Odyssée de l'Aurore : ingérence ou devoir de protection ?
Le Saint-Siège a adopté une attitude prudente depuis le début de la crise libyenne,
face à la complexité de la situation mais aussi pour ne pas exposer la petite communauté
catholique locale aux risques de représailles. Éclairage Romilda Ferrauto
Dimanche,
Benoît XVI a fait part de sa vive appréhension ; il a indiqué qu’il priait pour tous
ceux qui sont touchés par la situation dramatique de la Libye et il a adressé un appel
pressant à tous ceux qui ont des responsabilités politiques et militaires afin qu’ils
aient à cœur avant tout l’intégrité et la sécurité de la population et qu’ils garantissent
l’accès aux secours humanitaires. Le Pape s’est dit proche des libyens, il demande
à Dieu qu’un horizon de paix et de concorde se lève au plus vite sur la Libye et toute
l’Afrique du Nord. Mais il ne s’est pas prononcé de manière explicite sur la légitimité
de l’opération militaire déclenchée le 18 mars Mais la doctrine de l’Église catholique
défend le devoir d’ingérence, sous certaines conditions. Lors de son discours aux
Nations Unies, le 18 avril 2008, Benoît XVI avait clairement exposé le principe de
protection. Écoutez un extrait de son discours à ce propos
Au sein même
de la Curie romaine, des voix s'élèvent pour saluer l'intervention internationale.
C'est le cas du cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion
de l'unité des chrétiens
Dans les rangs
de la communauté catholique, beaucoup regrettent en revanche que l’on n’ait pas donné
une chance à la voie diplomatique. Ainsi Monseigneur Arnaud Gorgemans, président de
la Commission Justice et paix de la Conférence des évêques de Belgique aurait souhaité
plus de dialogue avant de faire parler les armes. Quant à se positionner pour ou contre
une intervention militaire, le choix est pour lui difficile. Il a accepté de répondre
aux questions de Marie Agnès Georges
A chaque conflit
correspond une guerre de l’information. Le cas de la Libye n’échappe à la règle. Le
colonel Kadhafi sait depuis des années utiliser la presse à son avantage aussi bien
envers son peuple, qui n’a que très peu accès à internet et qui n’a quasiment d’autre
choix que de regarder et d’écouter la télévision et la radio d’Etat, qu’envers l’étranger
vers qui une stratégie médiatique a été mise en place. Delphine Perrin, chercheur
à l’Institut Universitaire Européen de Florence (UIE) et à l’Institut de recherches
et d’études sur le monde arabe et musulman (IREMAM), revient sur cette guerre médiatique
menée par le colonel Kadhafi Propos recueillis
par Charles-François Brejon