L’absence de Dieu conduit à la déchéance de l’homme et de l’humanisme
Ce jeudi matin à Assise, devant les responsables et Représentants des Églises, des
Communautés ecclésiales et des Religions du monde, 25 ans après la rencontre historique
convoquée par Jean-Paul II, Benoît XVI a évoqué, dans un longs discours, les nouveaux
visages de la violence et de la dissension. Car le monde est plein de dissensions
– a relevé le Pape - et si la liberté est un grand bien, le monde de la liberté s’est
révélé en grande partie sans orientation. La dissension prend de nouveaux et effrayants
visages et la lutte pour la paix doit tous nous stimuler de façon nouvelle. Tout
d’abord il y a le terrorisme souvent à caractère religieux. Que la religion motive
la violence – a réaffirmé avec force Benoît XVI - est une chose qui, en tant que personnes
religieuses, doit nous préoccuper profondément. Nous devons affronter ces questions
si nous voulons contester de façon réaliste et crédible le recours à la violence pour
des motifs religieux. Ici se place une tâche fondamentale du dialogue interreligieux
– une tâche qui doit être de nouveau soulignée par cette rencontre. Comme chrétien,
je voudrais dire à ce sujet : oui, dans l’histoire on a aussi eu recours à la violence
au nom de la foi chrétienne. Nous le reconnaissons, pleins de honte. Mais il est absolument
clair que ceci a été une utilisation abusive de la foi chrétienne, en évidente opposition
avec sa vraie nature. Tous ceux qui portent une responsabilité pour la foi chrétienne,
doivent purifier continuellement la religion des chrétiens à partir de son centre
intérieur, afin que – malgré la faiblesse de l’homme – elle soit vraiment un instrument
de la paix de Dieu dans le monde. La seconde typologie de la violence, selon
le Pape, c’est la conséquence de l’absence de Dieu, de sa négation et de la perte
d’humanité. Le « non » à Dieu a produit de la cruauté et une violence sans mesure,
qui a été possible seulement parce que l’homme ne reconnaissait plus aucune norme
et aucun juge au-dessus de lui, mais il se prenait lui-même seulement comme norme.
Les horreurs des camps de concentration montrent en toute clarté les conséquences
de l’absence de Dieu. Benoît XVI a précisé que son objectif n’était pas de s’attarder
sur l’athéisme prescrit par l’Etat, mais plutôt sur la « décadence » de l’homme dont
la conséquence est la réalisation, d’une manière silencieuse et donc plus dangereuse,
d’un changement du climat spirituel. L’adoration de l’argent, de l’avoir et du pouvoir,
se révèle être une contre-religion, dans laquelle l’homme ne compte plus, mais seulement
l’intérêt personnel. Le désir de bonheur dégénère, par exemple, dans une avidité effrénée
et inhumaine qui se manifeste dans la domination de la drogue sous ses diverses formes.
Il y a les grands, qui avec elle font leurs affaires, et ensuite tous ceux qui sont
séduits et abîmés par elle aussi bien dans leur corps que dans leur esprit. En
résumé il existe une conception et un usage de la religion par lesquels elle devient
source de violence d’où la nécessité du dialogue, et de la purification, toujours
nécessaire. D’autre part, la négation de Dieu corrompt l’homme, et le conduit à la
violence. Mais il existe aussi une autre orientation de fond : des personnes auxquelles
n’a pas été offert le don de pouvoir croire et qui, toutefois, cherchent la vérité,
sont à la recherche de Dieu. Elles posent des questions aussi bien à l’une qu’à l’autre
partie. Elles ôtent aux athées militants leurs fausses certitudes, mais elles mettent
aussi en cause les adeptes des religions, pour qu’ils ne considèrent pas Dieu comme
une propriété qui leur appartient, si bien qu’ils se sentent autorisés à la violence
envers les autres. Ces personnes cherchent la vérité, elles cherchent le vrai Dieu,
dont l’image dans les religions, à cause de la façon dont elles sont souvent pratiquées,
est fréquemment cachée. Qu’elles ne réussissent pas à trouver Dieu dépend aussi des
croyants avec leur image réduite ou même déformée de Dieu. Ainsi, leur lutte intérieure
et leur interrogation sont aussi un appel pour les croyants à purifier leur propre
foi, afin que Dieu – le vrai Dieu – devienne accessible. Pour Benoît XVI cette
nouvelle rencontre d’Assise à laquelle ont été invités des non-croyants sert à se
retrouver ensemble dans la marche vers la vérité, à s’engager résolument pour la dignité
de l’homme et à servir ensemble la cause de la paix contre toute sorte de violence
destructrice du droit.