Il y a 33 ans, le 26 août 1978, les cardinaux réunis en Conclave choisissaient le
Pape du sourire : le Patriarche de Venise, Albino Luciani, devenu Jean-Paul 1er
n’allait occuper sa charge que pendant quelques jours et pourtant il a laissé une
trace profonde dans l’Église. C’est ce que souligne le journaliste et théologien
italien Gianni Gennari. Et il parle en connaissance de cause. Quand il venait à Rome
le futur Pape logeait au petit séminaire où Gianni Gennari enseignait à l’époque.
Ils eurent l’occasion de se rencontrer fréquemment en 1965, à l’occasion de la dernière
session du Concile et puis au moment des Synodes convoqués par Paul VI. Mgr Albino
Luciani avait l’habitude de marcher longuement après les repas, à cause de ses problèmes
de santé. D’un naturel affable, il aimait beaucoup bavarder surtout pendant ses promenades
salutaires dans le jardin. On parlait de tout – raconte Gianni Gennari …..foi, philosophie,
littérature. Le journaliste italien bouscule quelques clichés : "on a dit de lui qu’il
était progressiste, qu’il aurait été favorable à une révolution dans l’Église". Rien
de plus faux. Il était au contraire très attaché aux traditions, extrêmement prudent
en matière d’œcuménisme, soucieux par-dessus tout de divulguer les vérités de la foi,
surtout auprès des plus jeunes ou des personnes moins cultivées.
C’était un
grand catéchiste. Et quand il souriait c’était souvent pour encourager, valoriser
ses interlocuteurs, souligne pour sa part Mgr Bertolone, dans les colonnes de l’Osservatore
romano, le journal du Vatican.Il souriait souvent, c’est vrai, mais il pouvait être
extrêmement ferme et sévère. Ses collaborateurs, prêtres et laïcs, en firent l’expérience
à leurs frais. Le 6 août, à l’annonce de la mort de Paul VI, raconte encore Gianni
Gennari, le nom de Karol Wojtyla était déjà cité par les mieux informés parmi les
papables. Celui du Patriarche de Venise, Albino Luciani, l’était aussi même si certains
redoutaient sa franchise, ses manières très directes, son style percutant, sans détours.
Le 5 septembre, quelques jours après son élection, Jean-Paul 1er allait
être bouleversé par la mort entre ses bras du Métropolite Nikodim, numéro deux du
patriarcat orthodoxe russe, en visite au Vatican. Pour lui ce fut un signe du ciel
l’incitant à travailler pour l’unité des chrétiens. Il n’en eut pas le temps car il
allait à son tour s’éteindre à l’improviste, le 29 septembre 1978, après 33 jours
de pontificat, un des plus brefs de l’histoire.