2011-06-20 09:40:28

Coopération internationale au développement et Environnement en Afrique


Ainsi que l’ancien Secrétaire général des Nations-Unies Koffi Anan a eu souvent l’occasion de le répéter : nombreux sont ceux qui dans le monde continuent d’associer l’Afrique à l’image d’un continent de conflits, de guerres civiles, de pauvreté, catastrophes et difficultés de tous genres. Il est malheureusement avéré que ces calamités sont, au moins pour partie, bien réelles (Cf. Dambisa Moyo, 2009).... Elles constituent la réalité de bon nombre de pays d’Afrique quand ce n’est pas de la totalité d’entre eux. Mais une telle image d’Epinal est-elle le reflet réel du continent ? Tient-elle compte de la diversité de ses spécificités ; de ses disparités internes ?
Naturellement, non ! Une autre Afrique existe, même si elle est peu présente dans les médias et dans les débats publics : c’est l’Afrique des inépuisables ressources humaines et naturelles ; des paysages inviolés et de cette jeunesse bien déterminée à s’engager dans le combat de l’amélioration du futur. Il est déplorable que de telles richesses soient surtout dans les mains de personnes qui les exploitent à leur seul profit, les soustrayant à leurs bénéficiaires légitimes. Et il est également déplorable que l’accaparement illicite des ressources soit facilité par des personnalités locales, mues par l’intérêt personnel et sans égards pour les effets sur l’environnement, au détriment des exigences présentes et futures des communautés locales. L’Afrique s’appauvrit très rapidement de ses propres richesses, conséquence d’actions menées au nom du développement et sous la bannière de la coopération internationale.

Parmi les entrepreneurs étrangers qui investissent savoirs et capitaux dans la recherche minière ou des ressources non-encore disponibles, nombreux sont ceux qui ne sont animés d’aucune volonté de promouvoir la croissance économique africaine ou le bien-être réel des populations locales. Dans la plupart des cas, les multinationales agissent en ignorant totalement les lois de protection de l’environnement et des travailleurs. Aussi l’extraction du pétrole et des minerais, le commerce du bois, la chasse aux espèces animales en danger, la pêche intensive, les expropriations des terres pour produire des biocarburants (sans parler du trafic des êtres humains, véritable aberration de la naturel humaine !) ont-ils fini par avoir un impact négatif sur l’environnement, l’écosystème et le tissus social, accélérant les phénomènes d’immigration, de fuite générale des ressources et aboutissant à un appauvrissement général. Gouvernants et sociétés des pays avancés ; classe dirigeante d’Afrique doivent arriver à la prise de conscience que leur incurie contribue à un rapide déclin de l’Afrique, la prive des forces fondamentales nécessaires à sa régénération : à son développement.

Dans maintes instances internationales les mérites de la coopération sont vantés, mais peu de cas est fait pour une évaluation des bienfaits quantitatifs et qualitatifs que les sociétés locales tireraient de l’aide au développement, des ressources et du commerce mondial. D’où des questions de fond, de plus en plus fréquentes ces jours-ci : les relations internationales tiennent-elles compte des besoins réels des populations ou sont-elles avant tout destinées à assurer les intérêts géostratégiques des Etats les plus forts, des puissances politiques et économiques ? Qui est le véritable gagnant dans les investissements étrangers sur le continent ? Pourquoi, donc, les opérateurs étrangers jouissent-ils d’une sorte d’immunité, même quand ils agissent bien visiblement en dehors des règles du droit international ?
La tentation est grande chez bon nombre d’Etats africains aujourd’hui d’attirer chez eux des capitaux étrangers, prêts en cela à modifier jusqu’à leurs législations nationales quand elles apparaissent comme pouvant poser obstacle ou amoindrir les profits des investisseurs. Mais dans la majeure partie des cas, rien n’est mis en place pour garantir une juste rétribution de l’activité étrangère pour les populations des pays besogneux. Aujourd’hui la question de la possession inconsidérée des terres fait débat, ne serait-ce que parce que bon nombre d’Etats africains connaissent une urbanisation effrénée. En 2009 déjà, l’écologiste kenyane et Prix Nobel de la Paix, Mme Wangari Maathai, s’élevait contre cette urbanisation galopante qui a vu la population urbaine africaine doubler en seulement vingt ans. Elle soulignait le lien direct entre communautés rurales et terres pour un processus d’autosuffisance économique et même dans le cadre de la sauvegarde des traditions locales (Wangari Maathai, 2009).

Combattre les dynamiques de destruction c’est donc placer au premier plan la sauvegarde de la dignité humaine et de l’environnement, en contrôlant l’exploitation des ressources à travers une législation nationale équitable et adéquate. Il est également nécessaire de promouvoir une responsabilité sociale ainsi que la collaboration de tous comme base du développement socio-économique mondial.
Dans l’Encyclique Caritas in Veritate le Pape, parlant du monde de l’économie et de la coopération, affirme que le renforcement des communautés de base et l’amélioration de leurs conditions de vie doivent être considérées comme des priorités absolues… La coopération internationale exige la présence de personnes animées par le souci de participer au processus de développement économique et humain dans un esprit de solidarité, d’engagement et de respect mutuel.
Encore plus récemment, alors qu’il s’adressait à six nouveaux ambassadeurs accrédités au Saint-Siège et venus lui présenter leurs lettres de créances, Benoît XVI réaffirmait qu’il faut « adopter un style de vie respectueux de l’environnement et promouvoir l’usage d’énergies propres qui préservent l’homme et le patrimoine de la Création tout entier : c’est un impératif urgent qui devrait devenir une priorité politique et économique universellement reconnue » (9 juin 2011). Il est par conséquent fondamental de reconnaître la relation directe entre développement humain et sauvegarde de l’environnement.
La solidarité sociale et la responsabilité collective exigent que toute intervention concernant la terre et les ressources naturelles prenne d’abord en considération les effets induits sur la nature et se fasse au bénéfice des communautés locales. Nous le ferons lorsque nous aurons, dans chacune de nos initiatives socio-économiques ou sociopolitiques, le souci de notre responsabilité commune et mettront l’accent sur la centralité de la personne humaine et de son environnement ; que nous témoigneront à l’une et à l’autre un respect plein et inconditionnel.

P. Moses Hamungole, (Programme Anglais-Afrique)







All the contents on this site are copyrighted ©.