2011-05-03 13:55:43

Ben Laden éliminé : les chrétiens doivent-ils avoir peur ?


La communauté internationale redoute des représailles après l’annonce de la mort d’Oussama Ben Laden, tué au Pakistan par un commando des forces spéciales américaines. Plusieurs pays ont considérablement renforcé leurs mesures de sécurité. Les chrétiens pakistanais, en particulier, ont peur d’être la cible d’attaques. Le directeur de la CIA s’est dit presque certain que les cellules d'Al-Qaïda allaient chercher à le venger. Tout en saluant la mort de Ben Laden, les pays occidentaux estiment que la lutte antiterroriste devra se poursuivre. Les minorités chrétiennes, qui vivent dans les pays à majorité musulmane, doivent-elles avoir peur ? Mathilde Auvillain a posé la question à Mgr Michael Fitzgerald, ancien président du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux et actuellement nonce apostolique au Caire Écoutez RealAudioMP3

La mort de Ben Laden est perçue comme une « victoire » américaine dans la guerre contre le terrorisme. Depuis qu’il avait échappé il y a dix ans à l'intervention des troupes américaines en Afghanistan, Ben Laden avait été localisé pour la dernière fois par des témoins en novembre 2001 à Kandahar dans le sud afghan, mais c’est finalement au Pakistan que les hommes de la CIA l’ont retrouvé. Quelles conséquences pourra avoir la disparition de Ben Laden sur la progression du terrorisme dans le monde? Et sur la politique étrangère et de défense américaine ? L’analyse d’Yves Boyer, directeur adjoint de la fondation pour la recherche stratégique, interrogé par Charles-François Brejon RealAudioMP3

L’annonce de la mort d’Oussama Ben Laden, tué par des forces spéciales américaines, à une soixantaine de kilomètres d’Islamabad, suscite des sentiments mitigés parmi les chrétiens pakistanais. La petite minorité chrétienne pourrait être prise pour cible. Les instituts missionnaires catholiques au Pakistan ont été mis en alerte, face aux risques de représailles. Les écoles chrétiennes ont été fermées. La présence des forces de l’ordre autour des églises et dans les quartiers chrétiens a été renforcée, notamment dans les grandes villes, Islamabad, Lahore et Karachi. Selon le directeur des Œuvres pontificales missionnaires, tout peut servir de prétexte pour attaquer les chrétiens, souvent associés par la propagande islamiste aux Etats-Unis et à l’occident. Paul Bhatti, frère du ministre catholique des minorités tué il y a un mois, s’est dit préoccupé des conséquences pour la minorité chrétienne.
Le président de la commission épiscopale pakistanaise pour le dialogue interreligieux, a indiqué avoir rencontré les autorités civiles et militaires du pays pour discuter avec eux des mesures à prendre pour assurer la sécurité des chrétiens. Dans une interview à l’agence Fides, de la Congrégation vaticane pour l’Évangélisation des peuples, il a affirmé qu’il leur avait proposé l’exemple de Jean-Paul II, homme de dialogue et de paix. Dimanche une célébration interreligieuse a été organisée au Pakistan en l’honneur du nouveau bienheureux. Dans un communiqué, l’archevêque émérite de Lahore, Mgr Lawrence Saldanha, se dit confiant : il estime que la mort du leader d’Al-Qaïda pourra contribuer à démystifier le radicalisme militant et réduire la tension et l’intolérance au Pakistan. D’autres pensent au contraire que les islamistes radicaux sont trop bien implantés dans le pays pour que la mort de Ben Laden l’affaiblisse. Des milliers d’écoles coraniques sont contrôlées par les talibans.

Marc Fromager est directeur d'AED, Aide à l'Eglise en Détresse. Il est interrogé par Mathilde Auvillain RealAudioMP3

Le Saint-Siège n'a pas tardé à réagir, par le biais d'un communiqué du père Federico Lombardi, directeur de la salle de presse du Saint-Siège.
«Oussama ben Laden, comme chacun sait, porte la grave responsabilité d’avoir répandu la division et la haine entre les peuples, provoquant ainsi la mort d’innombrables innocents, et d’instrumentaliser les religions à cette fin.
Face à la mort d’un homme, un chrétien ne se réjouit jamais, mais il doit réfléchir aux graves responsabilités de chacun devant Dieu et les hommes, et il espère et s’engage afin que chaque événement soit, non pas l’occasion d’une ultérieure escalade de la haine, mais celle de la paix.»

Cette conviction est partagée et promue par Pax Christi Italia. Marie-Agnès Georges a interrogé le père Renato Sacco, conseiller dans ce mouvement catholique. RealAudioMP3







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