Corne de l'Afrique : une génération entière risque d'être perdue
Une conférence de presse était organisée ce vendredi au Vatican au terme d’une réunion
sur la lutte contre la famine dans la Corne de l’Afrique. Depuis la mise en scène
de la mobilisation de la communauté internationale cet été, cette région frappée par
la sécheresse est retombée quasiment dans l’oubli. A l’origine de cette initiative,
le Conseil pontifical Cor Unum, dirigé par le cardinal guinéen Robert Sarah. Selon
lui, il faut dépasser la logique des interventions d’urgence et aller à la racine
du problème : l’avenir de l’Afrique – a-t-il estimé - passe par l’éducation, et c’est
à l’Église que revient la tâche de garantir la présence d’une école dans chaque village.
Le cardinal Sarah a par ailleurs précisé que Benoît XVI avait demandé au Conseil pontifical
Cor Unum de réfléchir à une action à mener avec les autres communautés chrétiennes.
L’administrateur apostolique de Mogadiscio, Mgr Giorgio Bertin et le secrétaire
général de Caritas internationalis, Michel Roy se sont eux aussi exprimés devant les
journalistes. Mgr Bertin a notamment réclamé qu’on agisse également au niveau politique.
Le problème de la Somalie – a-t-il souligné – ce n’est pas seulement la famine, c’est
aussi l’absence d’un État. La communauté internationale et les Nations Unies doivent
s’activer pour trouver une solution internationale. Il faut aller au-delà des sursauts
émotionnels – a-t-il lancé. Jusqu’ici les différentes conférences internationales
ont été des échecs. Un point a été fait sur l'aide d'urgence de l'Eglise catholique
aux victimes de la sécheresse. Collectée par les 163 Caritas, elle devrait atteindre
60 millions d'euros dans les mois prochains. 12 millions de personnes sont directement
concernées par cette catastrophe humanitaire et l’Église a tenu à faire le point sur
la situation pour montrer son plein engagement. Xavier Sartre
Non, l’Église
n’oublie pas la Corne de l’Afrique et ses habitants. Benoît XVI l’a encore évoqué
mercredi dernier lors de l’audience générale. Depuis des années déjà la Caritas, via
ses différentes agences est impliquée dans la région et encore plus depuis des mois,
depuis que l’état de famine a été décrété dans plusieurs pays comme la Somalie, l’Ethiopie
ou le Kenya. 31 millions d’euros ont déjà été récoltés par Caritas à travers le monde
entier et d’ici la fin de l’année, l’agence table sur 60 millions d’euros. Dans cet
effort de tous les jours, les chrétiens s’unissent, notamment les anglicans britanniques.
De cette manière, la Caritas vient directement en aide à 1,1 million de personnes
: des tentes, de l’eau potable, de l’aide de première urgence, de l’aide psychologique
aussi, en priorité accordée aux enfants de moins de cinq ans et aux personnes âgées.
Mais combattre cette famine c’est aussi pour la Caritas, miser sur l’avenir, sur de
nouvelles semences pour éviter que le drame actuel ne se répète. C’est aussi, selon
Mgr Bertin, l’administrateur apostolique de Mogadiscio, soutenir politiquement la
Somalie, un pays sans Etat, et donc sans moyen pour organiser l’aide, pour la répartir
et l’acheminer. L’avenir, c’est aussi, pour le cardinal Sarah, président de Cor Unum,
construire des écoles dans chaque village : c’est selon lui le devoir de l’Eglise
afin de donner les outils intellectuels aux Africains pour affronter leurs défis.
Sur le terrain concrètement l’Église agit par le biais de la Caritas.
Michel Roy, secrétaire général de Caritas Internationalis participait à cette réunion
organisée au Vatican par le conseil pontifical Cor Onum. Il s'exprime au micro de
Xavier Sartre