Le cardinal Sandri condamne les violences du Caire
L’Egypte est sous le choc après de violents affrontements entre chrétiens coptes et
forces de l'ordre dimanche soir au Caire. Une manifestation de coptes dans le centre
de la capitale a dégénéré faisant de nombreux morts et blessés : 24 personnes ont
été tuées et 200 autres blessées. Au moins 40 personnes ont été arrêtées dans la nuit
à la suite à cette nouvelle flambée de violence. Ces heurts suscitent de vives
inquiétudes pour la fragile transition politique et ont relancé les craintes d’aggravation
des tensions confessionnelles. Le cardinal Leonardo Sandri, préfet de la Congrégation
romaine pour les Églises orientales, souligne l'importance du respect de la dignité
humaine et de la liberté religieuse Il est interrogé
par Romilda Ferrauto.
« Nous sommes très proches de nos frères coptes chrétiens,
de tous ceux qui sont morts et des familles qui souffrent en ce moment triste de la
vie du pays. Nous souhaitons que les autorités, que la communauté internationale
puissent aider à surmonter ces moments de tensions, et surmonter les agressions qui
ont lieu en Egypte avec la mise en œuvre de toutes les forces de sécurité qui apportent
sérénité à tous les habitants du pays. » (...)
« Nous souhaitons que
l’Egypte, avec toutes ses composantes, puissent contribuer à la construction d’un
pays dans lequel la démocratie, le respect de la dignité humaine, et le respect de
la liberté religieuse puissent donner un futur de paix, de sérénité et de prospérité
à tous.»
*** Mathilde Auvillain à joint ce lundi matin le cardinal
Antonios Naguib, Patriarche des coptes catholiques d’Alexandrie
« Nous avons
tous été surpris, tristes, pour ces événements imprévus. Ce qui est très curieux,
c’est que tout allait très bien, pacifiquement, et on a vu à l’improviste des attaques,
des coups et des tirs contre les forces de l’ordre qui ont suscité aussi une réaction
opposée. On ne sait pas exactement d’où c’est venu et qui sont les personnes
qui ont causé cela, car jusqu’ au début de l’après-midi tout allait pacifiquement.
Cela reste une énigme et il n’y a aucune réaction de la part des responsables officiels.
»
A l'origine de ces affrontements, une manifestation organisée par les
coptes pour protester contre l'incendie d'une église dans le gouvernorat d'Assouan,
au sud de l'Egypte. Aujourd'hui, les chrétiens d’Égypte sont confrontés à la montée
en puissance des salafistes, ces musulmans extrémistes réapparus sur la scène politique
à la faveur de la révolution. Les coptes vivent dans l'angoisse. Récemment, l’église
de Sole, voisine du quartier du Mokattam au Caire, a été détruite, les deux églises
d’Imbaba en plein cœur du Caire ont été attaquées et brûlées, à Qena, le gouverneur
copte a été mis à l’écart en raison de l’opposition des salafistes, des chrétiens
qui souhaitaient restaurer une église voisine d’Assouan ont été menacés, les deux
gardiens d’une église proche du Fayoum ont été assassinés.
Le Patriarche Antonios
Naguib :
« Cela se répète souvent. Il y a un lieu de culte en construction,
quelque fois c’est un lieu de culte sur lequel on fait une modification, et quelquefois
c’est un lieu de culte qui est construit, avec des permis comme dans ce dernier cas.
Mais les gens ne connaisse pas les procédures et ils considèrent que ça a été construit
sans permis. Et vous savez, pour les églises il y a toujours cette procédure qui demande
un permis de la part des responsables, soit du gouverneur, soit du ministère ou même
du chef de l’État.»
Ce lundi 10 octobre, le Premier ministre égyptien Essam
Charaf a appelé chrétiens et musulmans à la retenue. Selon lui un complot est en cours
dans le but de provoquer le chaos et empêcher les élections qui devraient se tenir
à partir du 28 novembre. Ahmed Al Tayeb, le grand Imam d’Al Azhar, la plus haute
institution de l’islam sunnite a demandé la tenue urgente d’un sommet entre chrétiens
et musulmans.
Le Patriarche Naguib a lancé lui aussi un appel :
«
Nous appelons nos fideles à suivre toujours, dans toutes les manifestations, ou bien
les procédures, ou les demandes, la ligne pacifique, et je suis sûre que c’est ce
qu’ils font. Et d’autre part aussi nous appelons les autorités à prendre
les mesures nécessaires pour assurer aux chrétiens la possibilité d’avoir leur lieux
de cultes sans entrer en affrontement avec les islamistes.»
Le Patriarche
copte Chénouda III a dénoncé quant à lui ces violences et déclaré que « des inconnus
se sont infiltrés dans la manifestation et ont commis les crimes que l'on impute aux
Coptes », après une rencontre avec 70 responsables de son Eglise. « Les
Coptes ont souffert à maintes reprises de problèmes sans que les agresseur ne soient
poursuivis », a-t-il ajouté, en appelant les autorités à « traiter les racines
de ces problèmes ». Le Patriarche a également invité les Coptes à un jeûne
de trois jours à partir de mardi « pour ramener la paix en Egypte ».