suscité par l’annonce de
la fermeture de l’ambassade. Le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège a
réagi en affirmant que le Vatican prenait acte de la décision irlandaise. "Naturellement
– souligne le Père Lombardi – les États qui entretiennent des rapports diplomatiques
avec le Saint-Siège sont libres de décider, sur la base de leurs moyens et de leurs
intérêts, s’ils souhaitent que leur ambassadeur près le Saint-Siège réside à Rome
ou ailleurs. Ce qui compte ce sont les rapports diplomatiques et cela n'es pas remis
en question". Mais pour les évêques irlandais, cette décision démontre un manque
de considération à l’égard du rôle important joué par le Saint-Siège dans les relations
internationales et pour ses liens historiques avec le peuple irlandais. Le Primat
d’Irlande, le cardinal Sean Brady, archevêque d’Armagh, a exprimé sa profonde déception,
que beaucoup partagent – a-t-il précisé dans un communiqué à l'issue d'un entretien
téléphonique avec le ministre des affaires étrangères. Pour le cardinal Brady, il
s’agit d’une décision déplorable. Il souhaite cependant que l’Irlande et le Saint-Siège
pourront poursuivre leur collaboration diplomatique étroite et fructueuse. Dublin
fermera aussi ses ambassades en Iran et à Timor Est afin de répondre aux objectifs
fixés par l’Union européenne et le FMI et ramener la dette publique à un niveau acceptable.
Tous reconnaissent que l’Irlande est contrainte de procéder à des coupes budgétaires,
mais cette décision est perçue comme un signal préoccupant pour ses rapports avec
le Saint-Siège qui remontent à 1929.