2011-10-14 12:45:37

Il faut sauver le pasteur Nadarkhani


Vives inquiétudes au sein de la communauté internationale pour le pasteur iranien, condamné à mort pour apostasie.

Youcef Nadarkhani, musulman iranien devenu pasteur chrétien, est sous le coup d’une condamnation à mort depuis 2010 pour apostasie. L’heure est à la mobilisation pour la communauté internationale, afin d’obtenir l’annulation d’une exécution qui peut intervenir à tout moment.

La condamnation à mort avait pourtant été annulée en juillet dernier par la Cour suprême pour vice de forme, et l’affaire, renvoyée devant le tribunal de Rasht dans le Ghilan, province d’origine de Youcef Nadarkhani. La Cour l’avait par ailleurs enjoint de se repentir, -comprenons abjurer-, seule condition à une éventuelle libération. Une nouvelle audience a eu lieu fin septembre : décision a été finalement prise de s’en référer au Guide suprême de la Révolution islamique, l’Ayatollah Khamenei. Sa réponse se fait, à l’heure actuelle, toujours attendre.

Youcef Nadarkhani, 32 ans, né de parents musulmans, embrasse la foi chrétienne à 19 ans. Devenu pasteur de la petite Église évangélique d’Iran, il se voit arrêté une première fois en 2006 pour apostasie, mais est relâché deux semaines plus tard. En 2009, il apprend qu’une directive gouvernementale préconise l’apprentissage du Coran à tous les écoliers, quelque soit la religion professée. Nadarkhani proteste auprès de l’école où sont scolarisés ses deux fils, faisant valoir l’article de la Constitution iranienne prônant la liberté de religion. Il est aussitôt arrêté et comparait devant un tribunal pour avoir osé élever une protestation. Les chefs d’accusation se mueront plus tard en « apostasie » et « évangélisation de musulmans ». Il sera condamné à mort en octobre 2010.

Les responsables iraniens ont cependant tenu à réfuter la condamnation « pour apostasie », telle que mentionnée dans les rapports initiaux, et relayée par les médias occidentaux. « La question du crime et de la peine capitale de cet individu n'est pas une question de foi ou de religion. Dans notre régime, personne n'est exécuté pour avoir changé de religion », a soutenu le vice-gouverneur de la région de Ghilan. Aussi, d’autres accusations ont-elles entretemps été portées à l’encontre du pasteur : viol et extorsion. Nadarkhani se voit également taxé de sionisme et coupable de « crimes sécuritaires ». On n’en trouve toutefois aucune mention dans les verdicts de la Cour suprême : Youcef Nadarkhani se voit bel et bien condamné à la pendaison pour avoir « renié l’Islam », et « converti des musulmans au christianisme ».

Les pressions internationales s’accentuent sur le régime iranien, et nombreuses sont les voix qui s’élèvent pour appeler à la libération de Nadarkhani. Catherine Ashton, Haute Représentante de l'Union Européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité appelle « la République islamique d'Iran à respecter ses engagements en matière de droits de l'Homme, y compris en ce qui concerne la liberté de religion ou de conviction, et l'exhorte à ne pas condamner à mort le pasteur Nadarkhani, dont je demande la libération immédiate et sans conditions ». La secrétaire d’Etat américaine Hilary Clinton s’est quant à elle déclaré profondément préoccupée par la répression des minorités religieuses. « Malgré les déclarations du Guide suprême et du président (Mahmoud Ahmadinejad) qui affirment soutenir les droits et les libertés des citoyens iraniens et des peuples de la région, le gouvernement poursuit sa répression contre toute forme de dissidence », a-t-elle ajouté.
Le ministère français des Affaires étrangères a également publié un communiqué, certifiant que cette condamnation constituait, sans conteste, « une violation du pacte international sur les droits civils et politiques auxquels l’Iran a librement souscrit, ainsi que de la Constitution iranienne qui garantit la liberté de religion et de croyance ».

Pour Clémence Martin, de l’ONG « Portes ouvertes », cette pression peut avoir des effets bénéfiques ; et de rappeler l’affaire de ces deux chrétiennes d’origine musulmane, arrêtées et emprisonnées durant 259 jours, puis libérées suite aux injonctions répétées de la communauté internationale. Clémence Martin souligne une situation de plus en plus délicate pour les chrétiens d’Iran, -qui représentent entre 0,4 et 0,8 % de la population-, dont beaucoup sont d’origine musulmane. Les conversions tendraient à se multiplier depuis quelque temps, entraînant par là vexations et persécutions de plus en plus assidues. La conversion est en effet un crime passible de mort, au regard de la Charia, la loi islamique qui régit le pays. Pour certains dignitaires religieux, le christianisme porterait atteinte à la sûreté de l’État et aux valeurs sacrées de l’Islam. Et les problèmes socio-économiques auxquels l’Iran fait face, seraient clairement imputables à la présence « nocive » de ces chrétiens au sein de la population.
(M.A)

Les propos de Clémence Martin sont recueillis par Charles Le Bourgeois RealAudioMP3







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