2011-06-04 18:11:02

Benoît XVI en Croatie. Les discours


Traduction intégrale du discours prononcé par Benoît XVI à son arrivée à l'aéroport de Zagreb, le samedi 4 juin.

Monsieur le Président de la République,
chers Frères dans l’Épiscopat,
illustres Autorités,
chers frères et sœurs !

C’est avec une joie profonde que je viens parmi vous comme un pèlerin, au nom de Jésus Christ. J’adresse mon salut très cordial à la bien-aimée terre croate et, comme successeur de l’apôtre Pierre, j’embrasse tous ses habitants. Je salue particulièrement la communauté catholique : les évêques, les prêtres, les religieux et les religieuses, les fidèles laïcs, spécialement les familles de cette terre fécondée par l’annonce de l’Évangile, espérance de vie et de salut pour tout homme. Je vous présente un salut déférent, Monsieur le Président de la République, ainsi qu’aux autres Autorités civiles et militaires ici présentes. Je vous remercie, Monsieur le Président, pour les paroles courtoises que m’avez adressées, et je vous faits part de mes vœux les meilleurs pour la haute charge qui vous est confiée, et pour la paix et la prospérité de la Nation entière.
Je désire en ce moment m’unir par la pensée aux trois visites pastorales effectuées en Croatie par mon bien-aimé prédécesseur, le Bienheureux Pape Jean-Paul II, et remercier le Seigneur pour la longue histoire de fidélité qui lie votre pays au Saint-Siège. Nous pouvons compter plus de treize siècles de liens forts et spéciaux, expérimentés et consolidés dans des circonstances quelquefois difficiles et douloureuses. Cette histoire est le témoignage éloquent de l’amour de votre peuple pour l’Évangile et pour l’Église. Depuis ses origines, votre nation appartient à l’Europe et lui offre, de façon particulière, sa contribution de valeurs spirituelles et morales qui ont modelé durant des siècles la vie quotidienne et l’identité personnelle et nationale de ses fils. Les défis qui émanent de la culture contemporaine, caractérisée par la différence sociale, par le peu de stabilité, et marquée par un individualisme favorisant une vision de la vie sans obligations et la recherche continue d’« espaces privés », ces défis exigent un témoignage convaincu et un dynamisme entreprenant pour la promotion des valeurs morales fondamentales qui sont à la racine de la vie sociale et de l’identité du vieux Continent. À vingt ans de la proclamation de l’indépendance et à la veille de la pleine intégration de la Croatie dans l’Union Européenne, l’histoire passée et récente de votre pays peut offrir un motif de réflexion à tous les autres peuples du continent, en aidant chacun d’eux et tout son ensemble, à conserver et à revivifier l’inestimable patrimoine commun des valeurs humaines et chrétiennes. Puisse alors cette chère nation, forte de sa riche tradition, contribuer à ce que l’Union Européenne valorise pleinement cette richesse spirituelle et culturelle !
Avec le thème « Ensemble dans le Christ », chers frères et sœurs, je vous rejoins pour célébrer la 1ère Journée Nationale des Familles Catholiques Croates. Que ce moment important soit une occasion pour proposer de nouveau les valeurs de la vie familiale et du bien commun, pour renforcer l’unité, raviver l’espérance et conduire à la communion avec Dieu, fondement de partage fraternel et de solidarité sociale. Je remercie vivement déjà tous ceux qui ont contribué à la préparation et à l’organisation de ma visite. Face aux défis qui interpellent aujourd’hui l’Église et la société civile, j’invoque sur cette terre et sur tous ceux qui l’habitent l’intercession et l’aide du Bienheureux Alojzije Stepinac, Pasteur aimé et vénéré par votre peuple. Puisse-t-il accompagner les jeunes générations à vivre dans cet amour qui a conduit le Seigneur Jésus Christ à donner sa vie pour tous les hommes. Que saint Joseph, gardien attentif du Rédempteur et Patron céleste de votre Nation, avec la Vierge Marie, “Fidelissima Advocata Croatiae” (Protectrice très fidèle de la Croatie), vous obtiennent aujourd’hui et toujours la paix et le salut. Merci !

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Traduction intégrale du discours adressé par le Pape aux membres de la société civile, le samedi 4 juin à Zagreb

Messieurs les Cardinaux,
Mesdames et Messieurs,
Chers frères et sœurs !

Je suis très heureux d’entrer dans le vif de ma visite en vous rencontrant, vous qui représentez les milieux qualifiés de la société croate et le Corps diplomatique. Mon cordial salut va à chacun de vous personnellement et aussi aux réalités vitales auxquelles vous appartenez : aux communautés religieuses, aux institutions politiques, scientifiques et culturelles, aux secteurs artistique, économique, sportif. Je remercie vivement Monseigneur Puljić et le Professeur Zurak pour les paroles courtoises qu’ils m’ont adressées, ainsi que les musiciens qui m’ont accueilli avec le langage universel de la musique. La dimension de l’universalité, caractéristique de l’art et de la culture, est particulièrement conforme au christianisme et à l’Église catholique. Le Christ est pleinement homme, et tout ce qui est humain trouve en lui et dans sa Parole une plénitude de vie et de signification.
Ce splendide théâtre est un lieu symbolique, qui exprime votre identité nationale et culturelle. Pouvoir vous rencontrer ici, tous réunis, est un motif supplémentaire de joie de l’esprit, parce que l’Église est un mystère de communion et elle se réjouit toujours de la communion, dans la richesse des diversités. La participation des Représentants des autres Églises et Communautés chrétiennes, comme ceux des religions juive et musulmane, contribue à rappeler que la religion n’est pas une réalité à part de la société : au contraire elle en est une composante naturelle, qui rappelle constamment la dimension verticale, l’écoute de Dieu comme condition pour la recherche du bien commun, de la justice et de la réconciliation dans la vérité. La religions met l’homme en relation avec Dieu, Créateur et Père de tous, et pour cela elle est une force de paix. Les religions doivent toujours se purifier selon leur essence véritable pour correspondre à leur vraie mission.
Et je voudrais introduire ici le thème central de ma brève réflexion : celui de la conscience. Il est transversal par rapport aux différents domaines qui y sont engagés et il est fondamental pour une société libre et juste, aussi bien au niveau national que supranational. Je pense naturellement à l’Europe, dont la Croatie fait partie depuis toujours au point de vue historique et culturel, tandis qu’elle est sur le point d’y entrer au plan politique et institutionnel. Eh bien, les grandes conquêtes de l’époque moderne, c’est-à-dire la reconnaissance et la garantie de la liberté de conscience, des droits humains, de la liberté de la science et donc d’une société libre, sont à confirmer et à développer en maintenant cependant la rationalité et la liberté ouvertes à leur fondement transcendant, pour éviter que ces conquêtes s’auto-annulent, comme nous devons malheureusement le constater en de nombreux cas. La qualité de la vie sociale et civile, la qualité de la démocratie dépendent en bonne partie de ce point « critique » qu’est la conscience, de la façon dont on l’entend et de tout ce qui est investi pour sa formation. Si la conscience, selon la pensée moderne prédominante, est réduite au domaine du subjectif, où sont reléguées la religion et la morale, la crise de l’Occident n’a pas de remède et l’Europe est destinée à la régression. Si au contraire la conscience est redécouverte comme lieu de l’écoute de la vérité et du bien, lieu de la responsabilité devant Dieu et devant les frères en humanité – qui est la force contre toute dictature – alors il y a de l’espérance pour l’avenir.
Je suis reconnaissant au Professeur Zurak d’avoir rappelé les racines chrétiennes de nombreuses institutions culturelles et scientifiques de ce pays, comme du reste c’est le cas pour tout le continent européen. Rappeler ces origines est nécessaire, même pour la vérité historique, et il est important de savoir lire en profondeur ces racines, pour qu’elles puissent aussi animer l’aujourd’hui. C’est-à-dire qu’il est décisif de saisir le dynamisme qu’il y a – par exemple – dans l’événement de la naissance d’une université, ou d’un mouvement artistique, ou d’un hôpital. Il faut comprendre le pourquoi et le comment cela est arrivé, pour valoriser dans l’aujourd’hui ce dynamisme, qui est une réalité spirituelle qui devient culturelle et donc sociale. À la base de tout, il y a des hommes et des femmes, il y a des personnes, des consciences, mues par la force de la vérité et du bien. Quelques-uns ont été cités, parmi les fils illustres de cette terre. Je voudrais m’arrêter sur le Père Ruđer Josip Bošković, Jésuite, qui naquit à Dubrovnik il y a trois cents ans, le 18 mai 1711. Il personnifie très bien l’heureuse union entre la foi et la science, qui se stimulent mutuellement pour une recherche à la fois ouverte, diversifiée et capable de synthèse. Son œuvre majeure, la Theoria philosophiae naturalis, publiée à Vienne et ensuite à Venise au milieu du dix-huitième siècle, porte un sous-titre très significatif : redacta ad unicam legem virium in natura existentium, c’est-à-dire « selon l’unique loi des forces qui existent dans la nature ». Chez Bošković il y a l’analyse, il y a l’étude des multiples branches du savoir, mais il y a aussi la passion pour l’unité. Et cela est typique de la culture catholique. Pour cette raison la fondation d’une Université catholique en Croatie est un signe d’espérance. Je souhaite qu’elle contribue à faire l’unité entre les divers domaines de la culture contemporaine, les valeurs et l’identité de votre peuple, donnant une continuité au fécond apport ecclésial à l’histoire de la noble Nation croate. Revenant au Père Bošković, les experts disent que sa théorie de la « continuité », valable aussi bien dans les sciences naturelles que dans la géométrie, s’accorde excellemment avec certaines des grandes découvertes de la physique contemporaine. Que dire ? Rendons hommage à l’illustre Croate, mais aussi à l’authentique Jésuite ; rendons hommage au passionné de la vérité qui sait bien combien elle le dépasse, mais qui sait aussi, à la lumière de la vérité, engager à fond les ressources de la raison que Dieu lui-même lui a données.
Au-delà de l’hommage, cependant, il faut mettre à profit la méthode, l’ouverture d’esprit de ces grands hommes. Revenons donc à la conscience comme clé de voute pour l’élaboration culturelle et pour la construction du bien commun. C’est dans la formation des consciences que l’Église offre à la société sa contribution la plus personnelle et la plus précieuse. Une contribution qui commence dans la famille et qui trouve un important renforcement dans la paroisse, où les enfants et les adolescents, et ensuite les jeunes apprennent à approfondir les Saintes Écritures, qui sont le « grand code » de la culture européenne ; et en même temps ils apprennent le sens de la communauté fondée sur le don, non sur l’intérêt économique ou sur l’idéologie, mais sur l’amour, qui est « la force dynamique essentielle du vrai développement de chaque personne et de l’humanité tout entière » (Caritas in veritate, n. 1). Cette logique de la gratuité, apprise dans l’enfance et dans l’adolescence, se vit ensuite dans tous les domaines, dans le jeu et dans le sport, dans les relations interpersonnelles, dans l’art, dans le service volontaire des pauvres et de ceux qui souffrent. Une fois assimilée, elle peut se décliner dans les domaines plus complexes de la politique et de l’économie, participant à la construction d’une cité (polis) qui soit accueillante et hospitalière, et en même temps qui ne soit pas vide, ni faussement neutre, mais riche de contenus humains, à la forte consistance éthique. C’est ici que les fidèles laïcs (christifideles laici) sont appelés à user généreusement de leur formation, guidés par les principes de la Doctrine sociale de l’Église, pour une authentique laïcité, pour la justice sociale, pour la défense de la vie et de la famille, pour la liberté religieuse et la liberté d’éducation.
Chers amis, votre présence et la tradition culturelle croate m’ont suggéré ces brèves réflexions. Je vous les laisse en signe de mon estime et surtout de la volonté de l’Église de marcher au milieu de ce peuple à la lumière de l’Évangile. Je vous remercie de votre attention et de tout cœur je vous bénis tous ainsi que vos proches et vos activités.

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Traduction intégrale du discours prononcé par le Pape au cours de la veillée avec les jeunes, le samedi 4 juin à Zagreb

Chers jeunes,

Je vous salue tous avec beaucoup d’affection ! Je suis particulièrement heureux d’être avec vous sur cette place historique qui est le cœur de la ville de Zagreb. C’est un lieu de rencontres et d’échanges, où prévalent souvent les bruits et les mouvements de la vie quotidienne. Maintenant, votre présence la transforme presqu’en un « temple », dont la voûte est le ciel lui-même qui, ce soir, semble se pencher sur nous. Dans le silence, nous voulons accueillir la Parole de Dieu qui a été proclamée afin qu’elle illumine nos esprits et réchauffe nos cœurs.

Je remercie vivement Mgr Srakić, Président de la Conférence Épiscopale, de ses paroles pour introduire à notre rencontre ; et, de façon particulière, je salue et je remercie les deux jeunes, qui nous ont offert leurs beaux témoignages. L’expérience que Daniel a vécue rappelle celle de saint Augustin : c’est l’expérience de la recherche de l’amour « au-dehors » puis de la découverte qu’il est plus proche de moi que moi-même, qu’il me « touche » en mon for intérieur et me purifie… Mateja, par contre, nous a parlé de la beauté de la communauté, qui ouvre le cœur, l’esprit et le caractère… Merci à tous les deux !

Dans la Lecture qui a été proclamée, saint Paul nous a invités à être « toujours dans la joie du Seigneur » (Ph 4, 4). C’est une parole qui fait vibrer l’âme, si nous considérons que l’Apôtre des nations écrit cette Lettre aux chrétiens de Philippes alors qu’il est en prison, en attente d’être jugé. Il est enchaîné, mais l’annonce et le témoignage de l’Évangile ne peuvent être emprisonnés. L’expérience de saint Paul révèle qu’il est possible, dans notre cheminement, de conserver la joie même dans les moments d’obscurité. À quelle joie se réfère-t-il ? Nous savons tous que dans le cœur de tout homme demeure un fort désir de bonheur. Toute action, tout choix, toute intention renferme en soi cette exigence intime et naturelle. Toutefois, très souvent, nous nous rendons compte que nous avons mis notre confiance en des réalités qui ne satisfont pas ce désir, bien plus, qui montrent toute leur précarité. Et c’est en ces moments que nous expérimentons le besoin de quelque chose qui va « au-delà », qui donne un sens à notre vie quotidienne.

Chers amis, votre jeunesse est un temps que le Seigneur vous donne pour découvrir le sens de l’existence ! C’est le temps des grands horizons, des sentiments vécus avec intensité, mais aussi des peurs pour les choix qui engagent et qui sont durables, des difficultés dans les études et dans le travail, des interrogations sur le mystère de la douleur et de la souffrance. Plus encore, ce temps merveilleux de votre vie porte en lui une aspiration profonde, qui n’annule pas tout le reste mais l’élève pour lui donner sa plénitude. Dans l’Évangile de Jean, Jésus dit en s’adressant à ses premiers disciples : « Que cherchez-vous ? » (Jn 1, 38). Chers jeunes, cette parole, cette question franchit le temps et l’espace, elle interpelle tout homme et toute femme qui s’ouvre à la vie et cherche la juste route… Et voici ce qui est surprenant : la voix du Christ vous répète à vous aussi : « Que cherchez-vous ? ». Jésus vous parle aujourd’hui à travers l’Évangile et l’Esprit Saint, il est votre contemporain. C’est lui qui vous cherche, encore avant que vous ne le cherchiez ! Respectant pleinement votre liberté, il s’approche de chacun de vous et il se propose comme la réponse authentique et décisive à cette aspiration qui vous habite, au désir d’une vie qui vaille la peine d’être vécue. Laissez-le vous prendre par la main ! Laissez-le s’introduire toujours plus comme un ami et un compagnon de route ! Faites-lui confiance, il ne vous décevra jamais ! Jésus vous fait connaître de près l’amour de Dieu le Père, il vous fait comprendre que votre bonheur se réalise dans l’amitié avec lui, dans la communion avec lui, parce que nous avons été créés et sauvés par amour et c’est uniquement dans l’amour, celui qui veut et recherche le bien de l’autre, que nous expérimentons vraiment le sens de la vie et que nous sommes contents de la vivre, même dans les difficultés, les épreuves, les déceptions, en allant aussi à contre-courant.

Chers jeunes, enracinés dans le Christ, vous pourrez vivre pleinement ce que vous êtes. Comme vous le savez, c’est sur ce thème que j’ai écrit mon Message pour la prochaine Journée Mondiale de la Jeunesse, qui nous réunira en août à Madrid et vers laquelle nous sommes en marche. Je suis parti d’une expression incisive de saint Paul : « Soyez enracinés en lui, construisez votre vie sur lui ; restez fermes dans la foi » (Col 2, 7). En grandissant dans l’amitié avec le Seigneur, à travers sa Parole, l’Eucharistie et par votre appartenance à l’Église, avec l’aide de vos prêtres, vous pourrez témoigner à tous votre joie d’avoir rencontré Celui qui vous accompagne constamment et vous appelle à vivre dans la confiance et dans l’espérance. Le Seigneur Jésus n’est pas un Maître qui leurre ses disciples : il dit clairement que marcher avec lui requiert engagement et sacrifice personnel, mais cela en vaut la peine ! Chers jeunes amis, ne vous laissez pas désorienter par des promesses alléchantes de succès faciles, de styles de vie qui privilégient le paraître au détriment de l’intériorité. Ne cédez pas à la tentation de mettre votre confiance entière dans l’avoir, dans les choses matérielles, en renonçant à découvrir la vérité qui va au-delà, comme une étoile haut dans le ciel, là où le Christ veut vous conduire. Laissez-vous conduire vers les hauteurs de Dieu !

Durant le temps de votre jeunesse, le témoignage de nombreux disciples du Seigneur qui, à leur époque, ont vécu en portant dans leur cœur la nouveauté de l’Évangile, vous soutient. Pensez à François et Claire d’Assise, à Rose de Viterbe, à Thérèse de l’Enfant-Jésus, à Dominique Savio : combien de jeunes saints et saintes dans la grande assemblée de l’Église ! Mais ici, en Croatie, nous pensons, vous et moi, au Bienheureux Ivan Merz. Un jeune homme brillant, pleinement inséré dans la vie sociale qui, après la mort de la jeune Greta, son premier amour, entreprend le chemin universitaire. Durant la Première Guerre mondiale, il se trouve face à la destruction et à la mort, mais tout cela le modèle et le forge, lui faisant surmonter des moments de crise et de combat spirituel. La foi d’Ivan se renforce à tel point qu’il se consacre à l’étude de la Liturgie et commence un apostolat intense parmi les jeunes eux-mêmes. Il découvre la beauté de la foi catholique et comprend que la vocation de sa vie c’est de vivre et de faire vivre l’amitié avec le Christ. De combien d’actes de charité, de bonté, qui étonnent et émeuvent, est rempli son chemin ! Il meurt le 10 mai 1928, alors qu’il n’a que 32 ans, après quelques mois de maladie, en offrant sa vie pour l’Église et pour les jeunes.

Cette jeune existence, donnée par amour, exhale le parfum du Christ et est pour tous une invitation à ne pas avoir peur de s’en remettre au Seigneur, tel que nous le contemplons, de façon particulière en la Vierge Marie, la Mère de l’Église, qui est ici vénérée et aimée sous le titre de « Majka Božja od Kamenutih vrata » [« Mère de Dieu de la Porte de Pierre »]. Ce soir, je veux lui confier chacun de vous, pour qu’elle vous accompagne de sa protection et surtout pour qu’elle vous aide à rencontrer le Seigneur et à trouver en lui le plein sens de votre existence. Marie n’a pas eu peur de se donner tout entière au projet de Dieu. En elle, nous voyons le but auquel nous sommes appelés : la pleine communion avec le Seigneur. Notre vie entière est une marche vers l’Unité et Trinité d’Amour qu’est Dieu. Nous pouvons vivre en étant certains de n’être jamais abandonnés. Chers jeunes croates, je vous embrasse tous comme des fils et des filles ! Je vous porte dans mon cœur et je vous donne ma Bénédiction. « Soyez toujours dans la joie du Seigneur » ! Que sa joie, la joie du véritable amour, soit votre force. Amen. Que Jésus et Marie soient loués !

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Traduction intégrale de l'homélie de la messe célébrée par le Pape le dimanche 5 juin à l'hippodrome de Zagreb

Chers frères et sœurs,
Au cours de cette Sainte Messe que j’ai la joie de présider, concélébrant avec de nombreux Frères dans l’épiscopat et avec un grand nombre de prêtres, je rends grâce au Seigneur pour toutes les familles bien-aimées réunies ici, et pour tant d’autres qui sont reliées à nous par la radio et la télévision. Je remercie particulièrement le Cardinal Josip Bozanić, Archevêque de Zagreb, pour ses chaleureuses paroles du début de la Messe. A tous, j’adresse mon salut et je vous exprime ma grande affection avec un baiser de paix !
Nous avons célébré, il y a peu, l’Ascension du Seigneur et nous nous préparons à recevoir le grand don du Saint-Esprit. Dans la première lecture, nous avons vu comment la communauté apostolique était réunie en prière dans le Cénacle avec Marie, la Mère de Jésus (cf. Ac 1, 12-14). C’est là un portrait de l’Église qui plonge ses racines dans l’événement pascal : le Cénacle, en effet, est le lieu où Jésus institua l’Eucharistie et le Sacerdoce, au cours de la Dernière Cène, et où, ressuscité des morts, il répandit l’Esprit Saint sur ses Apôtres le soir de Pâques (cf. Jn 20, 19-23). A ses disciples, le Seigneur avait ordonné « de ne pas s’éloigner de Jérusalem, mais d’y attendre ce que le Père avait promis » (cf. Ac 1, 4) ; il avait plutôt demandé qu’ils restent ensemble pour se préparer à recevoir le don de l’Esprit Saint. Et ils se réunirent pour prier avec Marie au Cénacle dans l’attente de l’événement promis (cf. Ac 1, 14). Rester ensemble fut la condition mise par Jésus pour accueillir la venue du Paraclet, et la prière prolongée fut la condition nécessaire de leur concorde. Nous trouvons ici une formidable leçon pour chaque communauté chrétienne. On pense parfois que l’efficacité missionnaire dépend principalement d’une programmation consciencieuse et de son intelligente mise en œuvre par un engagement concret. Certes, le Seigneur demande notre collaboration, mais avant n’importe quelle réponse de notre part, son initiative est nécessaire : c’est son Esprit le vrai protagoniste de l’Église, à invoquer et à accueillir.
Dans l’Évangile, nous avons écouté la première partie de ce qu’on appelle « la prière sacerdotale » de Jésus (cf. Jn 17, 1-11a) – en conclusion des discours d’adieux – pleine de confidence, de douceur et d’amour. Elle est appelée « prière sacerdotale », parce qu’en elle, Jésus se présente dans l’attitude du prêtre qui intercède pour les siens, au moment où il va quitter ce monde. Le passage est dominé par le double thème de l’heure et de la gloire. Il s’agit de l’heure de la mort (cf. Jn 2, 4 ; 7, 30 ; 8, 20), l’heure au cours de laquelle le Christ doit passer de ce monde au Père (13, 1). Mais elle est aussi, en même temps, l’heure de sa glorification qui s’accomplit à travers la croix, appelée par l’évangéliste Jean « exaltation », c’est-à-dire élévation, montée dans la gloire : l’heure de la mort de Jésus, l’heure de l’amour suprême, est l’heure de sa gloire la plus haute. Pour l’Église aussi, pour chaque chrétien, la gloire la plus haute est celle de la Croix, c’est vivre la charité, don total à Dieu et aux autres.
Chers frères est sœurs ! J’ai accueilli très volontiers l’invitation que m’ont adressée les Évêques de la Croatie à visiter ce pays à l’occasion de la première Rencontre Nationale des Familles Catholiques Croates. Je désire exprimer ma vive appréciation pour l’attention et l’engagement envers la famille, non seulement parce que cette réalité humaine fondamentale aujourd’hui, dans votre pays comme ailleurs, doit affronter des difficultés et des menaces et donc a particulièrement besoin d’être évangélisée et soutenue, mais aussi parce que les familles chrétiennes sont une ressource décisive pour l’éducation à la foi, pour l’édification de l’Église comme communion et pour sa présence missionnaire dans les situations les plus diverses de la vie. Je connais la générosité et le dévouement avec lequel, vous, chers Pasteurs, servez le Seigneur et l’Église. Votre travail quotidien pour la formation à la foi des nouvelles générations, comme aussi pour la préparation au mariage et pour l’accompagnement des familles, est la route fondamentale pour régénérer toujours de nouveau l’Église et aussi pour vivifier le tissu social du pays. Poursuivez avec disponibilité votre précieux engagement pastoral !
Il est bien connu de tous que la famille chrétienne est un signe spécial de la présence et de l’amour du Christ et qu’elle est appelée à donner une contribution spécifique et irremplaçable à l’évangélisation. Le bienheureux Jean-Paul II, qui a visité par trois fois ce noble pays, affirmait que « la famille chrétienne est appelé à prendre une part active et responsable à la mission de l’Église d’une façon propre et originale, en se mettant elle-même au service de l’Église et de la société dans son être et dans son agir, en tant que ‘communauté intime de vie et d’amour’ » (Familiaris consortio, 50). La famille chrétienne a toujours été la première voie de transmission de la foi et elle conserve aujourd’hui de grandes possibilités pour l‘évangélisation dans de multiples domaines.
Chers parents, engagez-vous toujours à enseigner à vos enfants à prier, et priez avec eux ; faites-les approcher des Sacrements, particulièrement de l’Eucharistie - cette année vous célébrez les 600 ans du ‘miracle eucharistique de Ludbreg’ - ; et introduisez-les dans la vie de l’Église ; dans l’intimité domestique, n’ayez pas peur de lire la Sainte Écriture, illuminant la vie familiale de la lumière de la foi et louant Dieu comme Père. Soyez presque un petit cénacle, comme celui de Marie et des disciples, dans lequel se vit l’unité, la communion, la prière !
Aujourd’hui, grâce à Dieu, de nombreuses familles chrétiennes acquièrent toujours plus la conscience de leur vocation missionnaire et s’engagent sérieusement dans le témoignage au Christ Seigneur. Le bienheureux Jean-Paul II a dit : « A notre époque, les familles qui collaborent activement à l’évangélisation sont de plus en plus nombreuses… Dans l’Église a mûri l’heure de la famille, qui est également l’heure de la famille missionnaire » (Angelus, 21 octobre 2001). Dans la société d’aujourd’hui, la présence des familles chrétiennes exemplaires est plus que jamais nécessaire et urgente. Malheureusement, nous devons constater, spécialement en Europe, que se répand une sécularisation qui porte à la marginalisation de Dieu dans la vie et à une croissante désagrégation de la famille. On absolutise une liberté sans engagement pour la vérité, et on entretient comme idéal le bien-être individuel à travers la consommation des biens matériels et des expériences éphémères, négligeant la qualité des relations avec les personnes et les valeurs humaines plus profondes ; on réduit l’amour à une émotion sentimentale et à une satisfaction de pulsions instinctives, sans s’engager à construire des liens durables d’appartenance réciproque et sans ouverture à la vie. Nous sommes appelés à contester une telle mentalité ! Auprès de la parole de l’Église, le témoignage et l’engagement des familles sont très importants, votre témoignage concret, surtout pour affirmer l’intangibilité de la vie humaine de la conception à sa fin naturelle, la valeur unique et irremplaçable de la famille fondée sur le mariage et la nécessité de mesures législatives qui soutiennent les familles dans la tâche d’engendrer et d’éduquer les enfants. Chères familles, soyez courageuses ! Ne cédez pas à la mentalité sécularisée qui propose la cohabitation comme préparatoire, ou même substitutive au mariage ! Montrez par votre témoignage de vie qu’il est possible d’aimer, comme le Christ, sans réserve, qu’il ne faut pas avoir peur de s’engager pour une autre personne ! Chères familles, réjouissez-vous de la paternité et de la maternité ! L’ouverture à la vie est signe d’ouverture à l’avenir, de confiance dans l’avenir, de même que le respect de la morale naturelle libère la personne au lieu de l’humilier ! Le bien de la famille est aussi le bien de l’Église. Je voudrais rappeler tout ce que j’ai affirmé dans le passé : «L’édification de chaque famille chrétienne se situe dans le contexte de la famille plus vaste de l’Église, qui la soutient et la conduit avec elle… Et, réciproquement, l’Église est édifiée par les familles, 'petites Églises domestiques' » (Discours d’ouverture du Congrès ecclésial diocésain de Rome, 6 juin Insegnamenti di Benedetto XVI, I, 2005, p. 205). Prions le Seigneur pour que les familles soient toujours plus de petites Églises et que les communautés ecclésiales soient toujours plus une famille !
Chères familles croates, en vivant la communion de foi et de charité, soyez témoins de façon toujours plus transparente de la promesse que le Seigneur monté au ciel fait à chacun de nous : « …je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde » (Mt, 28, 20). Chers chrétiens croates, sentez-vous appelés à évangéliser par toute votre vie ; écoutez avec force la parole du Seigneur : « Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples » (Mt 28, 19). Que la Vierge Marie, Reine des croates, accompagne toujours votre chemin. Amen ! Loués soient Jésus et Marie !
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Traduction intégrale du discours prononcé par le Pape, le 5 juin à Zagreb, lors des Vêpres sur la tombe du cardinal Stepinac
Chers frères dans l’épiscopat et le presbytérat,
Chers frères et sœurs,
Je rends grâce au Seigneur pour cette rencontre, dans la prière, qui me permet de vivre un moment spécial de communion avec vous, Évêques, prêtres, personnes consacrées, séminaristes et novices. Je vous salue tous avec affection et je vous remercie pour le témoignage que vous rendez à l’Église, comme l’ont fait à travers des siècles d’innombrables Pasteurs et Martyrs de cette terre, de saint Domnio jusqu’au bienheureux Cardinal Stepinac, au cher Cardinal Kuharić et à tant d’autres. Je remercie le Cardinal Josip Bozanić pour les aimables paroles qu’il m’a adressées. Ce soir, nous voulons faire mémoire avec dévotion et dans la prière du Bienheureux Alojzije Stepinac, pasteur intrépide, exemple de zèle apostolique et de fermeté chrétienne, dont l’existence héroïque illumine encore aujourd’hui les fidèles des Diocèses croates, soutenant la foi et la vie ecclésiale. Les mérites de cet inoubliable Évêque dérivent essentiellement de sa foi : dans sa vie, il a toujours tenu son regard fixé sur Jésus, se conformant toujours à Lui, au point de devenir une image vivante du Christ, dans sa souffrance aussi. C’est justement à cause de sa solide conscience chrétienne qu’il a su résister à tout totalitarisme, devenant au temps de la dictature nazie et fasciste le défenseur des juifs, des orthodoxes et de tous les persécutés, et puis, dans la période du communisme, « avocat » de ses fidèles, spécialement de tant de prêtres persécutés et tués. Oui, il est devenu « avocat » de Dieu sur cette terre, parce qu’il a défendu avec ténacité la vérité et le droit de l’homme de vivre avec Dieu.
« Par une oblation unique, [le Christ] a rendu parfaits pour toujours ceux qu’il sanctifie » (He 10,14). Cette expression de la Lettre aux Hébreux, qui a été proclamée, nous invite à considérer la figure du Bienheureux Cardinal Stepinac selon la « forme » du Christ et de son Sacrifice. Le martyre chrétien en effet est la plus haute mesure de sainteté, mais il l’est toujours et seulement grâce au Christ, par son don, comme réponse à son oblation que nous recevons dans l’Eucharistie. Le Bienheureux Alojzije Stepinac a répondu par son sacerdoce, par son épiscopat, par le sacrifice de sa vie : un unique « oui » uni à celui du Christ. Son martyre marque le sommet des violences perpétrées contre l’Église durant la terrible période de la persécution communiste. Les catholiques croates, en particulier le clergé, ont été l’objet de vexations et de brimades systématiques, qui visaient à détruire l’Église catholique, à partir de sa plus haute Autorité locale. Ce temps particulièrement dur a été caractérisé par une génération d’Évêques, de prêtres et de religieux prêts à mourir pour ne pas trahir le Christ, l’Église et le Pape. La population a vu que ces prêtres n’ont jamais perdu la foi, l’espérance, la charité, et sont aussi restés toujours unis. Cette unité explique ce qui est humainement inexplicable : qu’un régime aussi dur n’ait pu soumettre l’Église.
Aujourd’hui aussi, l’Église en Croatie est appelée à être unie pour affronter les défis du contexte social qui change, en déterminant avec une audace missionnaire les voies nouvelles de l’évangélisation, spécialement au service des jeunes générations. Chers Frères dans l’Épiscopat, je voudrais vous encourager surtout vous dans l’accomplissement de votre mission. Plus vous œuvrerez en concertation féconde entre vous et en communion avec le Successeur de Pierre, plus vous pourrez affronter les difficultés de notre époque. En outre, il est important que surtout les Évêques et les prêtres œuvrent au service de la réconciliation entre les chrétiens divisés et entre les chrétiens et les musulmans, suivant la trace du Christ qui est notre paix. Ne manquez pas de présenter aux prêtres de claires orientations spirituelles, doctrinales et pastorales. La communauté ecclésiale, en effet, présente en son sein de légitimes diversités, toutefois elle ne peut pas rendre un témoignage fidèle au Seigneur si ce n’est dans la communion de ses membres. Cela requiert de votre part le service de la vigilance, à offrir dans le dialogue et avec grand amour, mais aussi avec clarté et fermeté.
Chers Frères, adhérer au Christ signifie « rester fidèle à sa parole » en toute circonstance (cf. Jn 14,23). A ce propos, le Bienheureux Cardinal Stepinac s’exprimait ainsi : « Un des plus grand maux de notre temps est la médiocrité dans les questions de la foi. Ne nous faisons pas d’illusions… Ou nous sommes catholiques ou nous ne le sommes pas. Si nous le sommes, il faut que cela se manifeste dans tous les domaines de notre vie » (Homélie pour la Solennité des SS. Pierre et Paul, 29 juin 1943). L’enseignement moral de l’Église, aujourd’hui souvent non compris, ne peut être séparé de l’Évangile. Il incombe vraiment aux Pasteurs de le proposer avec autorité aux fidèles, pour les aider à évaluer leurs responsabilités personnelles, l’harmonie entre leurs décisions et les exigences de la foi. De cette façon, on progressera dans le « tournant culturel » nécessaire pour promouvoir une culture de la vie et une société à la mesure de l’homme.
Chers prêtres – et particulièrement vous les curés – je connais l’importance et la multiplicité de vos tâches, à une période où le manque de prêtres commence à se faire fortement sentir. Je vous exhorte à ne pas perdre votre âme, à rester vigilants dans la prière et dans la vie spirituelle pour accomplir avec fruit votre ministère : enseigner, sanctifier et guider tous ceux qui sont confiés à vos soins. Accueillez avec magnanimité celui qui frappe à la porte de votre cœur, offrant à chacun les dons que la bonté divine vous a confiés. Persévérez dans la communion avec votre Évêque et dans la collaboration réciproque. Nourrissez votre engagement aux sources de l’Écriture, des Sacrements, de la louange constante de Dieu, ouverts et dociles à l’action de l’Esprit Saint ; vous serez ainsi des agents efficaces de la nouvelle évangélisation, que vous êtes appelés à réaliser de concert avec les laïcs, de façon coordonnée et sans confusion entre ce qui dépend du ministère ordonné et ce qui appartient au sacerdoce universel des baptisés. Ayez à cœur le soin des vocations au sacerdoce : efforcez-vous, avec votre enthousiasme et votre fidélité, de transmettre un vif désir de répondre généreusement et sans hésitation au Christ, qui appelle à se conformer plus intimement à Lui, Tête et Pasteur.
Chères personnes consacrées, l’Église attend beaucoup de vous, qui avez la mission de témoigner à chaque époque de « la forme de vie que Jésus, premier consacré et premier missionnaire du Père pour son Royaume, a embrassée et proposée aux disciples qui le suivaient » (Exhort. apost. Vita consecrata, 22). Que Dieu soit toujours votre unique richesse : laissez-vous modeler par Lui, pour rendre visible à l’homme d’aujourd’hui, assoiffé de valeurs véritables, la sainteté, la vérité, l’amour du Père céleste. Soutenus par la grâce de l’Esprit, parlez au monde avec l’éloquence d’une vie transfigurée par la nouveauté de Pâques ! Votre existence tout entière deviendra ainsi signe et service de la consécration que chaque baptisé a reçue quand il a été incorporé au Christ.
À vous, les jeunes qui vous préparez au sacerdoce ou à la vie consacrée, je désire répéter que le divin Maître est constamment à l’œuvre dans le monde et dit à chacun de ceux qu’il a choisis : « Suis-moi » (Mt 9,9). C’est un appel qui exige la confirmation quotidienne d’une réponse d’amour. Que votre cœur soit toujours prêt ! Puisse le témoignage héroïque du Bienheureux Alojzije Stepinac inspirer un renouveau des vocations parmi les jeunes croates ! Et vous, chers Frères dans l’Épiscopat et dans le Sacerdoce, ne manquez pas d’offrir aux jeunes des séminaires et des noviciats une formation équilibrée, qui les prépare à un ministère bien inséré dans la société de notre temps, grâce à la profondeur de leur vie spirituelle et au sérieux de leurs études.
Église bien-aimée de Croatie, assume avec humilité et courage la tâche d’être la conscience morale de la société, « sel de la terre » et « lumière du monde » (cf. Mt 5, 13-14) ! Sois toujours fidèle au Christ et au message de l’Évangile, dans une société qui cherche à relativiser et à séculariser tous les domaines de la vie. Sois la demeure de la joie dans la foi et dans l’espérance ! Très chers amis, que le Bienheureux Alojzije Stepinac et tous les Saints de votre terre intercèdent pour votre peuple et que la Mère du Sauveur vous protège ! A vous tous et à toute l’Église qui est en Croatie, j’accorde avec une grande affection ma Bénédiction apostolique. Amen. Loués soient Jésus et Marie !

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En raison d’un violent orage, Benoît XVI n’a pas pu participer à la cérémonie de départ, prévue sur le tarmac de l’aéroport de Zagreb, dans la soirée du 5 juin. Le Pape a remis son discours au chef de l’Etat croate.
Traduction intégrale du discours que le Pape n'a pas pu prononcer
Monsieur le Président de la République,
illustres Autorités,
chers Frères dans l’Épiscopat,
frères et sœurs dans le Seigneur !

Ma visite sur votre terre arrive à son terme. Bien que brève, elle a été riche de rencontres qui ont fait que je me suis senti comme l’un des vôtres, faisant partie de votre histoire, et elles m’ont donné l’occasion de confirmer l’Église qui chemine en Croatie dans la foi en Jésus-Christ, l’unique Sauveur. Cette foi qui vous est parvenue par le témoignage courageux et fidèle de beaucoup de vos frères et sœurs, dont certains n’ont pas hésité à mourir pour le Christ et son Évangile, je l’ai retrouvée ici, vivante et authentique. Rendons louange à Dieu pour l’abondance des dons de sa grâce qu’il dispose largement sur le chemin quotidien de ses enfants ! Je désire remercier tous ceux qui ont collaboré à l’organisation de ma visite et à son déroulement ordonné.
Je garde vivantes dans mon esprit et dans mon cœur les impressions de ces journées. Unanime et sincère a été, ce matin, la participation à la sainte Messe à l’occasion de la Journée Nationale des Familles. La rencontre d’hier au Théâtre National m’a permis de partager une réflexion avec les représentants de la société civile et des communautés religieuses. Ensuite, les jeunes, durant la veillée de prière intense, m’ont montré le visage lumineux de la Croatie, tourné vers l’avenir, illuminé par une foi vive, comme la flamme d’une lampe précieuse, reçue des pères et qui demande à être gardée et alimentée au long du chemin. La prière auprès de la tombe du Bienheureux Cardinal Stepinac nous a permis de nous souvenir, d’une manière spéciale, de tous ceux qui ont souffert - et souffrent encore aujourd’hui - à cause de la foi en l’Évangile. Continuons à invoquer l’intercession de cet intrépide témoin du Seigneur ressuscité, afin que, tout sacrifice et toute épreuve, offerts à Dieu par amour pour lui et pour nos frères, puissent être comme le grain de blé qui, tombé dans la terre, meurt pour porter du fruit.
Ce fut pour moi un motif de joie de constater combien est encore vivante aujourd’hui l’antique tradition chrétienne de votre peuple. Je l’ai touchée du doigt surtout dans l’accueil chaleureux que les gens m’ont réservé, comme ils l’avaient fait lors des trois visites du Bienheureux Jean-Paul II, reconnaissant la visite du Successeur de Pierre qui vient confirmer ses frères dans la foi. Cette vitalité ecclésiale, qui est à maintenir et à renforcer, ne manquera pas de produire ses effets positifs sur la société entière, grâce à la collaboration, que je souhaite toujours sereine et fructueuse, entre l’Église et les institutions publiques. À cette époque, où semblent manquer des points de référence stables et fiables, puissent les chrétiens, unis « ensemble dans le Christ », pierre angulaire, continuer à constituer comme l’âme de la Nation, en l’aidant à se développer et à progresser.
Sur le point de repartir à Rome, je vous confie tous aux mains de Dieu. Donateur de tout bien et Providence infinie, qu’il bénisse toujours cette terre et le peuple croate et accorde paix et prospérité à chaque famille. Puisse la Vierge Marie veiller sur la marche de votre patrie dans l’histoire et sur celle de l’Europe tout entière, et que vous accompagne aussi ma Bénédiction Apostolique, que je vous accorde avec grande affection.















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