Le Pape est arrivé à Madrid. L'avion qui le transportait depuis Rome s'est posé sur
le tarmac de l'aéroport de Barajas un peu avant midi. Benoît XVI est en voyage dans
la capitale espagnole où il présidera les XXVI° Journées mondiales de la jeunesse.
Il a été accueilli dans la joie par une foule de pèlerins brandissant des drapeaux
espagnols et du Vatican. L'archevêque de Madrid, le cardinal Antonio Maria Rouco Varela
et le nonce apostolique, Mgr Fratini étaient également présents pour accueillir le
Pape. Tout comme les souverains espagnols, le rois Juan Carlos et la reine Sofia.
Le Pape a prononcé un discours aux autorités durant la cérémonie de bienvenue. Le
voici dans son intégralité :
Majestés, Monsieur le Cardinal Archevêque
de Madrid, Messieurs les Cardinaux, Chers frères dans l’Épiscopat et dans le
Sacerdoce, Autorités nationales, des communautés autonomes et locales, Cher
peuple de Madrid et de l’Espagne toute entière Merci, Majesté, pour votre présence
ici avec la Reine, et pour les paroles si déférentes et affables que vous m’avez adressées
en me souhaitant la bienvenue. Ces paroles me font revivre les inoubliables marques
de sympathie reçues lors de mes visites apostoliques antérieures en Espagne, et plus
particulièrement celles de mon récent voyage à Saint Jacques de Compostelle et à Barcelone.
Je salue très cordialement ceux qui se trouvent présents à Barajas, et ceux qui suivent
cet événement par la radio et la télévision. Je mentionne également avec grande reconnaissance
tous ceux qui, instances ecclésiales et civiles, ont contribué par leurs efforts et
leur travail, avec grand engagement et dévouement, pour que ces Journées Mondiales
de la Jeunesse, de Madrid, puissent bien se dérouler et porter des fruits abondants. Je
désire aussi remercier de tout cœur pour l’hospitalité offerte par tant de familles,
de paroisses, de collèges et d’autres institutions qui ont accueilli les jeunes venus
du monde entier, d’abord dans différentes régions et villes d’Espagne, et maintenant
dans cette grande ville de Madrid, cosmopolite et aux portes grandes ouvertes. Je
viens ici pour rencontrer des milliers de jeunes du monde entier, intéressés par le
Christ ou en recherche de la vérité qui donne un sens authentique à leur existence.
Je viens comme Successeur de Pierre pour les confirmer tous dans leur foi, en vivant
quelques jours d’intense activité pastorale pour annoncer que Jésus-Christ est le
Chemin, la Vérité et la Vie. Pour pousser à l’engagement de construire le Règne de
Dieu dans le monde, et entre nous. Pour exhorter les jeunes à rencontrer personnellement
le Christ-Ami et ainsi, enracinés dans sa Personne, se convertir en disciples fidèles
et en témoins courageux. Pour quoi et par quoi cette multitude de jeunes est-elle
venue à Madrid ? Bien que la réponse devrait être donnée par eux, on peut bien penser
qu’ils désirent écouter la Parole de Dieu, comme l’a proposé la devise de ces Journées
Mondiales de la Jeunesse, de manière qu’enracinés dans le Christ et construits sur
Lui, ils manifestent la fermeté de leur foi. Beaucoup d’entre eux ont écouté la
voix de Dieu, parfois uniquement comme un léger murmure, qui les a poussés à le chercher
avec plus de diligence, et à partager avec les autres l’expérience de la force qu’ils
tiennent dans leur vie. Cette découverte du Dieu vivant anime les jeunes et ouvre
leurs yeux aux défis du monde où ils vivent, avec leurs possibilités et leurs limites.
Ils voient la superficialité, la consommation et l’hédonisme régnants, tant de banalité
au moment de vivre la sexualité, tant de manques de solidarité, tant de corruption.
Et ils savent que sans Dieu il serait difficile d’affronter ces défis et d’être vraiment
heureux, tournant vers lui leur enthousiasme pour l’obtention d’une vie authentique.
Toutefois, avec Lui à leurs côtés, ils obtiendront la lumière pour marcher et des
raisons pour espérer, ne se décourageant pas devant ces hauts idéaux qui motiveront
leur engagement généreux pour construire une société où la dignité humaine et une
vraie fraternité se respectent. Ici, durant ces Journées, ils ont une occasion privilégiée
pour mettre en commun leurs aspirations, échanger entre eux les richesses de leurs
cultures et de leurs expériences, s’encourager mutuellement dans leur cheminement
de foi et de vie, où certains se croient isolés ou ignorés par leur entourage quotidien.
Mais non, ils ne sont pas seuls ! Beaucoup de leurs contemporains partagent leurs
projets et, se confiant entièrement au Christ, ils savent qu’ils ont vraiment un avenir
devant eux et ils ne craignent pas les engagements décisifs qui demandent toute la
vie. Pour cela, les écouter, prier ensemble et célébrer l’Eucharistie avec eux me
causent une immense joie. Les Journées Mondiales de la Jeunesse nous apporte un message
d’espérance, comme une brise d’air pur et juvénile, avec des parfums nouveaux qui
nous remplissent de confiance pour le demain de l’Église et du monde. Certes,
les difficultés ne manquent pas. Des tensions et des confrontations existent en tant
d’endroits du monde, avec même du sang qui coule. La justice et la haute valeur de
la personne humaine se plient facilement à des intérêts égoïstes, matériels et idéologiques.
L’environnement et la nature que Dieu a créés avec tant d’amour ne sont pas respectés
comme il se doit. De plus, beaucoup de jeunes regardent avec préoccupation leur avenir
face à la difficulté de trouver un emploi digne ou bien pour l’avoir perdu ou encore
parce que celui qu’ils ont est précaire et n’est pas assuré. Il y en a d’autres qui
ont besoin d’aide pour ne pas tomber dans les filets de la drogue, d’une aide efficace
si par malheur ils y sont déjà tombés. À cause de leur foi dans le Christ, beaucoup
souffrent en eux-mêmes la discrimination, qui conduit à la dépréciation et à la persécution
ouverte ou larvée qui afflige des régions déterminées de certains pays. Ils sont aussi
sollicités pour s’éloigner de Lui, en les privant des signes de sa présence dans la
vie publique, et en réduisant au silence son Nom même. Pourtant aujourd’hui, je redis
aux jeunes, avec toute la force de mon cœur, que rien ni personne ne vous prive de
la paix ! N’ayez pas honte du Seigneur ! Il n’a rien objecté à se faire l’un de nous
et à faire l’expérience de nos angoisses pour nous élever vers Dieu, et faisant ainsi
il nous a sauvés. Dans ce contexte, il est urgent d’aider les jeunes disciples
de Jésus à demeurer fermes dans la foi et à assumer la belle aventure de l’annoncer
et d’en témoigner ouvertement par leurs propres vies. Un témoignage courageux et plein
d’amour au frère humain, à la fois décidé et prudent, sans cacher sa propre identité
chrétienne, dans un climat de respectueuse connivence avec d’autres options légitimes
et en même temps avec l’exigence du respect dû aux propres convictions. Majesté,
en vous remerciant de nouveau pour l’accueil déférent que vous m’avez réservé, je
désire exprimer mon appréciation et ma proximité à tous les peuples d’Espagne, tout
comme mon admiration pour un pays si riche en histoire et en culture, pour la vitalité
de sa foi qui a fructifié en de nombreux saints et saintes de toutes les époques,
en de nombreux hommes et femmes qui, laissant leur terre, ont apporté l’Évangile aux
limites du monde, et en des personnes droites, solidaires et bonnes de votre pays.
C’est là un grand trésor dont il convient certainement de prendre soin par une attitude
constructive pour le bien commun d’aujourd’hui et pour offrir un horizon lumineux
à l’avenir des nouvelles générations. Même s’il existe actuellement des motifs de
préoccupations, plus grand est l’élan des Espagnols, avec l’ardeur qui les caractérise,
pour les dépasser, et ce qui y contribue le plus ce sont leurs racines chrétiennes
profondes, très fécondes au cours des siècles. A partir d’ici, je salue très cordialement
tous les amis espagnols et madrilènes, et tous ceux qui sont venus d’autres terres.
Durant ces jours je vous serai proche, ayant très présent à l’esprit tous les jeunes
du monde, en particulier ceux qui passent par toutes sortes d’épreuves. Confiant cette
rencontre à la très sainte Vierge Marie, et à l’intercession des saints protecteurs
de ces Journées, je demande à Dieu qu’il bénisse et protège toujours les fils et les
filles d’Espagne. Merci beaucoup.