L'Europe risque la régression si elle se ferme à la transcendance
Benoît XVI est allé à la rencontre de la société civile, ce samedi soir à Zagreb,
il s’est adressé aux « milieux qualifiés de la société croate et au Corps diplomatique
» - communautés religieuses, institutions politiques, scientifiques et culturelles,
secteurs artistique, économique, et sportif - un rendez-vous qui figure généralement
au programme de ses visites en Europe. L’occasion pour le Pape de souligner les enjeux
de l’avenir des sociétés européennes. Écoutez le compte-rendu de Thomas Chabolle
La rencontre,
temps fort de ce court déplacement, s'est déroulée dans un lieu symbolique pour l’identité
nationale et culturelle de la Croatie, le théâtre national de Zagreb. Parmi les personnalités
présentes : le métropolite de Zagreb, de l'Église orthodoxe serbe, le grand rabbin
de Croatie et le chef de la communauté musulmane de Croatie. Benoît XVI avait choisi
comme thème central de son discours, celui de la conscience, fondamental pour une
société libre et juste, la conscience « clé de voute pour l’élaboration culturelle
et pour la construction du bien commun ». Et c’est un diagnostic sans complaisance
que le Pape a établi en analysant « la crise de l’Occident ». En Europe, selon
lui, on constate que les grandes conquêtes de l’époque moderne - la liberté de conscience,
les droits humains, la liberté de la science - risquent de s’auto-annuler si la raison
et la liberté se ferment à leur fondement transcendant. La qualité de la vie sociale
et civile, la qualité de la démocratie dépendent en bonne partie de ce point « critique
» qu’est la conscience. Si celle-ci est réduite au domaine du subjectif, où sont reléguées
la religion et la morale, la crise de l’Occident n’a pas de remède et l’Europe est
destinée à la régression. Si au contraire la conscience est redécouverte comme lieu
de l’écoute, de la vérité et du bien, lieu de la responsabilité devant Dieu et devant
les frères en humanité alors il y a de l’espérance pour l’avenir. Le Pape a alors
rappelé que c’est dans la formation des consciences que l’Église offre à la société
sa contribution la plus personnelle et la plus précieuse. Elle enseigne la logique
de la gratuité, le sens de la communauté fondée sur le don, non sur l’intérêt économique
ou sur l’idéologie, mais sur l’amour…. pour la construction d’une cité qui soit accueillante
et hospitalière, et en même temps qui ne soit pas vide, ni faussement neutre, mais
riche de contenus humains, à la forte consistance éthique. Et Benoît XVI a insisté
une fois encore sur l’urgence de rappeler les racines chrétiennes de nombreuses institutions
européennes, ne serait-ce que pour la vérité historique, et de les valoriser dans
la société actuelle.