L'hommage de Benoît XVI au cardinal Stepinac, grand pasteur et grand chrétien
Dès son arrivée en Croatie, Benoît XVI a invoqué l’intercession du Bienheureux Alojzije
Stepinac. « Face aux défis qui interpellent aujourd’hui l’Église et la société civile
- a dit le Pape dans son discours à l’aéroport - j’invoque sur cette terre et sur
tous ceux qui l’habitent l’intercession et l’aide du Bienheureux Alojzije Stepinac,
Pasteur aimé et vénéré par votre peuple. Puisse-t-il accompagner les jeunes générations
à vivre dans cet amour qui a conduit le Seigneur Jésus Christ à donner sa vie pour
tous les hommes ». Au cours de la courte conférence de presse habituelle, dans
l’avion qui le conduisait de Rome à Zagreb, Benoît XVI avait répondu à la question
d’un journaliste sur l’importance aujourd’hui de cette figure Figure emblématique
de la résistance croate au fascime et au communisme, d’autant que de nombreux croates
espéraient que le cardinal Stepinac serait canonisé pendant ce voyage. Le Pape a répondu
en qualifiant le cardinal Stepinac de « grand pasteur, un grand chrétien, un homme
d’un humanisme exemplaire…appelé à vivre sous deux dictatures opposées, mais toutes
deux antihumanistes : d’abord le régime oustachi, qui semblait pouvoir réaliser le
rêve d’autonomie et d’indépendance, mais en fait cette autonomie était mensongère,
instrumentalisée par Hitler à ses propres fins. Le cardinal Stepinac l’avait très
bien compris et il défendit l’humanisme authentique contre un tel régime ; il défendit
les serbes, les juifs et les tziganes. Puis il y a eu la dictature contraire du communisme
où il a lutté pour la foi, pour la présence de Dieu dans le monde, pour l’humanisme
authentique qui dépend de la présence de Dieu ». Cette lutte pour la vérité contre
l’esprit du temps, pour l’humanisme authentique qui vient de la foi chrétienne, c’est
un grand exemple – a ajouté Benoît XVI – non seulement pour les Croates, mais pour
nous tous. Considéré comme un martyr par les catholiques croates, un témoin héroïque
de la foi chrétienne et comme un traitre par la propagande du régime de Tito, le cardinal
Stepinac, archevêque de Zagreb à partir de 1937, mort en 1960, a été béatifié par
Jean-Paul II en 1998. Après s’être opposé au régime fasciste des oustachis, il défendit
avec audace la liberté religieuse contre le régime de Tito, il fut incarcéré de 1946
à 1951, puis assigné à résidence dans son village natal. Certains historiens lui ont
reproché d’avoir été trop timoré face au régime pro-nazi croate pendant la seconde
guerre mondiale. Des soupçons infondés. Au contraire : dès l'adoption, en avril 1941,
d'une législation anti-serbe et anti-juive, il protesta par écrit auprès du ministre
de l'intérieur. Après le premier massacre collectif de Serbes, il écrivit son indignation
à Pavelic (mai 1941). En novembre, la Conférence des évêques dénonça la procédure
des conversions collectives. Il déclara lors d'une homélie, le 24 octobre 1942 : "Tous
les hommes et toutes les races sont des enfants de Dieu ; tous sans distinction. Ceux
qui sont Gitans, Noirs, Européens ou Aryens ont le même droit de dire Notre père qui
êtes aux cieux. Pour cette raison, l'Église catholique a toujours condamné, et condamne
toujours, toute injustice et violence au nom des théories de classe, de race ou de
nationalité. Il n'est pas possible de persécuter les Gitans et les Juifs parce qu'ils
sont supposés être de race inférieure". C'est pourquoi, Benoît XVI a voulu sans
tarder rendre hommage à sa mémoire. Dimanche, le Pape ira se recueillir sur la tombe
du cardinal Stepinac.