Suivre Jésus dans la foi c’est marcher avec Lui dans la communion de l’Église
Traduction intégrale de l'homélie prononcée par le Pape le 21 août à Madrid, lors
de la messe conclusive des 26° Journées mondiales de la jeunesse.
Chers
jeunes, Avec la célébration de l’Eucharistie, nous arrivons au moment culminant
de ces Journées Mondiales de la Jeunesse. En vous voyant ici, venus en grand nombre
de tous les horizons, mon cœur est plein de joie, pensant à l’affection spéciale avec
laquelle Jésus vous regarde. Oui, le Seigneur vous aime et il vous appelle ses amis
(cf. Jn 15, 15). Il vient à votre rencontre et il désire vous accompagner dans votre
cheminement pour vous ouvrir les portes d’une vie pleine et vous faire participants
de sa relation intime avec le Père. Pour notre part, conscients de la grandeur de
son amour, nous désirons répondre avec grande générosité à cette marque de prédilection
par la résolution de partager aussi avec les autres la joie que nous avons reçue.
Certes ! Ils sont nombreux de nos jours, ceux qui se sentent attirés par la figure
du Christ et désirent mieux le connaître. Ils perçoivent qu’Il est la réponse à leurs
multiples inquiétudes personnelles. Cependant, qui est-Il réellement ? Comment est-il
possible que quelqu’un qui a vécu sur la terre il y a tant d’années, ait quelque chose
à voir avec moi aujourd’hui ? Dans l’Évangile que nous avons écouté (cf. Mt 16,
13-20), il y a comme deux manières distinctes de connaître le Christ qui nous sont
présentées. La première consiste dans une connaissance externe caractérisée par l’opinion
commune. À la demande de Jésus : « Le Fils de l’homme, qui est-il, d’après ce que
disent les hommes ? », les disciples répondent : « Pour les uns, il est Jean Baptiste,
pour d’autres, Elie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes ». C'est-à-dire
qu’on considère le Christ comme un personnage religieux supplémentaire qui s’ajoute
à ceux connus. S’adressant ensuite personnellement aux disciples, Jésus leur demande
: « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Pierre répond avec des paroles
qui sont la première profession de foi : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant
! » La foi va au-delà des simples données empiriques ou historiques ; elle est la
capacité de saisir le mystère de la personne du Christ dans sa profondeur. Mais,
la foi n’est pas le fruit de l’effort de l’homme, de sa raison, mais elle est un don
de Dieu : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang
qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux ». Elle a son origine dans
l’initiative de Dieu, qui nous dévoile son intimité et nous invite à participer à
sa vie divine même. La foi ne fournit pas seulement des informations sur l’identité
du Christ, mais elle suppose une relation personnelle avec Lui, l’adhésion de toute
la personne, avec son intelligence, sa volonté et ses sentiments, à la manifestation
que Dieu fait de lui-même. Ainsi, la demande de Jésus : « Et vous, que dites-vous
? Pour vous, qui suis-je ? », pousse en fin de compte les disciples à prendre une
décision personnelle par rapport à Lui. La foi et la suite (sequala) du Christ sont
étroitement liées. Et, comme elle suppose suivre le Maître, la foi doit se consolider
et croître, devenir profonde et mûre, à mesure qu’elle s’intensifie et que se fortifie
la relation avec Jésus, l’intimité avec Lui. Même Pierre et les autres apôtres ont
eu à avancer sur cette voie, jusqu’à ce que leur rencontre avec le Seigneur ressuscité
leur ouvre les yeux sur une foi plénière. Chers jeunes, aujourd’hui, le Christ
vous pose également la même demande qu’il a faite aux apôtres : « Et vous, que dites-vous
? Pour vous, qui suis-je ? » Répondez-lui avec générosité et courage comme il convient
à un cœur jeune tel que le vôtre. Dites-lui : Jésus, je sais que tu es le Fils de
Dieu, que tu as donné ta vie pour moi. Je veux te suivre avec fidélité et me laisser
guider par ta parole. Tu me connais et tu m’aimes. J’ai confiance en toi et je remets
ma vie entre tes mains. Je veux que tu sois la force qui me soutienne, la joie qui
ne me quitte jamais. Dans sa réponse à la confession de Pierre, Jésus parle de
l’Église : « Et moi, je te déclare : ‘Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai
mon Église’ ». Que signifie cela ? Jésus bâtit l’Église sur le rocher de la foi de
Pierre qui confesse la divinité du Christ. Oui ! L’Église n’est pas une simple
institution humaine, comme n’importe quelle autre, bien plus elle est étroitement
unie à Dieu. Le Christ lui-même se réfère à elle comme « son » Église. On ne peut
pas séparer le Christ de l’Église, comme on ne peut pas séparer la tête du corps (cf.
1Co 12, 12). L’Église ne vit pas par elle-même, mais elle vit par le Seigneur. Il
est présent au milieu d’elle, et lui donne vie, aliment et force. Chers jeunes,
permettez-moi, en tant Successeur de Pierre, de vous inviter à renforcer cette foi
qui nous a été transmise depuis les Apôtres, à mettre le Christ, le Fils de Dieu,
au centre de votre vie. Mais permettez-moi aussi de vous rappeler que suivre Jésus
dans la foi c’est marcher avec Lui dans la communion de l’Église. On ne peut pas suivre
Jésus en solitaire. Celui qui cède à la tentation de marcher « à son propre compte
» ou de vivre la foi selon la mentalité individualiste qui prédomine dans la société,
court le risque de ne jamais rencontrer Jésus Christ, ou de finir par suivre une image
fausse de Lui. Avoir la foi, c’est s’appuyer sur la foi de tes frères, et que
ta foi serve également d’appui pour celle des autres. Je vous exhorte, chers jeunes
: aimez l’Église qui vous a engendrés dans la foi, vous a aidés à mieux connaître
le Christ et vous a fait découvrir la beauté de son amour. Pour la croissance de votre
amitié avec le Christ, il est fondamental de reconnaître l’importance de votre belle
insertion dans les paroisses, les communautés et les mouvements, ainsi que l’importance
de la participation à l’Eucharistie dominicale, de la réception fréquente du sacrement
du pardon, et de la fidélité à la prière et à la méditation de la Parole de Dieu. De
cette amitié avec Jésus naîtra aussi l’élan qui porte à témoigner la foi dans les
milieux les plus divers, y compris ceux dans lesquels il y a refus ou indifférence.
On ne peut pas rencontrer le Christ et ne pas le faire connaître aux autres. Ne gardez
donc pas le Christ pour vous-mêmes. Transmettez aux autres la joie de votre foi. Le
monde a besoin du témoignage de votre foi, il a certainement besoin de Dieu. Je pense
que votre présence ici, jeunes venus des cinq continents, est une merveilleuse preuve
de la fécondité du mandat de Jésus donné à l’Église : « Allez dans le monde entier.
Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création » (Mc 16, 15). À vous aussi incombe
le devoir extraordinaire d’être des disciples et des missionnaires du Christ dans
d’autres terres et pays où se trouve une multitude de jeunes qui aspirent à de très
grandes choses et qui, découvrant dans leurs cœurs la possibilité de valeurs plus
authentiques, ne se laissent pas séduire par les fausses promesses d’un style de vie
sans Dieu. Chers jeunes, je prie pour vous avec toute l’affection de mon cœur.
Je vous confie à la Vierge Marie, pour qu’elle vous accompagne toujours de son intercession
maternelle et vous enseigne la fidélité à la Parole de Dieu. Je vous demande également
de prier pour le Pape afin que, comme Successeur de Pierre, il puisse continuer à
affermir ses frères dans la foi. Puissions-nous tous dans l’Église, pasteurs et fidèles,
nous rapprocher davantage chaque jour du Seigneur, afin de croître en sainteté de
vie et nous donnerons ainsi un témoignage efficace que Jésus est vraiment le Fils
de Dieu, le Sauveur de tous les hommes et la source vive de leur espérance. Amen.
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Brève
intervention du Pape au début de la messe
Chers jeunes, J’ai pensé beaucoup
à vous en ces heures durant lesquelles nous ne nous sommes pas vus. J’espère que vous
avez pu dormir un peu, en dépit de la rigueur du temps. Je suis sûr qu’à l’aube de
ce jour vous avez levé les yeux au ciel plus d’une fois, et non seulement les yeux,
mais aussi le cœur, et cela vous a permis de prier. Dieu sait tirer de tout le bien.
Avec cette confiance, et sachant que le Seigneur ne nous abandonne jamais, commençons
notre célébration eucharistique pleins d’enthousiasme et fermes dans la foi.