Shabbaz Bhatti, "une vie offerte en sacrifice" selon le cardinal Tauran
Les funérailles du ministre pakistanais des minorités religieuses ont eu lieu ce vendredi
dans l’église Fatima d’Islamabad. Pour l’occasion des mesures de sécurités drastiques
ont été prises par les autorités. Le quartier a été entièrement bouclé par l’armée
et la police. Shabbaz Bhatti a été assassiné ce mercredi à Islamabad par des inconnus
qui ont criblé de balles sa voiture, en plein jour, dans un quartier chic de la capitale.
Les assaillants ont réussi à prendre la fuite. Le cercueil du défunt sera inhumé dans
son village familial de Khushpur près de Faisalabad. Dans un télégramme du Pape signé
du cardinal secrétaire d’état Tarcisio Bertone envoyé au président de la conférence
épiscopale pakistanaise, Mgr. Lawrence John Saldanha, Benoît XVI a exprimé sa « profonde
tristesse » après la mort de Shabbaz Bhatti. Le Pape « prie pour le repose serein
de sa noble âme et présente ses condoléances à la famille du défunt et à tous ceux
qui pleurent la mort de ce serviteur fidèle et courageux du peuple pakistanais ».
Pour
le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil Pontifical pour le dialogue intereligieux,
le témoignage de Shabbaz Bhatti est exemplaire.
Ce meurtre
survient en pleine controverse sur des velléités d'amendement d'une loi prévoyant
la peine de mort en cas de blasphème et l'assassinat début janvier d'un gouverneur
qui avait pris la défense d'une chrétienne condamnée à la peine capitale pour avoir
"insulté" le prophète Mahomet. Le ministre Bhatti se disait régulièrement menacé.
Le compte rendu de Charles-François Brejon
Réaction
du père Lombardi, porte-parole de Benoît XVI au sujet de l'assassinat de Shabbaz Bhatti "L'assassinat
du ministre pakistanais pour les minorités, Shabbaz Bhatti, est un nouveau fait de
violence d'une terrible gravité. Il démontre combien sont justes les interventions
insistantes du Pape au sujet de la violence contre les chrétiens et contre la liberté
religieuse en général. Bhatti était le premier catholique à avoir endossé de telles
responsabilités. Rappelons qu'il avait été reçu par le Saint-Père en septembre dernier
et qu'il avait témoigné de son engagement pour une cohabitation pacifique entre les
communautés religieuses de son pays. A la prière pour la victime, à la condamnation
pour l'inqualifiable acte de violence, à la proximité envers les chrétiens pakistanais
touchés de telle façon par la haine, s'ajoute un appel pour que chacun se rende compte
de l'urgence dramatique de la défense de la liberté religieuse et des chrétiens objets
de violences et de persécution."
Les évêques pakistanais ont vivement condamné
l’assassinat de Shabbaz Bhatti. « Il s’agit d’un exemple parfait et tragique de l’insoutenable
climat d’intolérance que nous connaissons au Pakistan», a déclaré Mgr Lawrence Saldanha,
archevêque de Lahore et président de la Conférence épiscopale du Pakistan. Les évêques
demandent ainsi au gouvernement, aux institutions et au pays tout entier, « de reconnaître
et d’affronter avec fermeté cette question afin qu’il soit mis fin à cet état de fait,
dans lequel la violence triomphe ». Nos confrères de la rédaction anglophone ont recueilli
la réaction de monseigneur Rufin Anthony évêque d’Islamabad rawalpindi
Ainsi Shabbhaz
Bhatti n’aura pas pu réformer le Pakistan comme il le souhaitait. En tout cas, le
commando qui l’a assassiné ne lui en aura pas laisser le temps. Fervent défenseur
de la cause d’Asia Bibi, ce membre du parti au pouvoir était partisan de la révision
de la loi anti-blasphème. Cette loi en vigueur depuis 1986 est devenue aujourd’hui
le nerf de la guerre entre les ultras conservateurs et ceux qui souhaitent son abolition.
Gilles Boquérat est chercheur associé à l’Institut français des relations internationales,
il revient sur l’assassinat de Shabbaz Bhatti