Comment un jeune peut-il être fidèle à la foi chrétienne dans la société actuelle
?
Traduction intégrale de l'allocution du Pape, le samedi 20 août à Madrid, à l'occasion
de la veillée de prière sur l'aérodrome de Cuatro Vientos (Le Pape a dû interrompre
son homélie en raison du mauvais temps)
Chers jeunes,
J’adresse un
salut à tous, et particulièrement aux jeunes qui m’ont posé leurs questions et je
les remercie de la sincérité avec laquelle ils ont exprimé des inquiétudes qui, d’une
certaine manière, traduisent votre aspiration unanime à faire quelque chose de grand
dans votre vie, quelque chose qui vous donne le bonheur en plénitude. Mais comment
un jeune peut-il être fidèle à la foi chrétienne et vivre en cherchant à atteindre
de grands idéaux dans la société actuelle ? Dans l’évangile que nous avons écouté,
Jésus nous donne une réponse à cette question importante : « Comme le Père m’a aimé,
moi aussi je vous ai aimés ; demeurez dans mon amour » (Jn 15, 9). Oui, chers
amis, Dieu nous aime. Telle est la grande vérité de notre vie, celle qui donne sens
à tout le reste. Nous ne sommes pas le fruit du hasard ou de l’irrationnel, mais,
à l’origine de notre existence, il y a un projet d’amour de Dieu. Demeurer dans son
amour, c’est vivre enraciné dans la foi, parce que la foi n’est pas la simple acceptation
de vérités abstraites, mais une relation intime avec le Christ qui nous amène à ouvrir
notre cœur à ce mystère d’amour et à vivre comme des personnes qui se savent aimées
de Dieu. Si vous demeurez dans l’amour du Christ, enracinés dans la foi, vous
rencontrerez, même au milieu des contradictions et des souffrances, la source de la
joie et de l’allégresse. La foi ne s’oppose pas à vos idéaux les plus élevés ; au
contraire, elle les exalte et les porte à leur perfection. Chers jeunes, ne vous conformez
pas à moins qu’à la Vérité et à l’Amour, ne vous conformez pas à moins qu’au Christ.
C’est précisément maintenant au moment où la culture relativiste dominante refuse
et déprécie la recherche de la vérité – la plus haute aspiration de l’esprit humain
– que nous devons proposer avec courage et humilité la valeur universelle du Christ
comme sauveur de tous les hommes et source d’espérance pour notre vie. Lui, qui a
pris sur lui nos afflictions, connaît bien le mystère de la douleur humaine et montre
sa présence aimante à tous ceux qui souffrent. Ceux-ci, à leur tour, unis à la passion
du Christ, participent de plus près à son œuvre de rédemption. En outre, notre attention
désintéressée envers les malades et les personnes dans le besoin sera toujours un
témoignage humble et silencieux du visage de la compassion de Dieu. Chers amis,
qu’aucune adversité ne vous paralyse. N’ayez pas peur du monde, ni de l’avenir, ni
de votre faiblesse. Le Seigneur vous a donné de vivre en ce moment de l’histoire,
pour que, grâce à votre foi, son Nom retentisse sur toute la terre. En cette veillée
de prière, je vous invite à demander à Dieu de vous aider à découvrir votre vocation
dans la société et dans l’Église, et à persévérer en elle avec joie et fidélité. Il
vaut la peine de sentir en nous-mêmes l’appel du Christ et de suivre avec courage
et générosité le chemin qu’il nous propose. Le Seigneur appelle beaucoup d’entre
vous au mariage, où un homme et une femme, en ne formant qu’une seule chair (cf. Gn
2, 24), se réalisent en une profonde vie de communion. C’est un horizon tout à la
fois lumineux et exigeant, un projet d’amour véritable qui se renouvelle et s’approfondit
chaque jour par le partage des joies et des difficultés, et qui se caractérise par
une offrande de la personne tout entière. C’est pourquoi reconnaître la beauté et
la bonté du mariage, c’est être conscient du fait que seul un contexte de fidélité
et d’indissolubilité ainsi que d’ouverture au don divin de la vie est en accord avec
la grandeur et la dignité de l’amour des époux. À d’autres, en revanche, le Christ
lance un appel à le suivre de plus près dans le sacerdoce et la vie consacrée. Que
c’est beau de savoir que Jésus te cherche, te fais confiance et, avec sa voix reconnaissable
entre toutes, te dit aussi à toi : « Suis-moi » (cf. Mc 2, 14). Chers jeunes,
pour découvrir et suivre fidèlement la forme de vie à laquelle le Seigneur appelle
chacun, il est indispensable de demeurer dans son amour comme des amis. Or, comment
se conserve l’amitié sinon par la fréquence des rencontres, la conversation, le fait
d’être ensemble et de partager les joies et les peines ? Sainte Thérèse de Jésus disait
que la prière consistait à « parler de l’amitié en étant bien souvent seuls pour parler
avec celui dont nous savons qu’il nous aime » (cf. Libro de la vida, 8). Je vous
invite encore à demeurer maintenant dans l’adoration du Christ réellement présent
dans l’Eucharistie, à dialoguer avec Lui, à Lui exposer vos questions et à L’écouter.
Chers amis, je prie pour vous de tout cœur ; je vous supplie de prier aussi pour moi.
En cette nuit, demandons au Seigneur qu’attirés par la beauté de son amour, nous vivions
toujours fidèlement comme ses disciples. Amen. Chers amis, merci pour votre joie
et pour votre résistance ! Votre force est plus grande que la pluie. Merci ! Par cette
pluie, le Seigneur nous a envoyé d’abondantes bénédictions. En cela, vous êtes aussi
un exemple.
Salutation en français
Chers jeunes francophones, soyez
fiers d’avoir reçu le don de la foi, c’est elle qui illuminera votre vie à chaque
instant. Appuyez-vous sur la foi de vos proches, sur la foi de l’Église ! Par la foi,
nous sommes fondés dans le Christ. Retrouvez-vous avec d’autres pour l’approfondir,
fréquentez l’Eucharistie, mystère de la foi par excellence. Le Christ seul peut répondre
aux aspirations que vous portez en vous. Laissez-vous saisir par Dieu pour que votre
présence dans l’Église lui donne un élan nouveau !