Patriarche et évêques du Moyen-Orient témoignent des printemps arabes à Venise
A Venise, le réseau international d’Oasis est réuni à Venise depuis ce lundi 20 juin
et ce jusqu' au 22 juin. Quelles conséquences peuvent avoir les printemps arabes sur
les relations interreligieuses? Quel espoir ont suscité les révolutions tunisienne
ou encore egyptienne ? Ces questions sont abordées lors de cette rencontre par la
fondation Oasis. Le centre d’études et de réflexions créé en 2009 par le Patriarche
de Venise afin de renforcer la connaissance entre chrétiens et musulmans, a en effet
tenu cette année à laisser son comité d’experts accorder une large place à l’actualité
de ces derniers mois au Moyen-Orient. Explications du cardinal Angelo Scola, le Patriarche
de Venise
Ces pistes,
le cardinal Angelo Scola les a d'ores et déjà évoqué dans son discours d’ouverture
ce lundi. Face à la peur d’une prise en main du Moyen-Orient par les islamistes, le
patriarche de Venise insiste sur l’idée d’une nouvelle laïcité qui mettrait les individus
quelque soit leur confession au même rang. Le Patriarche de Venise a ainsi estimé,
sans les juger ni positivement ni négativement, « que les changements en cours au
Moyen-Orient mettaient en évidence le besoin des sociétés civiles à trouver une nouvelles
forme de laïcité qui ne soit pas la séparation entre l’État et la religion mais comme
de nouveaux critères de régulation de l’espace public ». Sa Béatitude le cardinal
Antonios Naguib, Patriarche copte d’Alexandrie nous décrit les changements survenus
en Egypte pour la communauté chrétienne dans l’ère post Hosni Moubarrak Des propos recueillis
par Giancarlo La Vella, notre collègue de la rédaction italienne qui s'est rendu sur
place.
Trouver sa place, un soucis qui appartient en propre à la communauté
chrétienne d'Egypte qui compte quelques 8 millions de coptes, mais qui ne correspond
pas à la réalité de tous comme en témoigne Monseigneur Henri Tessier, l’archevêque
d’Alger
Au Maroc, après
plusieurs manifestations ces derniers mois, le roi Mohammed VI a décidé d’écouter
les revendications de son peuple. Il a présenté vendredi 17 juin un projet de nouvelle
Constitution qui sera soumis à l’approbation populaire par référendum le 1er juillet
prochain. Le texte attribue plus de pouvoir au premier ministre, il fait du berbère
la deuxième langue officielle du pays à côté de l’arabe. Le texte revient également
sur l’égalité homme-femme pour les droits et libertés à caractères civil, politique,
économique, social, culturel et environnemental. Enfin, il garantie la liberté de
culte religieux dans ce pays. Selon Mgr Vincent Landel, archevêque de Rabat, il faut
porter un regard positif sur cette nouvelle Constitution Des propos recueillis
par Marie-Leila Coussa
En Tunisie, le premier pays qui se souleva contre la
pauvreté, le chômage et les 23 ans de pouvoir et d’abus de Ben Ali, le pas en avant
est immense. La petite communauté chrétienne souhaite aujourd'hui et avant tout accompagner
le pays vers la démocratie. Monseigneur Maroun Lahham est l’archevêque de Tunis, la
capitale tunisienne
Le rêve d’une
vie meilleure avec un travail et suffisamment d’argent pour vivre dignement, c’est
d’ailleurs ce qui motiva ces révolutions rappelle le Cardinal Scola. Dans son intervention,
le Patriarche de Venise souligne combien « ces mouvements sont aussi l’expression
d’une certaine idée de l’homme et de la société ». Le cardinal Scola insiste enfin
sur ce que le Pape déjà expliquait dans son encyclique « Caritas in Veritate » : le
monde ne doit pas se contenter d’une mondialisation des produits et des hommes, il
faut participer au developpment de tous, y compris du continent africain.