Sud-Soudan entre espoir et inquiétude. L'Église catholique s'associe aux festivités
Le Sud-Soudan va proclamer samedi son indépendance, se séparant ainsi du reste du
Soudan. L’Église catholique sera largement représentée aux festivités, notamment par
l’archevêque de Nairobi, par le nonce apostolique et des délégations des épiscopats
d’Afrique de l’Est. Si beaucoup s’inquiètent à l’étranger de l’avenir de ce nouvel
État, sur place, l’évêque de Rumbek se montre confiant. Mgr Cesare Mazzolari, missionnaire
combonien présent au Sud Soudan depuis 30 ans, se dit certain que cette nouvelle nation
saura conquérir sa place dans le monde, même s’il reconnait qu’elle aura besoin du
soutien de la communauté internationale. Très active pendant la guerre, l’Église catholique
locale s’est associée aux préparatifs des festivités par des initiatives pastorales
de prière et d’éducation à la réconciliation. Quant au Saint-Siège, il souhaite que
ce 9 juillet marque réellement la fin d’une guerre qui a trop duré. Dans son éditorial
hebdomadaire, le directeur du bureau de presse du Saint-Siège cite un discours prononcé
par Jean-Paul II à Khartoum en 1993, en présence d’une foule énorme et de nombreux
catholiques déplacés du Sud : « le vent qui souffle sur l’Afrique – affirmait le Pape
- impose la mise en place de nouvelles structures, économiques et politiques qui respectent
de manière effective les droits de l’homme et la dignité humaine ». En 18 ans, selon
des estimations, le conflit aurait fait deux millions de tués et quatre millions de
déplacés. Le Père Federico Lombardi reconnaît que le Sud-Soudan sera l’un des pays
les plus pauvres du monde, mais – espère-t-on – libre et en paix. Le Père Lombardi
lance un appel à la solidarité concrète avec cette nouvelle nation, solidarité internationale
et ecclésiale.
Ce jeudi, le président nord-soudanais, Omar el-Béchir, a souhaité
que la jeune nation soit un Etat « stable et sûr », indiquant qu'il comptait se rendre
à la cérémonie d'indépendance du très prochainement 193ème Etat du monde. Un pays
qui va devoir relever de nombreux défis. Pour Christian Delmet, chercheur au CNRS
et spécialiste du Soudan, le Sud-Soudan a même tout à construire. Il est interrogé
par Charles-François Brejon
Les experts
ainsi que des associations chrétiennes appellent à la vigilance, car des défis restent
à relever : le sous-développement est catastrophique, les structures et les infrastructures
sont quasiment inexistantes, la mortalité infantile est parmi les plus élevées du
monde, les risques de dissensions sont persistants ; une situation aggravée par des
mouvements de population de grande ampleur et l’instabilité des frontières. Marie-Leïla
Coussa a interrogé à ce sujet Mgr Michel Dubost, président de la Commission Justice
et Paix de l’épiscopat français, qui s'est récemment rendu sur place. Entretien