Crucifix à l'école publique: la CEDH donne raison à l'Italie en appel
La Grande Chambre de la Cour européenne des droits de l'Homme, qui compte 17 juges,
a rendu son arrêt définitif sur la présence de crucifix dans les écoles publiques
en Italie, en donnant raison à l'Italie. La présence d'un crucifix dans les classes
des écoles publiques italiennes ne viole pas le droit à l'instruction, a estimé vendredi
la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH), infirmant une décision de première
instance condamnant l'Italie. Arménie, Autriche, Croatie, Hongrie, Chypre, Grèce,
Malte, Russie… Huit pays européens de tradition catholique ou orthodoxe avaient soutenu
le gouvernement italien dans cette affaire. Dans un premier jugement, en 2009, la
Cour européenne avait condamné l'Italie, jugeant que la présence de crucifix dans
les salles de classe était contraire au droit des parents d'éduquer leurs enfants
selon leurs convictions et au droit des enfants à la liberté de religion. Mais Rome
avait obtenu le renvoi de l’affaire en appel devant la Grande Chambre. En décembre
dernier, Benoît XVI avait félicité le gouvernement italien affirmant que le crucifix
était l'emblème par excellence de la foi chrétienne mais, en même temps, il parle
à tous les hommes de bonne volonté et, comme tel, n'est pas un facteur de discrimination.
Pour sa part, le président du Conseil pontifical pour la culture avait souligné, ce
vendredi matin, que le crucifix était un des plus grands symboles de la civilisation
occidentale, au-delà de sa valeur religieuse. Interrogé par les journalistes, le cardinal
Gianfranco Ravasi avait reconnu l’influence de la culture hellénique, des Lumières,
du socialisme sur le monde occidental, mais selon lui la présence chrétienne a été
décisive, la plus forte. « Si on abolit les symboles, on risque de perdre son identité
et de devenir incolore et insignifiant » - avait-il averti. « C’est le plus grave
danger qui nous guette dans le dialogue avec les musulmans ». En Autriche cette
semaine, la Cour constitutionnelle avait jugé que la présence d'une croix au mur d'une
classe quand la majorité des élèves sont chrétiens n'était pas contraire à la Constitution.
Elle avait aussi affirmé que la décision attendue ce vendredi, à Strasbourg, ne la
ferait pas changer de position. "Faut-il voiler les croix?" La question a été
posée lors d’une conférence-débat organisée par la Société vaudoise de théologie,
le 17 mars 2011 à Epalinges, entre juristes, théologiens et libres penseurs. Trois
exposés ont mis en perspective les enjeux des symboles religieux entre vie privée
et vie publique, entre droits humains et liberté de croyance, ou encore sur le terrain
juridique des relations Eglise-Etat.