Le Pape a accepté la démission du Cardinal Sfeir, patriarche des maronites
Benoît XVI a transmis ce samedi une lettre au Cardinal Nasrallah Pierre Sfeir, patriarche
d'Antioche des maronites, pour le remercier de son service. Agé de bientôt 91
ans et à la tête de l’Église maronite depuis avril 1986, le cardinal Sfeir a présenté
sa démission au Pape, qui l'a accepté.
Voici la lettre du Pape :
A
SA BEATITUDE ÉMINENTISSIME LE CARDINAL NASRALLAH PIERRE SFEIR PATRIARCHE D’ANTIOCHE
DES MARONITES
L’année consacrée au mille-six-centième anniversaire de la
mort de Saint Maron arrive à sa conclusion: un temps de grâce a été accordé à l’Église
Maronite pendant ce jubilé exceptionnel. C’est aussi le couronnement de votre service
pour la plus grande gloire de Dieu et le bien de tous ses fidèles. Dieu dans son
amour insondable vous a façonné et marqué de sa trace indélébile pour une élection
particulière à son service. Ce choix secret a trouvé sa correspondance dans votre
réponse libre et enthousiaste à l’exemple de la Mère de Dieu: “Qu’il m’advienne selon
ta parole!” (Lc 1, 38). Vous avez pu fêter l’an dernier soixante ans de sacerdoce:
preuve de fidélité et d’amour pour Jésus-Christ, le Souverain Prêtre. En juillet prochain,
vous aurez de nouveau l’occasion d’élever une action de grâce à la Trinité Sainte
pour l’accomplissement de cinquante ans d’épiscopat. Pendant presque vingt-cinq
ans, vous avez collaboré avec vos deux prédécesseurs sur le Siège d’Antioche, avant
d’être choisi par le Synode pour leur succéder le 19 avril 1986: un moment décisif
qui vous place aujourd’hui au seuil de votre jubilé d’argent dans cette charge. Vous
avez commencé ce noble ministère de Patriarche d’Antioche des Maronites dans la tourmente
de la guerre qui a ensanglanté le Liban pendant de trop longues années. C’est avec
l’ardent désir de la paix pour votre pays que vous avez conduit cette Eglise et sillonné
le monde pour consoler votre peuple contraint à l’émigration. La paix enfin est revenue,
toujours fragile, mais toujours actuelle.
Le Pape Jean-Paul II, que j’aurai
la joie de proclamer Bienheureux le 1er mai prochain, vous a appelé à devenir membre
du Collège des Cardinaux, le 26 novembre 1994, pour vous insérer dans une communion
plus profonde avec l’Eglise Universelle. La venue de mon vénérable Prédécesseur à
Beyrouth, en 1997, pour signer l’Exhortation Apostolique post-synodale: Une espérance
nouvelle pour le Liban, a marqué de nouveau le lien constant de Votre Église avec
le Successeur de Pierre. Lorsque j’ai convoqué le Synode extraordinaire pour le
Moyen-Orient en septembre 2009, je vous ai nommé Président délégué ad honorem pour
souligner la valeur du service ecclésial que vous avez accompli au nom du Christ. Ces
derniers jours j’ai béni la statue de Saint Maron placée auprès de la Basilique Saint
Pierre à la fin de l’année jubilaire et j’ai pu vous saluer ainsi que le Président
de la République Libanaise et de nombreux Evêques et fidèles. Vous avez choisi
de renoncer à la charge de Patriarche d’Antioche des Maronites en cette circonstance
très particulière. Maintenant, j’accueille votre décision libre et magnanime qui est
l’expression d’une grande humilité et d’un profond détachement. Je suis sûr que vous
accompagnerez toujours le chemin de l’Église Maronite par la prière, le sage conseil
et les sacrifices. Je demande à Dieu Tout-Puissant, par l’intercession de Saint
Maron et de Notre-Dame du Liban, de vous combler de ses bienfaits. De grand cœur,
je vous adresse la Bénédiction Apostolique ainsi qu’aux évêques, aux prêtres, aux
personnes consacrées et à tous les fidèles de l’Église Maronite, et à la bien-aimée
Nation Libanaise!