MISSION EVANGELISATRICE DE JEAN PAUL II EN AFRIQUE
Dès le début de son pontificat, le Pape Jean Paul a eu une attention spéciale pour
chaque être humain, et une prédilection particulière pour les opprimés. Un amour inconditionnel
pour l’Afrique, continent sur lequel il a effectué 16 voyages en visitant une quarantaine
de pays.
Conscient du fait que, le développement du continent ait été compromis
par des siècles d’esclavage et de colonisation, Karol Wojtyla s’est engagé à promouvoir
une annonce de l’Evangile qui puisse faciliter la rencontre entre l’Evangile et la
réalité des Eglises locales, donc l’union entre les valeurs chrétiennes universelles
et des éléments de la culture africaine.
Son message envers les Eglises locales
du continent, en résumé, mettre en corrélation le caractère universel de l’Evangile
et les spécificités des cultures africaines dans lesquelles il était appelé à s’enraciner.
Cette
volonté d’inculturation du message de l’Evangile se révéla déjà dès son premier voyage
sur le continent : les discours prononcés dès son arrivée à Kinshasa où il devait
célébrer le centenaire de la deuxième évangélisation du pays furent une annonce du
programme de son pontificat pour le continent.. L’objectif de Jean Paul II au
cours de ce voyage était, notamment, d’aborder avec les évêques africains, les problèmes
inhérents à la poursuite de l’évangélisation sur le continent, l’approfondissement
de l’esprit chrétien, l’africanisation de l’Eglise… , les problèmes familiaux, la
promotion humaine, etc. « Votre église devra approfondir sa dimension locale, africaine,
sans jamais oublier sa dimension universelle », disait-il lors de son arrivée à l’aéroport
de Kinshasa le 02 mai 1980.. Que l’Evangile puisse aider les fidèles à vivre pleinement
leur propre dimension culturelle, accompagnée par des expressions originales de la
vie, de la célébration liturgique et de la pensée, puisées dans leurs traditions ancestrales. Avec
la première visite du Pape Jean Paul II en Afrique, les revendications des Eglises
du continent d’être à la fois chrétiennes et pleinement africaines, trouvèrent
un cadre d’expression et une réponse à leur recherche d’un enracinement dans la culture
africaine. La promotion de « l’inculturation de l’Évangile et l’africanisation de
l’Église ». « L’Évangile, certes, ne s’identifie pas avec les cultures, et les
transcende toutes. Mais le Règne que l’Évangile annonce est vécu par des hommes profondément
liés à une culture…. et l’évangélisation doit les aider à faire surgir de leur
tradition vivante des expressions originales Jean Paul réaffirme, également, sa conception
de l’homme, qui donne une place primordiale à l’autodétermination de l’être humain,
entendu, pas en terme de repli sur soi mais dans une dynamique de tendre vers l’autre,
vers l’universalité de la famille humaine et celle de l’Eglise… Pour ce qui
concerne l’autodétermination des peuples africains, JP II, ayant lui-même vécu les
efforts accomplis par le peuple polonais pour sa souveraineté, se démontra solidaire
de cette démarche, au nom de la justice et de la dignité nationale tout en évoquant
une participation réelle des citoyens à la conduite de leur propre destin.
La
première visite du Pape en Afrique est aussi une inspiration pour lui de s’engager
concrètement dans la lutte contre la pauvreté, le 10 mai 1980 à Ouagadougou, il est
confronté à une triste réalité, l’avancée du désert, une catastrophe naturelle permanente
pour les habitants du Sahel. Il lance donc un appel à l’aide à Ouagadougou et demande
aux pays nantis de réagir face à ce désastre. Quatre ans après, la fondation JP II
vit le jour en associant les sahéliens à ce projet pour lutter contre la sécheresse
et la désertification.
En 1992, durant sa visite sur l’Ile de Gorée, au Sénégal,
JP II illustra, encore une fois sa solidarité avec le peuple africain dénonçant la
souffrance noire et, demandant pardon pour "les aberrations horribles de ceux qui
avaient réduit en esclavage leurs frères et sœurs que l'Évangile avait destinés à
la liberté".
Il était convaincu que seulement le Christ et son Evangile libérateur
pouvaient guérir les blessures de l'histoire, restaurer au peuple africain un sens
de dignité et d'identité, de même qu'un orgueil légitime pour sa culture.
JP
II encouragea l’Afrique à assumer un rôle actif et de premier plan au sein de la
famille humaine. Avec cette intention en tête, il convoqua, pour la première
fois dans l'histoire, les représentants de l'Église catholique du continent pour un
synode sur l'Afrique. Cette Assemblée spéciale pour l'Afrique du synode des évêques
a été marquée par deux événements qui mirent en lumière les faiblesses et les forces
du continent africain et de ses Églises ainsi que t la nécessité de repenser l’approche
de l’évangélisation en Afrique.
L'ouverture du synode, en avril 1994, coïncidait
avec le début du génocide au Rwanda.
Les évêques africains trouvèrent auprès
de Jean-Paul II, le soutien absolu pour une réélaborer l’annonce de l’Evangile en
Afrique en se basant sur le dialogue : le dialogue avec les cultures et les religions,
surtout la religion traditionnelle dont sont issus la majorité de ceux qui se sont
convertis à l’Evangile, le dialogue avec toutes les forces de la société et, le dialogue
au sein même de l'Église dont la vie devait se modeler selon les valeurs de la famille
africaine.
Dans l’exhortation post synodale, Ecclesia in Africa, JP II retourna
encore une fois sur le contenu qu’il avait donné dès le début de son Pontificat à
la mission évangélisatrice de l’Eglise en Afrique : l’acceptation de la culture
africaine comme pouvant véhiculer l’Evangile. La valorisation de la culture africaine
dans son ensemble comme moyen pour la divulgation de la Parole de Dieu. Un changement
de prospective qui révèle encore une fois, le principe et la base de la mission de
Jean Paul II pour l’Afrique.
(Edité par Marie José Muando Buabualo, du programme
français pour l'Afrique de Radio Vatican)